Samedi 23 septembre, les forces israéliennes ont abattu mortellement Mohammad Awad, 36 ans, à Beit Ijza, près de Jérusalem, en prétendant qu’avec sa voiture, il a tenté une attaque au bélier contre des soldats. Le ministère palestinien des Affaires étrangères a rapporté qu’Awad était « sans défense » et qu’il ne constituait pas un danger pour les militaires qui l’ont exécuté. Moins de 24 heures plus tard, à Naplouse, les forces israéliennes ont assassiné un combattant de la résistance de 23 ans, Sa’ed Al-Koni. Son corps a été confisqué par l’armée israélienne. Il s’agit d’une pratique illégale que les autorités israéliennes continuent d’appliquer en tant que mesure punitive.
Trois autres combattants de la résistance ont été blessés au cours d’une embuscade de l’armée et sont parvenus à s’enfuir en voiture, alors que la moto pilotée par Al-Koni a tout de suite flambé. Al-Koni est le 18e Palestinien à être tué à Naplouse au cours d’opérations militaires israéliennes.
La stratégie israélienne de l’assassinat
Al-Koni fait partie d’un nombre croissant de combattants de la résistance ciblés et tués par Israël dans le cadre de son actuelle opération militaire à grande échelle, « Break the Wave » (Briser la vague). Cette opération, menée en coordination avec les renseignements israéliens, s’est traduite par la mort de plus de 153 Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza en l’espace de neuf mois.
L’armée israélienne continue d’accroître ses ciblages de combattants de la résistance palestinienne en Cisjordanie après son agression militaire à grande échelle contre Gaza, surnommée l’opération « Braking Dawn » (Pointe de l’aube – Jeu de mots avec « breaking down » = démolir, entre autres. NdT), qui s’était soldée par la mort d’au moins 49 Palestiniens, y compris l’assassinat extrajudiciaire de quelques importants dirigeants du Djihad islamique palestinien.
La population palestinienne est pour une part importante une population non combattante. Toutefois, la criminalisation des combattants de la guérilla palestinienne est également en contradiction avec leurs droits en fonction des lois internationales. En tant que peuple occupé, les Palestiniens ont le droit de résister à l’occupation via la lutte armée, et la population civile n’a aucune obligation d’allégeance vis-à-vis de la puissance qui l’occupe.
Malgré cela, les Palestiniens n’ont ni la moindre chance de faire entendre leurs demandes de cessation de l’occupation israélienne ni ne peuvent recevoir la moindre protection contre les opérations israéliennes qui se poursuivent par la campagne d’assassinats qui a lieu actuellement à Naplouse.
Dans le même temps, la résistance palestinienne – qu’elle soit menée par des défenseurs et activistes non violents et non armés des droits humains ou par des combattants armés de la résistance – continue d’être confrontée à une double agression, la première de la part de l’armée israélienne et la seconde de celle de l’Autorité palestinienne et de ses dirigeants.
Pris entre les forces israéliennes et la guerre par procuration
Al-Tawon, l’endroit où Al-Koni a été assassiné, est situé dans la zone même de Naplouse où se trouvent les forces de la Sécurité préventive palestinienne (SPP). La SPP opère en parallèle et en étroite collaboration avec l’unité des renseignements israéliens, le Shin Bet. La zone où Al-Koni a été assassiné peut revêtir une signification symbolique due aux événements qui ont eu lieu à Naplouse précisément les quelques jours qui ont précédé son assassinat.
Le 19 septembre, les forces sécuritaires de l’Autorité palestinienne ont arrêté deux Palestiniens de Naplouse, Ahmed Tbeileh, 21 ans, et Musaab Shtayyeh, 30 ans. Suite à leur arrestation par les Forces sécuritaires préventives en civil, les organisations palestiniennes de la résistance armée connues sous le nom d’« Areen Al-Aswad » ont réclamé leur libération. Dans une série de déclarations et d’appels publics, l’organisation a émis une mise en garde disant que des mesures d’escalade seraient appliquées contre les forces de l’AP, qui sont perçues comme des collabos directs d’Israël, tant que les deux hommes arrêtés ne seraient pas relâchés.
Pendant trois journées d’affilée, des échanges de coups de feu à balles réelles se sont poursuivis entre les organisations de la résistance et les forces de l’AP. Dans d’autres zones, des organisations armées, entre autres, la « Brigade de Jénine », en provenance du camp de réfugiés de Jénine, à 98 km au nord de Ramallah, ont également condamné la collaboration de l’AP avec les forces israéliennes et ont rallié les confrontations.
Mercredi 28 septembre, dans l’apparent sillage de l’opération « Break the Wave », les forces militaires israéliennes ont envahi le camp de Jénine et ont tué Abed El-Fathi Khazem, le frère de Raed Khazem qui avait commis un attentat à Tel-Aviv en avril dernier.
Trois autres Palestiniens, Mohamed Mahmoud Alona, Ahmed Nazmi Alawneh et Mohamed Abu Na’sa, aux prises avec l’invasion militaire, ont été tués eux aussi, et plus de 50 Palestiniens ont été blessés.
Article de Mariam Barghouti, 28 septembre 2022
Source : Mondoweiss – Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine