Il y a actuellement environ 35 femmes palestiniennes dans les prisons israéliennes, représentant tous les aspects de la société palestinienne : étudiantes, militantes, parlementaires, journalistes, travailleuses de la santé, combattantes de la liberté, etc. Les femmes palestiniennes ont toujours été au centre du mouvement de libération à travers tous les aspects de la lutte et ont été à la tête du mouvement des prisonnier·e·s, organisant des grèves de la faim et se tenant en première ligne de la lutte.

Le réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens Samidoun, dont est membre le Collectif Palestine Vaincra, salue le rôle de premier plan des femmes palestiniennes dans la lutte et demande instamment la libération immédiate de toutes les femmes palestiniennes détenues dans les prisons de l’occupation israélienne.

Parmi les prisonnières palestiniennes, on compte 11 mères, six femmes blessées et trois détenues sans charge ni procès en détention administrative.

Parmi elles, Khalida Jarrar, parlementaire palestinienne, féministe, militante de gauche et avocate des prisonnier·e·s politiques palestinien·ne·s, condamnée à deux ans de prison en raison de ses activités politiques publiques quelques jours avant la Journée Internationale des droits des femmes ; Khitam Saafin, présidente de l’Union des comités de femmes palestiniennes, emprisonnée sans inculpation ni procès, dont la détention administrative a été renouvelée pour quatre mois ; Bushra al-Tawil, journaliste et militante palestinienne, dont la détention sans inculpation ni procès a également été renouvelée pour quatre mois le 7 mars 2021.

Parmi eux figurent des étudiantes palestiniennes, comme Layan Kayed, Elia Abu Hijleh, Ruba Assi et Shata Tawil, de l’université de Bir Zeit. Des centaines d’étudiants palestiniens sont régulièrement détenus par l’occupation israélienne, en particulier ceux qui font partie d’organisations étudiantes impliquées dans la vie politique du campus. Rien qu’à l’université de Bir Zeit, environ 74 étudiants ont été détenus par des soldats de l’occupation au cours de l’année universitaire 2019-2020.

Les femmes palestiniennes détenues font partie des 5 000 prisonnier·e·s politiques, mais les femmes palestiniennes sont également impactées par l’incarcération massive des hommes palestiniens. Les femmes palestiniennes sont les mères, les épouses, les filles, les sœurs, les amies des prisonniers palestiniens. Elles se construisent un foyer pour elles-mêmes et leurs enfants en étant privée de leur mari ou de leur père.

Les femmes palestiniennes mènent le mouvement à l’extérieur des prisons pour mettre en avant les noms, les visages, les voix et les histoires de tous les prisonniers palestiniens qui luttent pour leur libération. Cependant, trop souvent, les histoires, les noms et les expériences des femmes palestiniennes emprisonnées ne sont ni mentionnés ni mis en lumière.

 

Depuis 1948 et avant, dès les premiers jours de la lutte de libération nationale palestinienne, les femmes palestiniennes ont été expulsées de leurs foyers et ont fait l’objet d’une répression à de multiples niveaux, leur capacité même à faire des enfants et les élever étant considérée comme une menace inacceptable pour le projet raciste et colonial sioniste. Rien que depuis 1967, environ 10 000 femmes palestiniennes ont été emprisonnées par l’occupation israélienne pour leur activité politique et leur implication dans la résistance palestinienne, y compris des femmes palestiniennes de Jérusalem, de Cisjordanie et de la bande de Gaza, ainsi que des femmes palestiniennes possédant la citoyenneté israélienne en Palestine occupée. Les femmes palestiniennes en exil et en diaspora se voient refuser le droit de retourner en Palestine depuis plus de 72 ans, mais elles continuent de lutter, faisant face à la répression politique, la criminalisation, la déportation et l’emprisonnement.

Les prisonnières palestiniennes sont régulièrement soumises à des actes de torture et à des mauvais traitements par les forces d’occupation israéliennes, dès leur arrestation – souvent lors de violents raids nocturnes – et tout au long du processus d’interrogatoire : coups, insultes, menaces, fouilles corporelles agressives et harcèlement sexuel explicite. Dans les prisons israéliennes, la politique officielle de l’État consistant à « aggraver les conditions » des prisonnier·e·s palestinien·ne·s a particulièrement visé les femmes palestiniennes, privées de visites familiales ou même d’appels téléphoniques, soumises à une surveillance intense qui viole leur vie privée, privées d’éducation et détenues dans des conditions dangereuses et insalubres. Elles sont transportées dans la « bosta », un véhicule métallique dans lequel les femmes sont enchaînées pour un long voyage qui prend des heures de plus qu’un trajet direct et se voient souvent refuser l’accès à des installations sanitaires.

 

La prison de Damon, elle-même ancienne étable pour animaux, est située en Palestine occupée, en violation de la Quatrième Convention de Genève, ce qui rend encore plus difficile la visite des membres de la famille des femmes palestiniennes. Toutes les visites sont soumises à un permis arbitraire qui est souvent entravé par le régime d’occupation israélien.

Les femmes palestiniennes derrière les barreaux continuent de résister et de se mobiliser. En avril 1970, les détenues palestiniennes de la prison de Neve Tirza ont lancé l’une des premières grèves de la faim collectives du mouvement des prisonnier·e·s palestinien·ne·s en refusant de s’alimenter pendant neuf jours. Elles ont exigé l’accès à des produits sanitaires pour femmes ainsi que la fin des passages à tabac et de l’isolement carcéral. Les femmes palestiniennes ont toujours participé à des grèves de la faim et à des actions de protestation, notamment des grèves menées par des femmes détenues en 1985, 2004 et 2019 qui ont inspiré la solidarité féministe internationale. Malgré le refus à l’éducation par le régime colonial israélien, les prisonnières palestiniennes ont développé une éducation révolutionnaire pour toutes les prisonnières, élargissant leurs connaissances et leur engagement dans la lutte.

Les prisonnières palestiniennes ne sont pas seules : elles luttent aux côtés d’autres prisonnières politiques aux Philippines, en Turquie, en Inde, en Égypte et dans le monde entier. Leur emprisonnement est également international. Il est financé, soutenu et appuyé par le soutien diplomatique, militaire, économique et politique apporté à Israël par les puissances impérialistes, notamment les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, l’Australie et les États de l’Union Européenne. Les femmes palestiniennes sont également confrontées au régime de l’Autorité palestinienne dans son rôle de « coopération en matière de sécurité » dans le cadre d’Oslo, ainsi qu’à la politique de normalisation et aux attaques répressives des régimes réactionnaires arabes.

Malgré toutes les tentatives du régime sioniste de les isoler du mouvement mondial pour la libération des femmes et de l’humanité par l’emprisonnement et la répression, les femmes palestiniennes continuent de s’organiser et de lutter derrière les barreaux, dans les rues et les terrains de la Palestine occupée, et partout en exil dans la diaspora, en quête de retour et de libération. Il est maintenant temps d’agir et de demander leur libération immédiate et la libération de tou·te·s les prisonnier·e·s palestinien·ne·s, et la libération de la Palestine de la mer au Jourdain.

Vous trouverez ci-dessous des images et des informations sur de nombreuses prisonnières politiques palestiniennes aujourd’hui détenues derrière les barreaux israéliens. Pour organiser des activités de soutien aux prisonnières palestiniennes, demander des ressources ou du matériel : contactez-nous à collectifpalestinevaincra@gmail.com ou samidoun@samidoun.net

 

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