L’Union des Etudiants Juifs de France – UEJF est une organisation de jeunesse active dans plusieurs campus. Sur son site, elle revendique « le respect de la différence » et ambitionne de faire « barrages aux idées racistes et xénophobes » (sic). Pourtant cette organisation est ouvertement sioniste et défend la colonisation de la Palestine. Elle définit « la défense du droit à l’existence d’Israël » comme sa priorité en l’illustrant par une carte qui englobe non seulement les territoires de la Palestine de 1948 mais aussi Gaza, la Cisjordanie et le Golan syrien. Ça a le mérite d’être clair.

Capture d’écran – uejf.org

Traditionnellement proche de la gauche institutionnelle et des satellites du Parti Socialiste, elle vise à normaliser l’apartheid israélien dans les milieux qui se revendiquent « progressistes » en y défendant un sionisme de gauche « à visage humain ». Derrière une mystification de la réalité historique et l’invisibilisation de la nature d’Israël en tant que colonisation de peuplement, l’objectif est de rendre acceptable l’inacceptable.

Le dernier événement en date est la rencontre en Israël début août d’une délégation de l’UEJF avec le franco-israélien Yomtov Kalfon. Député de la 24e Knesset, il est membre du parti d’extrême droite Yamina de l’actuel premier ministre Naftali Bennet. Alors que l’UEJF mène en France de nombreuses campagnes contre l’extrême droite et le RN, elle rencontre en Israël une personnalité qui ferait passer Marine Le Pen pour une gauchiste… Pourtant en 2014, l’UEJF avait refusé de rencontrer Bennett en visite en France. Quelques années plus tard, l’UEJF prend-elle un nouveau virage ?

Yomtov Kalfon avec la délégation de l’UEJF, dont sa présidente Noémie Madar.

Mais qui est Yomtov Kalfon ? Né à Sarcelles, il fait ses premières armes militantes au sein du Bnei-Akiva puis au Betar en France, un mouvement sioniste radical connu pour ses multiples agressions contre des militants antiracistes à Paris au début des années 2000. Aujourd’hui membre de Yamina, ce parti d’extrême droite affirme dans ses points d’unité : « Nous sommes le seul parti qui s’oppose à la création d’un État palestinien et à tout retrait des territoires de la Terre d’Israël. Nous travaillerons à développer des colonies dans tout le pays. » Il poursuit en soulignant : « Nous agirons pour l’application pleine et équitable de la souveraineté nationale et de l’état de droit à tous les citoyens et résidents d’Israël, y compris la fin de l’administration militaire de la Judée-Samarie et l’application de la souveraineté israélienne aux territoires de Judée, de Samarie et de la vallée du Jourdain. » Sur son compte Facebook, Yomtov Kalfon déclare qu’il faut s’opposer au plan Trump-Netanyahu car celui-ci concéderait trop de territoires aux Palestiniens en Cisjordanie. Par ailleurs, il a expliqué son refus d’adhérer au Likoud suite au retrait de l’armée israélienne et au démantèlement des colonies sionistes de Gaza en 2005. Autre exemple, il rend hommage à Jacques Kupfer, militant ultra-sioniste français qui défend qu’Israël a comme frontières légitimes le Nil et l’Euphrate.

Capture d’écran – Facebook de Yomtov Kalfon.

Une telle rencontre entre une personnalité d’extrême droite et une délégation de l’UEJF en dit long sur le double discours de cette dernière. Elle a lieu quelques jours seulement après la visite de parlementaires français auprès du fasciste Naftali Bennett. Le développement de ces rencontres bilatérales souligne l’évolution des organisations sionistes de France qui se radicalisent en assumant un discours toujours plus ouvertement colonial et raciste.
En France comme en Palestine, le combat contre l’extrême droite et le racisme est plus que jamais nécessaire. Ne le laissons pas être dénaturé par ces organisations au service du colonialisme, du racisme et de l’apartheid israéliens.