Trois autres prisonniers palestiniens ont entamé une grève de la faim le 1er juillet 2019, rejoignant ainsi huit autres refusant déjà de manger en signe de protestation. Mohammed Nidal Abu Aker et Mohammed Attia Hassanat, tous deux du camp de réfugiés de Dheisheh près de Bethléem, et Huzaifa Halabiya d’Abou Dis de Jérusalem ont tous entamé une grève de la faim ouverte contre leur détention administrative, emprisonnement sans accusation ni jugement. Tous les trois sont détenus dans la prison du désert du Néguev, sans inculpation ni procès, sur la base de preuves secrètes.

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Ils rejoignent plusieurs autres prisonniers palestiniens qui ont entamé une grève de la faim contre la détention administrative. Jafar Ezzedine, 48 ans, ancien gréviste de la faim de longue date, et Ihsan Othman, 21 ans, sont en grève de la faim depuis les 16 et 18 juin. Ezzedine a entamé sa grève alors qu’il était censé être libéré d’une peine de cinq mois d’emprisonnement dans une prison israélienne, mais a été transféré à une peine d’emprisonnement sans inculpation ni jugement ; Othman a lancé sa grève deux jours plus tard. Étudiant à l’Université Al-Quds, sa détention répétée l’a empêché de poursuivre ses études et d’obtenir son diplôme.

Six autres prisonniers palestiniens, tous incarcérés sans inculpation ni jugement en détention administrative, ont rejoint la grève de la faim : les frères Mahmoud et Qaid al-Fasfous, Ghandafar Moussa Abouwan, Abdel-Aziz Waleed Sweiti, Qais Khaled al-Nammoura et Ahmad Zahran. Ces six prisonniers sont tous originaires de la région d’al-Khalil (Hébron) et sont détenus à la prison d’Ofer. Ezzedine est emprisonné à la prison de Megiddo, où il doit faire face à des inspections nocturnes avec des chiens et à d’autres formes de répression afin de le contraindre à mettre fin à sa grève. Un tribunal disciplinaire de la prison de Megiddo convoqué par le directeur de la prison ordonna de l’isoler et de lui refuser l’accès aux visites de sa famille ou à la «cantine» (magasin de la prison) pendant un mois en guise de représailles contre sa protestation.

Tous les prisonniers en grève demandent la fin de la détention administrative. Ces ordres sont émis pour une durée de six mois ; ils sont indéfiniment renouvelables et certains Palestiniens ont passé des années en prison sans inculpation ni jugement sur la base de « preuves secrètes ». Environ 500 Palestiniens sont actuellement emprisonnés sans inculpation ni jugement en détention administrative sur un total d’environ 5 500 prisonniers palestiniens.

La Commission des affaires de prisonniers a déclaré que certains des prisonniers en grève souffraient déjà de problèmes de santé, notamment de graves fragilités, des difficultés à bouger, de graves maux de tête, des vertiges et un jaunissement de la peau.

La lutte croissante contre la détention administrative survient alors que les 47 prisonniers palestiniens détenus dans la prison d’Ashkelon ont été soudainement transférés dans d’autres prisons. Le mois dernier, ces prisonniers ont entamé une grève de la faim d’une journée pour exiger la fin des raids répressifs et des attaques contre les prisonniers, la levée des sanctions financières et le traitement des prisonniers malades. Ils ont mis fin à leur grève après avoir obtenu un accord sur leurs revendications. Toutefois, dans le cadre d’une nouvelle forme de sanction collective visant à démanteler le mouvement des prisonniers, tous ont été transférés le 1er juillet dans d’autres prisons israéliennes.

La section pénitentiaire du Front Populaire de Libération de la Palestine a publié une déclaration dans laquelle elle demande instamment de soutenir les prisonniers et appelle à l’action, soulignant que ses camarades Mohammed Abu Aker, Mustafa Hassanat, Huzaifa Halabiya et Ahmad Zahran avaient déjà joué un rôle de premier plan dans la lutte contre la détention administrative. Ils ont déclaré que d’autres prisonniers se joindraient à la grève dans les prochains jours dans le cadre d’une stratégie de lutte sans fin pour la fin de l’emprisonnement sans inculpation ni jugement, et ont appelé à des actions de solidarité :

1. Nous appelons à la création d’un comité pour soutenir les détenus administratifs lors d’événements publics et pour lutter sur le terrain.

2. Nous appelons le Comité national pour la Grande Marche du Retour à adopter un vendredi pour soutenir les détenus administratifs en grève de la faim, et pour que ce vendredi soit une journée d’action palestinienne dans toute la Palestine occupée, en exil et dans la diaspora.

3. Nous appelons les prisonniers, en particulier ceux qui ont mené à bien la bataille de l’estomac vide et qui ont triomphé ces dernières années, à annoncer une grève de soutien en solidarité avec les détenus administratifs en grève de la faim, devant le siège de la Croix-Rouge en tant qu’action unifiée avec une date précise.

4. Nous appelons les organisations nationales palestiniennes à agir, à ériger des tentes dans les espaces publics et à réclamer des journées de colère publique et de protestation contre l’occupation.

5. Nous appelons les associations d’avocats palestiniens à lancer une campagne plus large de soutien et de solidarité avec les détenus administratifs, en particulier les grévistes de la faim, aux niveaux local, régional et international, en accordant une attention particulière à cette question.

6. Nous appelons le Syndicat des journalistes palestiniens à s’employer à créer un jour unifié pour les émissions de radio afin de soutenir les détenus administratifs en grève de la faim et de mettre en évidence le problème de la détention administrative.

Ils ont conclu en notant que « cette bataille se poursuivra et qu’un grand nombre de combattants participeront à des groupes de grévistes successifs jusqu’à ce que l’objectif soit atteint. Nous sommes confiants dans le soutien populaire qui est toujours fourni par nos masses résistantes palestiniennes. »

Le réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens Samidoun appelle instamment tout le monde à se tenir aux côtés de ces prisonniers courageux qui risquent leur vie pour la recherche de la liberté et la fin du système injuste de détention administrative. La solidarité internationale peut les aider à gagner leurs luttes. Toute participation, protestations, pétitions et appels téléphoniques peut donc les aider à remporter la victoire de la justice et de la liberté.

 

Source : Samidoun – Traduction : Collectif Palestine Vaincra