Bain de sang israélien à Jénine : au moins 9 Palestiniens assassinés

Jan 27, 2023 | Palestine

Partager :
         

C’est un véritable carnage qui a eu lieu, ce jeudi matin, quand les forces d’occupation israéliennes ont lancé une attaque contre le camp de réfugiés de Jénine et tué au moins neuf Palestiniens, dont deux enfants et une vieille dame de 61 ans, et en ont blessé des dizaines d’autres.

Un 10e Palestinien a été tué par les forces israéliennes à Jérusalem-Est occupée un peu plus tard ce jeudi.

Très tôt, jeudi, l’armée israélienne, le Shin Bet (l’agence nationale israélienne d’espionnage et de torture) et les forces spéciales de la police ont envahi le camp du nord de la Cisjordanie, prétendument « pour déjouer des plans d’attaque imminents du Djihad islamique palestinien (DIP) », a déclaré l’arme israélienne, d’après The Times of Israel.

Les troupes israéliennes ont prétendu que les militants palestiniens avaient tiré sur elles et que des échanges de tirs s’en étaient suivis.

Le ministère palestinien de la Santé a rapporté que la plupart des blessures des personnes qui arrivaient aux hôpitaux depuis le camp de réfugiés de Jénine étaient des blessures à la tête ou à la poitrine, ce qui indique que « les tirs israéliens contre les citoyens étaient bel et bien destinés à tuer ».

Defense for Children International – Palestine a identifié deux des morts : Abdullah Marwan Musa, 17 ans, et Wasim Amjad Abu Jaes, 16 ans :

Abdullah se trouvait dans une ruelle du quartier d’al-Hawashin, dans le camp de réfugiés de Jénine, puis s’était dirigé vers la rue principale.

Son ami lui avait crié de faire demi-tour quand un sniper israélien planqué à l’une des fenêtres d’un immeuble proche lui avait tiré une balle (réelle) dans la poitrine, a rapporté une enquête de DCI-P sur les lieux.

« Le sniper israélien a tiré trois autres balles sur Abdullah au moment où il s’écroulait au sol », a rapporté DCI-P. « Son ami a demandé aux habitants palestiniens voisins d’appeler une ambulance, mais il a fallu à celle-ci plus de dix minutes pour arriver sur place, du fait que les forces israéliennes empêchaient le personnel médical et les ambulances de porter secours aux Palestiniens blessés, dont Abdullah. »

Dans le même quartier, Wasim se trouvait dans la rue principale en compagnie de plusieurs autres jeunes Palestiniens.

Wasim s’était approché d’un groupe de véhicules militaires quand les forces israéliennes ont ouvert le feu, tirant ainsi cinq balles en direction des jeunes. La plupart d’entre eux se sont enfuis.

« Immédiatement après cela, un véhicule de l’armée israélienne s’est approché de Wasim et l’a renversé », a rapporté DCI-P.

L’organisation a déclaré que Wasim, « vraisemblablement, avait reçu une blessure par balle d’un sniper israélien » mais, puisqu’il « s’était fait renverser par un véhicule militaire israélien et qu’il souffrait de sévères lacérations à la tête, le personnel médical n’avait pu être absolument certain que des balles l’avaient ou pas touché à la tête ».

Ces morts portent à six le nombre d’enfants palestiniens tués par les forces israéliennes depuis le début de cette année.

La femme qui a été tuée s’appelait Majida Obeid.

Les autres personnes tuées au cours de l’attaque israélienne étaient Mutasem Mahmoud Abu al-Hasan, Noor al-Din Sami Ghneim, Muhammad Sami Ghneim, Muhammad Mahmoud Subuh, Saeb Isam Zreiqi et Izz al-Din Yasin Salahat, d’après les renseignements communiqués par le ministère de la santé.

La tuerie de jeudi a porté à 30 le nombre de morts palestiniens des mains des militaires et colons israéliens depuis le début de l’année.

