Mercredi 20 juillet 2022 à Paris, une rencontre a eu lieu entre Emmanuel Macron et Mahmoud Abbas, président de l’Autorité Palestinienne. C’est la première visite en France d’Abbas depuis 2018. Elle a lieu quelques semaines après la visite officielle du nouveau premier ministre israélien Yair Lapid auprès du président de la République française où ils ont multiplié les signes d’amitié et d’entente stratégique.

Sans surprise, cette rencontre est une énième tentative de la part de la France de promouvoir à bon compte la « solution à deux États », c’est-à-dire la légitimation d’une colonisation de peuplement et la dépossession du peuple palestinien sur la grande majorité de la Palestine historique. Comme le souligne Khaled Barakat, écrivain palestinien et co-fondateur de Masar Badil (le Mouvement alternatif de la voie révolutionnaire palestinienne), dans un entretien qu’il nous a accordé : « Ce n’est rien de plus qu’une autre tentative bon marché de commercialiser des illusions sur le soi-disant « processus de paix », y compris la pire dévastation économique imposée au peuple palestinien par le biais des « Protocoles de Paris ». La soi-disant « solution à deux États » est morte et ne propose rien d’autre que l’apartheid comme solution. »

Dans sa déclaration, le président français précise que cette solution « passe d’abord par la fin des mesures unilatérales sur le terrain. Je pense notamment aux évictions de familles palestiniennes, de démolition, à la politique de colonisation, contraires au droit international et qui éloignent la possibilité d’établir un État palestinien vivant en paix aux côtés d’Israël. » Dans le même temps, il rejette toute forme de résistance du peuple palestinien et multiplie les accords et déclarations en faveur d’Israël. En plus de trahir l’ensemble des droits nationaux du peuple palestinien, la défense de la solution à deux États est un outil précieux pour la colonisation israélienne qui n’a eu de cesse de s’accélérer depuis les accords d’Oslo de 1993, le nombre de colons en Cisjordanie occupée ayant été multiplié par deux.

Comme le rappelle Khaled Barakat : « La France n’est pas l’amie du peuple palestinien. Au contraire, il est évident que la France est l’alliée et le partenaire d’Israël. Ce n’est pas seulement l’histoire passée de la France, mais c’est aussi sa politique actuelle. Par exemple, les tentatives du gouvernement sous Macron d’interdire les organisations de solidarité avec la Palestine et les voix progressistes travaillant pour la Palestine, tout comme l’emprisonnement de Georges Abdallah depuis 38 ans pour avoir lutté pour la libération de la Palestine. L’avocat franco-palestinien Salah Hamouri est toujours emprisonné sans inculpation ni procès par Israël et presque rien n’a été fait par le gouvernement français. » À ce sujet, Mahmoud Abbas n’a pas eu un mot pour ces prisonniers du mouvement de libération palestinien. Une nouvelle illustration qu’il ne représente que la bourgeoisie palestinienne corrompue issue des Accords d’Oslo et « pas le peuple palestinien et sa résistance continue pour le retour et la libération » comme le souligne Barakat.

De manière scandaleuse, Macron affirme : « J’évoquais la guerre en Ukraine, je voudrais conclure en rappelant l’insécurité alimentaire qu’elle provoque partout dans le monde, notamment dans les territoires palestiniens et je pense en particulier aux populations gazaouies. » Qui peut croire que la situation à Gaza est liée principalement à la guerre en Ukraine ? Le responsable de la crise humanitaire à Gaza est le blocus imposé depuis 15 ans par l’État sioniste en collaboration étroite avec le régime d’Al Sissi en Égypte et la complicité des puissances occidentales, dont la France.

De son côté, Mahmoud Abbas a affirmé sa « gratitude à l’UE et aux États membres pour leur rôle important et persistant dans la création de la stabilité et de la paix et dans l’amélioration des conditions économiques du peuple palestinien ». Ces remerciements vont de soit quand la France est l’un des principaux pourvoyeurs de l’aide européenne à l’Autorité Palestinienne.

Macron, comme ses prédécesseurs, se présente comme une puissance « d’équilibre » mais cela ne doit tromper personne. C’est un moyen de maintenir son influence régionale et d’essayer de vendre des mirages afin de tenter de neutraliser ceux qui se révoltent par la barbarie de l’occupation israélienne. L’aide humanitaire apportée par les USA et l’Union européenne (dont la France) est un outil de pression sur le peuple palestinien, que les puissances impérialistes n’accordent qu’en échange de preuves de docilité de la part de l’Autorité palestinienne. C’est de cette manière qu’il faut comprendre la multiplication des signes de gratitude et de remerciement de la part d’Abbas.

Le dirigeant de l’AP a également évoqué le meurtre de Shireen Abu Akleh tout en étant dans l’incapacité d’en désigner clairement les responsables. À cette occasion, une scène ahurissante a eu lieu où la traductrice de la conférence de presse s’est mise à rire et le président Macron à sourire. Ça en dit long sur le peu de considérations pour les victimes palestiniennes de la part des autorités françaises.

Cette mascarade diplomatique comme tous les « sommets internationaux » ou autres « processus de paix » (accords d’Oslo, Camp David, etc.) n’ont fait que renforcer l’occupation israélienne et attaquer la résistance palestinienne. Ne soyons pas dupes des intentions de Macron et de la complicité d’Abbas : ils font partie du problème, pas de la solution.