Le 25 décembre 2008, Ahmad Sa’adat est condamné à 30 ans de prison par un tribunal militaire illégitime de l’occupation israélienne pour son rôle de secrétaire général d’une des principales organisations de la résistance palestinienne, le Front Populaire de Libération de la Palestine. 13 ans après cette condamnation, nous proposons ci-dessous une courte biographie de ce leader de la gauche palestinienne. Par ailleurs, nous vous invitons à rejoindre la semaine internationale d’actions pour la libération d’Ahmad Sa’adat et de tous les prisonniers palestiniens du 15 au 22 janvier prochain. 

 

Un combattant de la résistance palestinienne

 

Né en 1953, Ahmad Sa’adat est l’enfant de réfugiés expulsés en 1948 de leur maison du village détruit de Dayr Tarif (près d’al-Ramleh). Il est impliqué dans le mouvement national palestinien depuis 1967, date à laquelle il est devenu actif dans le mouvement étudiant puis rejoint officiellement le Front Populaire de Libération de la Palestine en 1969. Il est arrêté par l’occupation israélienne à de nombreuses reprises notamment en 1970, 1973, 1975, 1976, 1989 et 1992 pour un total de 10 ans de détention.

En 1993, il est élu au Bureau politique du FPLP et devient responsable du secteur de la Cisjordanie en 1994. Dans ce cadre, il est arrêté à plusieurs reprises entre 1994 et 1996 par l’Autorité Palestinienne dans le cadre de la coordination sécuritaire avec l’occupation israélienne mise en place suite aux accords d’Oslo de 1993.

En 2000, Georges Habache démissionne de son poste de secrétaire général du FPLP et il est remplacé par Abu Ali Mustapha. Celui-ci est assassiné par l’occupation israélienne le 27 août 2001 par un missile tiré dans son bureau à Ramallah. Le 3 octobre 2001, Ahmad Sa’adat est élu secrétaire général du FPLP. A cette occasion, il déclare lors de sa conférence de presse inaugurale que les objectifs du peuple palestinien sont « notre droit au retour et notre indépendance, avec Jérusalem comme capitale » et il jure également de venger l’assassinat d’Abu Ali Mustafa.

Le 17 octobre 2001, quatre membres du FPLP exécutent le ministre israélien du Tourisme d’extrême droite Rehavam Zeevi. Celui-ci est connu comme un partisan de l’expulsion forcée des Palestiniens et comme un partisan des « assassinats ciblés ». Son exécution provoque une vague de mobilisation populaire en Palestine et ravive le soutien au FPLP. Israël accuse Sa’adat d’avoir ordonné l’assassinat.

Le 22 octobre 2001, l’Autorité palestinienne condamne le meurtre de Zeevi comme contraire aux intérêts palestiniens prétextant que cela donne à Israël une excuse pour entreprendre une action militaire dans les territoires occupés. Jibril Rajoub, chef du Service de sécurité préventive de Cisjordanie, interdit l’aile militaire du FPLP – les Brigades du martyr Abu Ali Mustafa – et lance un ultimatum à Ahmad Sa’adat pour qu’il se rende ou il risque d’être arrêté.

Le 15 janvier 2002, Sa’adat est arrêté par les forces spéciales palestiniennes après avoir été attiré à une réunion dans un hôtel de Ramallah avec le chef du renseignement de l’AP, Tawfiq Tirawi. Le FPLP condamne l’Autorité palestinienne pour avoir cédé aux USA et à la pression israélienne. Les partisans du FPLP protestent contre l’arrestation dans les rues de Ramallah, à Gaza et à Bethléem.

Le 3 juin 2002, la Haute Cour de justice palestinienne à Gaza déclare qu’il n’y a aucune preuve liant Sa’adat à l’assassinat de Zeevi, et aucun motif légal pour son maintien en détention. Il ordonne sa libération immédiate de prison.

En janvier 2006, il est élu au Conseil législatif palestinien sur la liste du Bloc Abu Ali Mustafa.

 

Enlevé par l’occupation israélienne

 

Le 14 mars 2006, l’armée israélienne a assiégé pendant douze heures la prison palestinienne de Jéricho où se trouvaient six prisonniers politiques. Des bulldozers et des chars israéliens ont attaqué la prison tandis que les militaires israéliens ont proféré des menaces d’assassinat contre les prisonniers. Cet assaut militaire a causé la mort de deux Palestiniens, et en blesse 23 autres, et l’enlèvement d’Ahmad Sa’adat et de cinq autres prisonniers politiques de Jéricho vers les prisons sionistes.

Pendant plus de quatre ans, ces hommes avaient été détenus dans la prison de l’Autorité palestinienne à Jéricho, sous la surveillance de gardes américains et britanniques. Immédiatement avant l’assaut israélien sur la prison, ces gardes américains et britanniques ont abandonné leurs postes, ouvrant la voie à l’attaque militaire. Le département d’État américain a rendu les Palestiniens responsables du siège, en déclarant que les dirigeants du Conseil législatif palestinien, démocratiquement élus, avaient indiqué leur volonté de libérer ces prisonniers politiques illégalement détenus. Dans une lettre adressée au peuple palestinien après son enlèvement, Sa’adat a déclaré : « Le Quartet [États-Unis, Union européenne, Russie et Nations unies] sert de couverture à l’occupation. Ce qui s’est passé à la prison de Jéricho a fait des gouvernements britannique et américain une partie intégrante du conflit et a enterré à jamais toute illusion sur leur neutralité. »

Après son enlèvement – une violation flagrante de la souveraineté palestinienne – le procès de Sa’adat a été reporté et retardé à plusieurs reprises. Le procureur général israélien Menachem Mazuz a admis peu après l’enlèvement qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour inculper Sa’adat dans l’assassinat du ministre israélien Rehavam Ze’evi en 2001. Au lieu de cela, Sa’adat a été accusé d’un large éventail d’accusations politiques lors d’une audience le 28 mars 2006 à la base militaire d’Ofer à Ramallah.

