Karameh est un village jordanien à l’ouest du pays, proche de la Palestine occupée, fondé en 1952 par des réfugiés palestiniens. Son nom signifié « la dignité ».
Depuis la défaite arabe de 1967, la Résistance palestinienne tente de se structurer en Palestine occupée mais aussi auprès des réfugiés palestiniens, en Jordanie notamment. Les organisations palestiniennes se développent et pratiquent la lutte armée, notamment en formant des groupes de Fedayin1. C’est depuis les villages frontaliers, comme celui de Karameh, que les groupes de Fedayin lancent des attaques et des opérations contre l’occupation israélienne. Le quartier général du Fatah se trouvait également à Karameh.
Pour combattre la Résistance palestinienne, l’occupation israélienne lance une attaque sur le village de Karameh le 21 mars 1968. Pendant plus de 15 heures, les Palestiniens, appuyés par l’armée jordanienne, feront face à 10 000 soldats de Tsahal. Finalement, ils arriveront à faire reculer l’armée israélienne et imposeront de lourdes perdes matérielles et humaines. Jamais auparavant les combattants palestiniens n’avaient combattu les Forces de défense israélienne dans une bataille aussi importante.
Malgré des dizaines de martyrs palestiniens et jordaniens, cet épisode marquera une revanche sur l’occupation sioniste et un élan de popularité pour la Résistance palestinienne, incarnée par la figure du Fedayin. Dans les semaines suivantes, des milliers de jeunes réfugiés palestiniens viennent s’enrôler dans les différentes organisations de la Résistance palestinienne.
L’État jordanien verra rapidement d’un mauvais œil cette force politique et militaire au sein de son pays qui dénonce de plus en plus la nature réactionnaire du régime. Dès 1970, il tentera de neutraliser la Résistance palestinienne. Après Septembre Noir2, la majeure partie de la Résistance palestinienne quittera la Jordanie pour se rendre au Liban.
Si la « Bataille de Karameh » n’est pas la plus importante en terme militaire, elle est devenue un symbole pour la Palestine mais aussi pour le Monde Arabe d’une revanche face au sionisme.
1 Littéralement « Celui qui se sacrifie », il s’agit d’un·e combattant·e palestinien·ne pratiquant la lutte armée.
2 Conflit entre la Résistance palestinienne et l’État jordanien qui débute en septembre 1970 et se finit en juillet 1971 par le départ de la Résistance de Jordanie.