La Brigade de Jénine, une unité de résistance associée au Djihad islamique et cantonnée au camp de réfugiés, a dit qu’elle s’était engagée contre la force d’invasion en tirant des coups de feu et à utilisant des explosifs improvisés, ce qui avait provoqué des blessures dans le camp adverse.

Par contre, l’armée israélienne a fait savoir que ses effectifs n’avaient subi aucune perte.

Des images graphiques et des prises de vue ont été postées dans les médias sociaux, suite au massacre.

Apparemment, des militants palestiniens ont été en mesure d’abattre un drone israélien :

Plus tard, ce jeudi, les forces israéliennes ont abattu et tué un autre jeune Palestinien à Jérusalem-Est occupée. Le ministère de la santé l’a identifié : il s’agissait de Yousef Yahya Muheisen.

 

Un hôpital sous attaque

 

Durant leur offensive, les forces israéliennes ont envahi l’hôpital gouvernemental de Jénine et ont attaqué l’unité de pédiatrie à l’aide de grenades lacrymogènes, a prétendu le ministre de la Santé de l’Autorité palestinienne.

Le personnel médical et les enfants étouffaient sous les gaz lacrymogènes, prétend le ministre. La vidéo qui suit, prise à l’hôpital, montre des femmes qui sortent des enfants des chambres pour les emmener dans les couloirs :

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a qualifié le massacre de « profondément choquant », mais sans mentionner qui l’avait commis.

L’OMS a également réclamé « le respect et la protection des soins de santé et l’accès sans entrave à tout moment aux services de soins essentiels », bien que ç’ait été Israël, et non les Palestiniens, qui a ciblé et entravé les infrastructures et travailleurs médicaux.

Les forces d’occupation israéliennes ont empêché les travailleurs médicaux palestiniens de rallier le camp et elles ont empêché les infirmiers d’y entrer, a déclaré la Société palestinienne du Croissant-Rouge.

Après une heure environ, comme le nombre de tués et de blessés ne cessait de grimper, les forces israéliennes ont finalement permis au personnel du Croissant-Rouge d’entrer dans le camp.

Le Croissant-Rouge a dit que les équipes « faisaient preuve d’une prudence extrême, surtout du fait qu’on entendait des coups de semonce à proximité des ambulances ».

L’organisation médicale a déclaré qu’elle avait évacué au moins 26 blessés à balles réelles.

 

Le blanchiment des mains israéliennes couvertes de sang

 

Un responsable de l’ONU resté anonyme a déclaré sur NPR que c’était « l’opération israélienne en Cisjordanie la plus meurtrière depuis au moins 2005 », a rapporté l’organisation médiatique.

Mais cela n’a pas empêché “l’envoyé des Nations unies pour le processus de paix” de blanchir le massacre.

Tor Wennesland l’a décrit comme un exemple du « cycle incessant de la violence » qui a abouti aujourd’hui à « la mort de neuf Palestiniens », sans mentionner directement que les forces israéliennes étaient bel et bien responsables de ce massacre.

Tor Wennesland a insisté pour que « les autorités israéliennes et palestiniennes réduisent les tensions, restaurent le calme et évitent désormais les conflits ».

L’envoyé régional de l’Union européenne, Sven Koopmans, a approuvé la déclaration de Tor Wennesland en disant qu’il partageait ses « profondes inquiétudes » et qu’il soutenait les « efforts de l’ONU en vue d’une désescalade ».

Steffen Seibert, l’ambassadeur d’Allemagne à Tel-Aviv, a confirmé « le droit d’Israël de protéger ses citoyens du terrorisme » mais sans faire mention du droit des Palestiniens à l’autodéfense et à la résistance contre leur occupant militaire.

Seibert a déclaré qu’il était « embarrassé par le chiffre élevé des pertes » et il a réclamé la « désescalade », tout en passant complètement sous silence le rôle d’Israël dans le massacre de jeudi matin.