Sa’adat a refusé de manière constante et répétée de reconnaître la légitimité de ce tribunal illégitime. Ses avocats ont demandé l’abandon des charges, car elles sont clairement motivées par des raisons politiques et le tribunal lui-même est illégitime. Son procès a été reporté à plusieurs reprises et Sa’adat a systématiquement refusé de reconnaitre la légitimité du tribunal durant les différentes audiences : refus de se présenter devant les juges militaires, publication de déclarations dénonçant cette parodie de justice et refus de traiter avec les tribunaux militaires ou les interrogateurs.

Le 25 décembre 2008, Sa’adat a été condamné à trente ans de prison pour des accusations entièrement politiques. Cette lourde peine, prononcée par un tribunal militaire israélien, avait pour but d’emprisonner un leader de la résistance palestinienne qui a toujours refusé de céder aux pressions, menaces et intimidations de l’occupation. Il s’agit de la plus lourde peine prononcée par les tribunaux d’occupation pour une accusation politique. Membre du Bureau politique du FPLP, Maher Taher a souligné la complicité de l’Autorité palestinienne dans l’enlèvement et l’emprisonnement de Sa’adat, puisqu’il était détenu dans les prisons de l’AP depuis 4 ans, ainsi que la responsabilité directe des États-Unis et de la Grande-Bretagne, partenaires stratégiques de l’occupant, dans ce crime contre Sa’adat et le peuple palestinien.

Les leaders politiques nationaux palestiniens de diverses tendances ont fermement condamné le tribunal illégitime et sa sentence notamment Ismail Haniyeh (premier ministre du gouvernement de Gaza), Mustafa Barghouthi (secrétaire général de l’Initiative nationale palestinienne), Ahmad Bahar (président par intérim du Conseil législatif palestinien), Azzam al-Ahmad (président du bloc législatif du Fatah) et Daoud Shihab (porte-parole du Jihad islamique).

Le 18 mars 2009, Ahmad Sa’adat a été soudainement transféré de la prison de Hadarim à celle d’Asqelan, en isolement. Sa’adat a été soumis à plusieurs reprises à l’isolement cellulaire et à des mesures punitives sur ordre du régime israélien. Sa’adat a été déplacé à plusieurs reprises d’une prison à l’autre, et souvent placé à l’isolement. En juin 2009, Sa’adat a entamé une grève de la faim de neuf jours contre son isolement. Le 10 août 2009, Sa’adat a été transféré des cellules d’isolement d’Asqelan à l’unité d’isolement de la prison de Ramon, dans le désert du Naqab.

Le 22 octobre 2009, Ahmad Sa’adat a été condamné à six mois supplémentaires d’isolement par les tribunaux militaires sionistes, après plus de 206 jours d’isolement. Plusieurs grandes grèves de la faim de prisonniers palestiniens, dont celle de septembre-octobre 2011 et celle d’avril-mai 2012, ont fait de la fin de l’isolement une revendication centrale. Sa’adat a finalement été libéré de l’isolement et réintégré dans la population carcérale générale fin mai 2012, à la suite de l’accord visant à mettre fin à la grève de la faim des prisonniers. Il a ensuite été transféré de Ramon à la prison de Shata, à Gilboa.

 

Soutenir Ahmad Sa’adat c’est soutenir la résistance

 

Depuis les prisons de l’occupation israélienne, Ahmad Sa’adat continue de jouer un rôle de premier plan en tant que leader de la résistance palestinienne. Aux côtés de ses 5000 codétenus prisonniers politiques palestiniens, il multiplie les grèves de la faim collectives, des déclarations de solidarité, des prises de positions soulignant un engagement résolu pour la libération de la Palestine de la mer au Jourdain. Par ailleurs, il exprime régulièrement sa solidarité avec les luttes en cours, en particulier contre l’impérialisme et le racisme, ou en soutien à la libération de Georges Abdallah qu’il reconnait comme étant « le général des prisonniers du FPLP ».

Soutenir sa libération c’est dénoncer clairement le rôle des puissances impérialistes dans son emprisonnement et dans la colonisation sioniste de la Palestine mais c’est aussi combattre la complicité de l’Autorité palestinienne et de sa « coordination sécuritaire » dans l’oppression du peuple palestinien et dans la criminalisationde la résistance palestinienne.

Plus que jamais, nous devons développer la campagne internationale pour sa libération et celle de tous les prisonniers palestiniens ! N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez rejoindre la semaine internationale d’actions pour la libération d’Ahmad Sa’adat du 15 au 22 janvier prochain. 

 

Source : Free Ahmad Sa’adat