L’article suivant de Khaled Barakat, écrivain palestinien et coordinateur de la Campagne pour la libération d’Ahmad Sa’adat, a été publié initialement le 24 janvier 2019 en arabe par Quds News Network.

 

Le ministre sioniste de droite, Gilad Erdan (Likoud), mène aujourd’hui une campagne acharnée et organisée contre le mouvement des prisonniers dans les prisons israéliennes. Cette campagne a pour objectif de déformer l’image des prisonniers et de confisquer leur voix et leurs exploits obtenus par la faim, le sang et la souffrance. Dans le même temps, il dirige personnellement les efforts sionistes officiels contre le mouvement international pour le boycott d’Israël. Le mouvement BDS (boycott, désinvestissement et sanctions) appelle au boycott de l’occupation, au retrait des investissements de ses entreprises et de ses institutions et à l’imposition de sanctions, notamment d’un embargo militaire.

Erdan dirige le ministère de la Sécurité publique, responsable de l’administration pénitentiaire. Il dirige également le ministère des Affaires stratégiques, fondé en 2006 par son collègue raciste de droite, Avigdor Lieberman. Lorsqu’il a été nommé en 2015, il a transformé son ordre du jour en une nouvelle tâche primordiale : faire face au mouvement international croissant de boycott. Ce n’est pas un hasard s’il existe une relation forte entre la lutte des prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes et le mouvement de solidarité internationale avec le peuple palestinien du monde entier. Gilad Erdan a pour tâche de criminaliser les deux parties au niveau international: les prisonniers palestiniens et tous ceux qui appellent au boycott du sionisme ou à la victoire des droits des Palestiniens.

Cette stratégie de Gilad Erdan repose sur un cadre simple et central: « passer de la défense à l’attaque ». Ce concept inclut la reconnaissance sioniste d’un problème grave, considérant l’entité coloniale comme étant confrontée à une crise existentielle, ce que les sionistes appellent « la délégitimisation d’Israël ». Dans ce contexte, il est « logique » pour le mouvement sioniste de tenter de criminaliser et de réprimer le mouvement de boycott aux États-Unis, au Canada, en Europe et ailleurs en raison de ses réalisations et de sa force croissante pour soutenir la lutte palestinienne. De même, comment la politique « d’aller vers l’attaque » est justifiée dans le cas du mouvement des prisonniers palestiniens détenus dans les prisons et les centres de détention, être justifié et promu sans porter atteinte à leurs droits, en tentant de confisquer leurs réussites et fausser leur image ?

 

La tentative sioniste de délégitimer la résistance

 

Dans la plupart de ses nombreux discours et déclarations, Gilad Erdan affirme à plusieurs reprises que les prisonniers ne sont ni des prisonniers de guerre, ni des prisonniers politiques, ni des combattants de la liberté. Au lieu de cela, il les qualifie de « tueurs » et de « terroristes », affirmant que ceux qui soutiennent les « assassins » sont impliqués dans leurs « crimes ». Il est bien conscient de l’existence de diverses lois dites « anti-terroristes » aux États-Unis, en Europe et leurs alliés criminalisent la résistance palestinienne !

Tel est le message international quotidien de l’État israélien et du mouvement sioniste : criminaliser les prisonniers palestiniens, le mouvement des prisonniers et la résistance palestinienne en général, tout en pratiquant la terreur contre les mouvements populaires et les forces grandissantes qui entrent dans le cadre du mouvement mondial pour le boycott.

Les organisations sionistes tentent de criminaliser la résistance palestinienne et ses partisans, à la fois la résistance populaire et la résistance armée. Le dernier exemple en date est l’échec de la tentative de voter une résolution qualifiant le Hamas d’organisation terroriste à l’Assemblée générale des Nations unies, ainsi que les tentatives persistantes de l’ennemi de fabriquer des allégations de « liens organisationnels » entre le mouvement de boycott international et les forces de résistance palestiniennes. Par exemple, des organisations palestiniennes et des organisations de solidarité actives aux États-Unis, telles que Students for Justice en Palestine, le réseau de prisonniers palestiniens Samidoun et American Muslims for Palestine, sont accusées à plusieurs reprises d’être « des défenseurs du terrorisme palestinien » ou d’être liées au Hamas, au Front populaire de libération de la Palestine et autres.