Al-Haq, une organisation palestinienne de défense des droits humains, a blâmé la complicité de la prétendue communauté internationale dans le bain de sang de Jénine.

« Après avoir été témoins de l’horrible raid violent des Israéliens contre le camp de réfugiés de Jénine, nous rappelons au monde que les neuf vies palestiniennes ravies aujourd’hui auraient pu être épargnées si le monde avait entrepris des actions en vue de mettre un terme au colonialisme de peuplement d’Israël, à son apartheid et à son occupation et de lui demander des comptes », a déclaré l’organisation.

Des menaces creuses

 

L’envoyé de l’ONU, Tor Wennesland s’est adressé, rapporte-t-on, aux responsables de l’Autorité palestinienne après qu’ils avaient annoncé qu’en réponse au massacre de Jénine, ils allaient suspendre la coordination sécuritaire avec Israël.

Tor Wennesland a insisté pour qu’ils ne le fassent pas.

Le but des efforts de Wennesland est de garantir qu’Israël puisse continuer de tuer des Palestiniens tout en s’assurant que ceux-ci ne résistent pas ni ne se défendent.

Wennesland n’a pas à se soucier de grand-chose.

L’AP a menacé à de très nombreuses reprises de mettre un terme à sa soumission à Israël mais il s’est avéré que, chaque fois, ces annonces étaient creuses et de courte durée – il s’agissait vraisemblablement d’un effort en vue d’apaiser la colère populaire des Palestiniens contre l’évidente collaboration de leurs dirigeants avec les forces de l’occupation.

Depuis sa création au milieu des années 1990, l’Autorité palestinienne a poursuivi son étroite coopération avec les forces d’occupation israéliennes, sous la bannière d’une « coordination sécuritaire ».

Le but de tout ceci est de réprimer la résistance et les protestations palestiniennes contre l’occupation militaire israélienne de la Cisjordanie. C’est aussi la raison pour laquelle les États-Unis et les pays européens ont voulu financer l’AP.

Dans les petites zones de la Cisjordanie occupée où l’AP dispose d’un contrôle nominal, les forces palestiniennes ne sont autorisées qu’à arrêter d’autres Palestiniens. Elles ne peuvent s’en prendre aux soldats ou aux colons israéliens qui agressent des Palestiniens.

Cela signifie en pratique que l’AP est là en fait pour protéger Israël et ses colons.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a répété jeudi que le premier rôle de l’AP consistait à combattre le peuple palestinien et sa résistance pour le compte d’Israël.

« Partout où l’Autorité palestinienne n’exerce pas son autorité, nous serons forcés d’intervenir et de déjouer des attentats terroristes », a déclaré le cabinet de Netanyahou.

Israël considère toute forme d’action des Palestiniens en vue de défendre leurs droits, y compris la résistance armée contre les forces militaires d’occupation, les campagnes non violentes, la défense des droits humains ou les actions juridiques, comme du « terrorisme ».

Dans l’intervalle, Ziyad al-Nakhalah, le secrétaire général du Djihad islamique, a déclaré que « l’agression israélienne n’arrêterait pas la résistance et que les courageux combattants du peuple palestinien resteraient sur le champ de bataille en un état de confrontation continue avec l’ennemi ».

L’organisation de résistance Hamas a condamné le massacre israélien, affirmant que « la gravité d’un tel crime requiert que le peuple palestinien continue de résister à l’occupation israélienne de tous les moyens possibles – un droit juridique garanti par les lois internationales à tous les peuples vivant sous occupation ».

Le cabinet de Netanyahou a prétendu qu’Israël ne cherchait pas « l’escalade ». Toutefois, si le bain de sang continue de s’aggraver, Israël en sera entièrement responsable.

 

Article de Tamara Nassar avec la contribution de Ali Abunimah

 

Source :  The Electronic Intifada – Traduction : Charleroi pour la Palestine