Mastodonte états-unien de blockbusters à super-héros, Marvel Studios a annoncé l’arrivée de« Sabra » dans le prochain opus de Captain America « New World Order ». La sortie prévue en 2024 fera partie de la phase 5 du Marvel Cinematographique Univers (MCU), l’univers des films Marvel et de sa clique de super-héros et héroïnes. Sabra, super-agente du Mossad en costume à l’effigie du drapeau israélien, sera incarnée par l’actrice israélienne Shira Haas.

Présentée pour la première fois dans les bandes dessinées Marvel en août 1980, Sabra fait son apparition dans une aventure de Hulk intitulée « Incroyable Hulk : le pouvoir en Terre promise ! ». Dans cette BD, la super-héroïne combat le géant Hulk, croyant que ce dernier est un allié des « terroristes arabes » s’attaquant à Israël. Cet album est truffé de stéréotypes arabophobes et islamophobes, invisibilise les Palestinien·ne·s et diffuse les pires poncifs sur la situation en Palestine. À titre d’exemple, un jeune Palestinien (présenté simplement comme arabe) explique à Hulk que « [son] peuple ainsi que les Israéliens affirment tous les deux que cette terre leur appartient. Ils auraient pu partager si deux très vieux livres ne leur avaient pas suggéré de s’entre-tuer à la place », reprenant ainsi les discours de propagande faisant passer la colonisation sioniste de la Palestine pour un conflit religieux.

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Après avoir fait intervenir l’héroïne musulmane Miss Marvel et développé l’univers du héros africain Black Panther, les studios états-uniens pensent continuer d’œuvrer dans la « diversité » de ses personnages en mettant en avant un personnage agente des services secrets israéliens. Cela en dit long sur l’image que veut donner le studio à Israël, nouveau théâtre des politiques de blanchiment des crimes coloniaux à travers la culture et l’art.

« Sabra » désigne les personnes juives nées en Palestine, mais pour des millions de personnes cela a une tout autre résonance. Du 16 au 18 septembre 1982, les camps de réfugié·e·s palestinien·ne·s Sabra et Chatila de Beyrouth ont été le théâtre du massacre de près de 4 000 Palestinien·ne·s et Libanais·e·s par les milices phalangistes libanaises avec la complicité de l’armée israélienne. Quarante ans après, utiliser ce nom pour glorifier l’occupation israélienne, c’est une nouvelle insulte faite aux victimes de ce crime resté impuni.

De plus, l’agence de renseignement du Mossad dont fait partie Sabra est tristement célèbre pour sa politique d’assassinats ciblés extra-judiciaires. Plusieurs leaders palestiniens et arabes ont été tués par ce bras armé de l’occupation israélienne comme l’intellectuel et militant palestinien Ghassan Kanafani le 8 juillet 1973 à Beyrouth, le responsable de l’OLP Mahmoud Hamchari le 8 septembre 1972 à Paris ou encore l’écrivain et révolutionnaire algérien Mohamed Boudia le 28 juin 1973 à Paris.

Dès l’annonce de l’apparition de ce personnage, emblème de la colonisation et de l’apartheid israéliens, les réactions ont été nombreuses pour dénoncer cette nouvelle tentative de normaliser, mais surtout d’héroïser l’occupation israélienne et sa politique criminelle. Le Collectif Palestine Vaincra dénonce cette nouvelle opération de propagande et soutient les appels au boycott qui sont dès à présent lancés, comme cette pétition de American Muslims for Palestine.