Actuellement emprisonné par l’occupation israélienne, l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri est sous la menace d’une expulsion imminente vers la France alors que sa carte de résident de Jérusalem a été résiliée et que son ordre d’expulsion a été signé. Dans deux lettres ouvertes, sa mère Denise Hamouri et son épouse Elsa Lefort interpellent Emmanuel Macron pour lui demander d’agir face à la menace de ce nouveau crime de guerre.

 

Monsieur le Président
Je me permets de vous envoyer ce message concernant la situation de mon fils Salah Hamouri
Sa carte de résidence à Jérusalem a été révoquée par Ayelet Shaked actuelle ministre de l’Intérieur israélien sous de vagues prétextes sécuritaires et un défaut d’allégeance à l’état d’occupation, actuellement il est sous la menace imminente d’une expulsion forcée de la ville où il est né et où il a des racines profondes.
Salah vient de passer neuf mois en détention administrative, sa libération sous conditions (pas de rassemblements, de fêtes et de drapeaux) nous a été signifiée par un fonctionnaire de police à Jérusalem, nous avons ensuite appris qu’en fait, il allait être déporté vers la France.
Monsieur le Président, la France, patrie des droits de l’homme, qui porte les valeurs de la liberté, de l’égalité et de la fraternité ne doit pas tolérer qu’un citoyen français soit expulsé contre son gré.
Dans les nombreuses déclarations que nous avons pu lire ou entendre au sujet de Salah, il est dit que « Salah Hamouri doit pouvoir mener une vie normale à Jérusalem où il réside et son épouse et ses enfants doivent pouvoir s’y rendre pour le retrouver »
Salah ne doit pas être déporté, il doit pouvoir rester à Jérusalem avec sa famille comme il le souhaite, ceci doit être une exigence forte de votre part, Salah est français, je suis française, mes enfants sont français, sa femme et ses enfants sont français, il en est de votre responsabilité Monsieur le Président.
De plus, le retrait de la carte de résident de Salah et sa déportation de Jérusalem sont des faits très graves et une porte ouverte à d’autres actions similaires sur d’autres Palestiniens de la ville avec pour objectif à long terme de vider Jérusalem de ses habitants arabes.
Une audience doit se tenir ce mardi pour finaliser les modalités de son expulsion, il nous reste donc quelques jours et un peu d’espoir, nous vous demandons d’agir le plus fermement possible Monsieur le Président.
Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.

 

 

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Difficile d’imaginer dans quel état d’esprit se trouve Salah ce soir, alors que sa détention administrative a pris fin à minuit et que l’occupation a révoqué de sa carte de résident de Jérusalem et émis un ordre d’expulsion à son encontre.
20 ans que Salah subit l’acharnement de cette machine dont le but est de briser les Palestinien·nes et de les chasser de leur propre terre. 20 années de persécution, de restrictions de mouvements, détentions arbitraires, séparation familiale, surveillance, pressions, entraves à exercer sa profession de défenseur des droits humains.
20 ans que la France ne fait pas grand-chose, pas assez pour défendre son citoyen, aussi Palestinien. Si Salah était expulsé de sa terre natale, ce serait une souffrance pour lui et pour toutes celles et ceux qui l’aiment et qui savent à quel point Salah et Jérusalem ne font qu’un. Qu’il a arpenté chacune des ruelles de la vieille ville, qu’un trajet avec lui dans Jérusalem est ponctué des dizaines de salutations, échanges et de sourires. Salah est un fils de Jérusalem, jamais Jérusalem ne quittera Salah, c’est certain. S’il venait a être expulsé de force, Israël commettrait un crime de guerre. Un de plus.
Emmanuel Macron, la France devrait être fière de compter parmi ses enfants un homme qui se lève contre l’occupation, malgré les coups, malgré les souffrances, il refuse de plier. La France ne doit pas se taire face à ce crime de guerre qui touche l’un des siens. Monsieur le Président, vous êtes le seul à pouvoir obtenir justice et liberté pour Salah Hamouri.
Hier, vous dénonciez avec des mots forts les détentions de Français en Iran. Vous décrivez une situation « inacceptable à nos yeux » et assuriez continuer à vous « battre pour les faire libérer ». Monsieur le Président, pourquoi n’avez-vous jamais prononcé publiquement le nom de Salah ? Ne mérite-t-il pas d’être défendu avec autant de vigueur que les autres Français ?
L’occupation que vous dénoncez en Ukraine n’a pas un plus beau visage quand elle a lieu en Palestine. L’occupation c’est la violence quotidienne, la souffrance d’un peuple, des incarcérations, des morts et la loi du plus fort. Il n’y a aucune crédibilité à se tenir aux côtés d’un peuple qui lutte contre une occupation et d’en mépriser un autre, qui aspire aussi à la liberté. Soyez cohérent avec vous-même, dénoncer l’arbitraire colonial infligé par Israël, montrez-vous à la hauteur de l’enjeu. Salah ne doit pas être expulsé de force, agissez Monsieur le Président.