Vendredi 29 janvier, le conseil municipal de Nice a adopté à l’unanimité un vœu contre l’antisémitisme reprenant la définition élaborée par l’Alliance internationale pour la Mémoire de l’Holocauste (IHRA). Quelques jours plus tard c’est la mairie de Paris qui adopte un vœu similaire proposé par un maire d’arrondissement Les Républicains lors d’une séance du conseil municipal le 4 février. Dans une vidéo relayée par l’ambassade d’Israël, la maire de Paris Anne Hidalgo affirme que « la position qui consiste à critiquer Israël comme État dans son existence même relève pour le coup d’une définition de l’antisémitisme. » Le 3 décembre 2019, l’Assemblée Nationale votait avec la même intention la résolution « Maillard », du nom du député LREM porteur du texte.

Ces récents événements s’inscrivent dans une stratégie du lobby pro-israélien qui essaye d’imposer en Europe et en Amérique du Nord, une nouvelle définition de l’antisémitisme élaborée par l’Alliance internationale pour la Mémoire de l’Holocauste (IHRA). Dans ses exemples associés à la définition, celle-ci considère comme antisémite le fait de « nier au peuple juif le droit à l’autodétermination, en prétendant par exemple que l’existence de l’État d’Israël est une entreprise raciste. » Cette définition vise donc à lutter contre le mouvement de délégitimation d’Israël et elle amalgame antisionisme et antisémitisme.

Comme le souligne le Réseau International Juif Antisioniste (IJAN), « la définition de l’IHRA a comme principal objectif d’établir une relation de synonymie entre antisionisme et antisémitisme. C’est une opération politique et sémiologique qui cherche à confondre l’opinion publique et à rendre opaques les fondements politiques des critiques envers le sionisme et envers l’État d’Israël. […] [Il] affirme que le mouvement sioniste et l’État d’Israël ont pour fondement le racisme, la discrimination et l’exclusivisme juif. Nous défendons qu’un État, comme institution, ne peut jamais être l’objet de discrimination, mais bien de répudiation et de critique. »

Au-delà de l’imposture intellectuelle, en jouant la carte de la confusion et de l’amalgame, cette définition, loin de combattre l’antisémitisme (bien au contraire), sert avant tout à criminaliser toute remise en cause du projet colonial et raciste qu’est Israël. Indépendamment des appréciations des un·e·s et des autres sur l’antisionisme, ces différents vœux doivent être fermement combattus pour ce qu’ils sont : des initiatives liberticides d’entraves à la liberté d’expression et des outils aux mains des défenseurs de l’apartheid israélien afin de museler la nécessaire solidarité avec le peuple palestinien.