Dans le cadre de la Semaine internationale d’actions pour la libération d’Ahmad Sa’adat et de tous les prisonniers palestiniens, plus d’une cinquantaine de personnes ont participé à la soirée-débat « Palestine : résistance et solidarité » organisée ce jeudi 19 janvier par le Collectif Palestine Vaincra à la Bourse du Travail de Toulouse. Accueillant les participants, une exposition soulignait l’importance de se mobiliser pour la libération des 4700 prisonniers et prisonnières injustement détenus par l’occupation israélienne et de dénoncer les pratiques utilisées par les autorités coloniales comme la torture, la détention administrative ou encore la détention des corps de prisonniers décédés. Par ailleurs, différents panneaux présentaient l’histoire de plusieurs personnalités du mouvement des prisonniers palestiniens comme Ahmad Sa’adat, Walid Daqqa, Marwan Barghouti, Georges Abdallah, Israa Jaabis ou encore Ahmad Manasra.

La soirée a débuté par la diffusion d’une intervention de Khaled Barakat, écrivain palestinien et cofondateur du mouvement Masar Badil. À cette occasion, il est revenu sur les circonstances de la détention d’Ahmad Sa’adat et de ses camarades. Secrétaire général du Front Populaire de Libération de la Palestine, celui-ci a été arrêté le 15 janvier 2002 par l’Autorité Palestinienne dans le cadre de sa « coordination sécuritaire » avec les forces d’occupation mise en place après la trahison des accords d’Oslo. Alors qu’il était sous la garde de soldats états-uniens et britanniques dans la prison palestinienne de Jéricho, celui-ci a été enlevé par l’armée israélienne en 2006 et finalement condamné à 30 ans de prison le 25 décembre 2008 en raison de son rôle de leader de la résistance palestinienne. Par ailleurs, il a rappelé la centralité de la cause des prisonniers dans la lutte de libération palestinienne : « Chaque jour, chaque heure et chaque minute, Ahmad Sa’adat et ses camarades et frères du mouvement des prisonniers palestiniens poursuivent leur lutte pour la libération depuis l’intérieur des prisons sionistes. La confrontation entre les prisonniers et les autorités coloniales en Palestine est un combat quotidien et ouvert que mène le peuple palestinien depuis 1917. Depuis 1948, près d’un million de Palestiniens ont été emprisonnés dans les prisons sionistes. Les prisonniers, hommes et femmes, sont l’avant-garde du peuple palestinien, en étant le noyau dur de la résistance palestinienne. » Par ailleurs, il a lancé un appel à la mobilisation, rappelant que « l’attaque frénétique des sionistes contre le peuple palestinien et le mouvement des prisonniers nécessite plus d’action et d’organisation contre les politiques racistes et coloniales en Palestine ». Pour conclure son intervention, Khaled Barakat a affirmé : « tant qu’il y aura une occupation dans n’importe quelle partie de la Palestine, il y aura des sièges et des prisons. La simple existence d’Israël signifie qu’il n’y a pas de liberté pour les Palestiniens et que les réfugiés ne pourront pas rentrer chez eux. Par conséquent, mettre fin aux souffrances des prisonniers et aux souffrances du peuple palestinien signifie le renversement du régime sioniste et le démantèlement de toutes ses institutions politiques, militaires et économiques en Palestine de la mer au Jourdain ».

La soirée s’est poursuivie par un riche échange avec Alaa Abualrob, Palestinien de Toulouse dont le frère est emprisonné par l’occupation israélienne. Originaire de la région de Jénine, il a d’abord rappelé la grande histoire de résistance de cette région de Cisjordanie occupée et a assuré que cette lutte se poursuit jusqu’à aujourd’hui, soulignant que l’armée israélienne avait assassiné deux Palestiniens de Jénine le matin même. Son frère, Morad Abualrob, a été arrêté le 31 août 2006 par l’armée coloniale et condamné à la perpétuité par un tribunal illégitime pour son rôle dans la résistance palestinienne au sein du Fatah. Il a souligné que l’emprisonnement colonial ne concernait pas seulement le prisonnier, mais touchait l’ensemble des membres de sa famille, racontant dans quelles conditions et avec quelles difficultés de rares droits de visites familiales étaient accordées. Par ailleurs, il a dénoncé le harcèlement continue contre sa famille par l’armée d’occupation. Alaa Abualrob a prolongé la discussion en racontant comment les prisons coloniales sont aussi des lieux de résistance, d’organisation et d’éducation pour les milliers de prisonniers injustement détenus.

Ensuite, il y a eu un échange avec la salle sur de nombreux sujets. Par exemple, il y a eu un débat sur le rôle et la responsabilité de l’Autorité Palestinienne dans la situation politique en Cisjordanie occupée ou encore sur le récent développement de nouvelles formes de résistance parmi la jeunesse palestinienne, à l’image de la Fosse aux Lions de Naplouse et la Brigade de Jénine. Dans ce sens, une militante palestinienne du Collectif Palestine Vaincra et originaire de Naplouse a raconté que la jeunesse palestinienne avait compris que la résistance était la seule voie possible face à l’occupation et la colonisation. Enfin, la discussion s’est terminée sur l’importance de développer la solidarité ici en France, rappelant l’inaction du gouvernement français dans l’expulsion de l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri ou son acharnement contre Georges Abdallah emprisonné en France depuis 1984. Rendez-vous a été donné samedi 21 janvier pour un nouveau Boycott Tour dans le centre-ville de Toulouse afin de réaffirmer que la résistance palestinienne peut compter sur la solidarité internationale dans sa lutte légitime pour une Palestine libre de la mer au Jourdain.

La soirée s’est conclue par un temps convivial autour d’une chorba et d’un taboulé tandis que plusieurs personnes écrivaient des mots de soutien à différents prisonniers palestiniens. Merci encore à la CGT pour son accueil chaleureux et à tous les présents pour ce beau moment de solidarité avec la cause palestinienne. N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez vous mobiliser à Toulouse et à nous suivre sur nos différents réseaux sociaux (FacebookTwitterInstagramTikTok et Telegram).

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