Le 18 et 19 novembre, le secrétaire d’État Mike Pompeo a fait une visite en Palestine occupée. À seulement deux mois de l’entrée en fonction de Joe Biden, le chef de la diplomatie de l’administration Trump a multiplié les provocations.

Mercredi 18 novembre, la visite a commencé par une rencontre tripartite avec Benjamin Netanyahu et le ministre bahreïni des Affaires étrangères Abdullatif Ben Rachid Al-Zayani, premier chef de la diplomatie d’un pays du Golfe en visite officielle en Israël. Cette rencontre vient entériner les Accords d’Abraham, accords de normalisation entre plusieurs régimes réactionnaires arabes et l’Etat sioniste. L’objectif est évidemment de développer les échanges économiques entre les deux entités sur le dos des droits des Palestiniens : ouverture de lignes aériennes, vente de produits issus de terres palestiniennes volées, liens diplomatiques, etc.

Jeudi 19 novembre, Mike Pompeo s’est ensuite rendu dans le Golan syrien occupé et dans une colonie sioniste de Cisjordanie occupée. C’est la première fois qu’un secrétaire d’État américain fait ces visites, une manière explicite de soutenir l’extrême droite israélienne dans ses projets expansionnistes. Par ailleurs, le choix de la colonie ne doit rien au hasard. Il s’est rendu dans la colonie Shaar Binyamin sur la propriété de Yaakov Berg, patron de vins de l’entreprise Psagot qui avait perdu son combat devant la Cour européenne de justice, qui entérinait l’obligation de mentionner sur les étiquettes les colonies comme provenance de ses vins. « Je voudrais dire à Pompeo, et à tous les Américains, que lorsque vous buvez ce vin, vous buvez le sang du peuple palestinien », a déclaré Abdel Jawab Saleh, un Palestinien qui possède des terres sur ce site de la colonie de Psagot. À cette occasion, le secrétaire d’État américain  a annoncé que les produits des colonies israéliennes exportés outre-Atlantique pourront désormais être labellisés “Made in Israël”. Une décision à la portée symbolique très forte mais qui doit surtout nous inciter à ne pas faire de fausse distinction entre produits israéliens et produits des colonies. En effet, l’ensemble des produits « made in Israël » sont des produits labellisés par le colonialisme et le racisme et ils doivent être tous boycottés !

Énième provocation, Pompeo a déclaré jeudi que les États-Unis considéraient officiellement le mouvement BDS comme « antisémite » et prévoyaient de couper tout financement gouvernemental aux groupes qui ont exprimé leur soutien à cette campagne qui appelle au boycott, au désinvestissement et aux sanctions contre Israël. En réponse, le Comité national palestinien du BDS a condamné immédiatement en soulignant que « le BDS a systématiquement et catégoriquement rejeté toutes les formes de racisme, y compris le racisme anti-juif, par principe ». De son côté, le Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP) a publié un communiqué rappelant que « les campagnes de boycott contre l’entité sioniste se développent et s’intensifient à tous les niveaux, et ni l’administration américaine, ni l’entité sioniste, ni aucun parti hostile ne peut y mettre fin d’un trait de plume. […] Le boycott est devenu une idée et une approche bien ancrées qui élèvent la bannière des voix libres et de toutes les voix du monde contre l’injustice, le colonialisme et le racisme. » Il a poursuivi en soulignant que « la réponse à la décision américaine nécessite d’avancer dans la lutte pour renforcer le boycott de l’entité sioniste et durcir les positions et les concepts autour des fondements et des formes du boycott dans tous les domaines ». 

Cette tournée « d’adieu » de Mike Pompeo ne doit pas nous faire penser que l’arrivée de Joe Biden peut incarner un quelconque espoir pour le peuple palestinien et la réalisation de ses droits nationaux. Le futur président américain a d’ailleurs toujours été très clair à ce sujet : « C’est le meilleur investissement de 3 milliards de dollars que nous faisons. S’il n’y avait pas d’Israël, les États-Unis d’Amérique devraient inventer un Israël pour protéger ses intérêts dans la région ». La seule alternative est entre les mains du peuple palestinien et de sa résistance ! Et c’est cela que nous devons soutenir de toutes nos forces !