Nombre de ces campagnes de désinformation et de déformation menées par des institutions et des centres anti-palestiniens aux États-Unis et en Europe tentent de lier le mouvement de boycott international aux forces de résistance palestinienne en ciblant les dirigeants du mouvement des prisonniers, en les qualifiant plutôt de « Dirigeants terroristes palestiniens ». Ces attaques ont également pour objectif de faire pression sur le mouvement de solidarité internationale et, au centre, le mouvement de boycott, pour faire taire ou abandonner son soutien moral et sa position politique en faveur de la légitimité de la résistance palestinienne contre l’occupation vers le retour et la libération.

C’est donc une guerre de légitimité, et il est vrai qu’il existe un conflit essentiel entre le projet sioniste raciste, colonialiste et le mouvement de libération du peuple palestinien sous occupation et en exil. La recherche de « solutions » et de « règlement » n’est ni utile ni réaliste; les deux parties cherchent la victoire. Le conflit arabo-sioniste n’a jamais été une lutte pour le déplacement des frontières et des petites zones.

La législation répressive criminalisant le FPLP, le Hamas, le Jihad islamique, le Hezbollah et d’autres organisations relève d’un cadre bien connu interdisant le « soutien matériel » à des groupes figurant sur « des listes de terroristes étrangers ». Erdan et ses collègues tentent d’utiliser la menace de ces lois pour intimider et réprimer le mouvement de boycott et ses alliés à Washington, Londres, Paris et dans d’autres capitales occidentales. Ces lois ont souvent pour origine les ministères des finances, dans le but déclaré de « mettre fin au soutien au terrorisme ». Mais Israël et le mouvement sioniste veulent plus que cette criminalisation du « soutien matériel » à la résistance. Ils veulent criminaliser le plaidoyer politique et les mouvements grandissants dans une tentative désespérée de criminaliser l’ensemble du mouvement de libération nationale palestinien et le priver de sa légitimité et de son soutien.

Si ces efforts peuvent échouer sur le « front des prisons » en raison de la cohésion du mouvement des prisonniers, de leur force interne et de leur longue expérience de la lutte historique, cela appelle à mobiliser le peuple palestinien à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine et à faire progresser le soutien populaire arabe et international. Soutien et solidarité afin que le mouvement des prisonniers retrouve sa position de leader en tant que noyau solide de la résistance palestinienne. Comme toujours, les prisonniers se tiennent sur la ligne de front pour défendre le peuple et ses droits. L’État d’occupation et ses institutions échouent également dans leurs efforts contre le mouvement de boycott, du fait de la vigilance du peuple palestinien et du mouvement de solidarité, qui soulève deux principes fondamentaux : la résistance et le boycott.

 

Pour conclure :

 

Défendre les acquis et les droits des prisonniers de l’occupation, mettre au jour les crimes des forces sionistes contre eux et œuvrer à l’internationalisation de leur cause aux niveaux populaire et officiel en tant que représentants légitimes de la résistance palestinienne est une tâche d’une nature particulière et critique. C’est une question existentielle pour l’ensemble du peuple palestinien, pas seulement pour les prisonniers eux-mêmes.

Le mouvement des prisonniers palestiniens, qui fait aujourd’hui l’objet d’une campagne d’attaque officielle furieuse dirigée par Gilad Erdan, est en mesure d’affronter les forces répressives spéciales telles que Masada, Dror, Yaman et d’autres avec une volonté solide et unifiée. Il nous fournit des exemples quotidiens et vivants d’unité dans la lutte dans les cachots de l’occupant. Nous devons également tirer des enseignements de cet exemple et en tirer des enseignements pour unir nos efforts afin de faire face à l’agression sioniste et à toutes les tentatives visant à délégitimer la lutte du peuple palestinien et à saper sa résistance courageuse et légitime.

Il est également nécessaire que les luttes du mouvement des prisonniers occupent une place naturelle et avancée dans l’agenda du mouvement de solidarité internationale avec le peuple palestinien. Ceux qui ne sont pas solidaires des prisonniers ne peuvent pas soutenir la résistance et ne défendront pas le peuple palestinien et ses droits nationaux légitimes.

Source : Samidoun – Traduction : Collectif Palestine Vaincra