Le 8 février dernier, une pétition intitulée « Rapport honteux d’Amnesty International. Israël : Pourquoi tant de haine ? » était initiée par Marc Eisenberg, fondateur de la radio israélienne Qualita (avide d’invités suprémacistes sur ses antennes). La première liste de signataires est composée de tout ce que compte la scène politique française de soutiens à la politique d’extrême droite israélienne, de personnalités du CRIF (à l’exception de Franck Touboul du CRIF Midi-Pyrénées) en passant par des responsables de la LICRA et du B’nai B’rith. On retrouve également plusieurs personnalités politiques parmi les plus radicales dans la défense de l’indéfendable : Meyer Habib, Aurore Bergé, Sylvain Maillard, Manuel Valls, Eric Ciotti ou encore Bruno Retaillau. Sans surprise le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc fait partie de cette honteuse liste de signataires bien qu’il soit le seul maire d’une ville de cette importance à avoir signé.

Mais que dit ce texte ? Il reprend tel quelle l’offensive du gouvernement israélien contre Amnesty International, une ONG de défense des droits humains qui regroupe plus de 10 millions d’adhérent·e·s à travers le monde. L’attaque la plus abjecte est que ce rapport nourrirait l’antisémitisme en affirmant sans honte qu’ « à l’heure où les communautés juives sont confrontées à une montée sans précédent de la violence et des actes antisémites, les mensonges d’Amnesty International ne font qu’alimenter la haine et légitimer les agressions à leur encontre dans le monde entier. » Celle-ci est démontrée simplement en faisant référence à la définition de l’antisémitisme de l’IHRA adoptée à l’Assemblée Nationale et au Sénat. Cette instrumentalisation du combat contre l’antisémitisme a pour effet de produire exactement le contraire de ce qu’il prétend faire. Rappelons une nouvelle fois : la critique politique d’Israël et du projet sioniste qui l’a porté n’est en rien une forme d’antisémitisme. Vouloir réduire au silence ses opposants politiques avec de telles accusations c’est travestir la nécessaire lutte contre ce racisme.

Cette pétition rejette par ailleurs en bloc les accusations d’apartheid en soulignant que « la réalité politique et sociétale d’Israël contredit ce rapport profondément biaisé. Les Arabes israéliens représentent une communauté dynamique qui occupe des postes importants dans la médecine, la science, les médias, la culture… » Pourtant, la réalité des faits vient contredire la pauvreté de leur argumentaire. Aujourd’hui, il existe plus de 60 lois discriminatoires israéliennes qui privilégient sa population juive par rapport aux Palestinien·ne·s. C’est ce que documente le rapport de 211 pages d’Amnesty International après près de quatre ans d’enquête minutieuse. Sans oublier qu’Israël en tant que tel est une colonisation de peuplement construite sur la base d’un nettoyage ethnique et le vol de terres et de ressources. Mais comme le souligne l’organisation états-unienne Adalah Justice Project : « Est-il possible de mettre fin à l’apartheid sans mettre fin au projet de colonisation de peuplement sioniste ? »

Derrière une fausse image autour de valeurs antiracistes et pour la démocratie, cette tribune est bel et bien un plaidoyer pour l’apartheid qui est un crime contre l’humanité. En signant ce texte, Jean-Luc Moudenc confirme sa ligne politique abjecte. Du vœu municipal anti-BDS aux tentatives de criminalisation du Collectif Palestine Vaincra en passant par un alignement sur l’extrême droite israélienne, le maire de Toulouse est définitivement un ennemi de la Palestine et du combat contre le racisme, le colonialisme et l’apartheid.

 

15 février 2022, Collectif Palestine Vaincra