Suite au massacre de Jénine et à l’attaque dans une colonie de Jérusalem, le traitement médiatique dénature la réalité des faits et met sous silence les explications politiques. Comme contribution au débat et à l’analyse, nous reproduisons ci-dessous l’analyse d’un militant du Front de Libération Décolonial.

Comme toujours, le traitement des informations venant de Jénine et de Jérusalem par les médias occidentaux est catastrophique. J’aimerais donc prendre un exemple pour exposer le deux poids deux mesures indécent qui les traverse quand il s’agit de parler de la Palestine. J’expliciterai ma pensée à travers la comparaison de deux articles venant de la même rédaction, l’un portant sur Jénine, l’autre sur Jérusalem-Est. Lorsqu’il s’agit d’une attaque meurtrière orchestrée par Israël, il est primordial de trouver des explications, un contexte qui justifierait le massacre des Palestiniens, alors on évoque des roquettes tirées depuis Gaza qui auraient favorisé l’escalade de la violence.

On notera que durant ce court article, pas un seul Palestinien n’est interrogé pour exprimer son ressenti, les faits ne sont pas détaillés, on ne sait pas qui sont les dix victimes, quelles sont leur histoire, ni même leurs noms. Elles ont juste droit à 3 maigres lignes où on les définit simplement comme des nombres, favorisant leur déshumanisation et laissant la porte ouverte à la propagande israélienne pour les qualifier de « terroristes » sans que ça émeuve grand monde.

Par contre, quand les victimes sont israéliennes, là on a le droit à un article long et détaillé qui prend bien le soin d’interroger des « spécialistes » pour qu’ils étayent leur version des faits.

Encore une fois, la remise en contexte des faits est biaisée et tend à déshumaniser les Palestiniens en les présentant comme de dangereux antisémites. Au lieu de s’attarder profondément sur le caractère illégal et violent de l’annexion de Jerusalem-Est, sur les intimidations, expropriations et les assassinats perpétrés par les colons, l’article mentionne la journée mondiale des victimes de la Shoah alors que ça n’a rien à voir avec les faits relatés.

Il relaie aussi (par le biais du secrétaire général de l’ONU) la propagande israélienne affirmant que la fusillade a eu lieu dans une synagogue alors que c’est faux, elle a eu lieu dans la rue d’une colonie israélienne illégalement implantée à Jérusalem-Est. Là encore, l’article parle vaguement d’annexion et de « quartier de colonisation » sans expliciter ce que cela implique, sans détailler l’impact que cela a au quotidien sur les vies palestiniennes.

Il est aussi bon de noter la différence de narratif lorsque les vies perdues sont palestiniennes ou israéliennes. Lorsque des Palestiniens meurent, les faits sont présentés à la voix passive, on nous dit qu’ils ont trouvé la mort sans que le responsable soit identifié.

À l’inverse, lorsque des Israéliens meurent, le Palestinien est clairement désigné comme responsable et déshumanisé à travers des termes propres à la propagande israélienne (« assaillant », « terroriste », etc.). Cette fois-ci, on a même droit à son profil, car oui, les Palestiniens ne sont présentés comme des êtres humains par la presse occidentale que lorsqu’ils sont coupables, favorisant de fait l’association fallacieuse « palestinien = terroriste ».

Les victimes sont quant à elle bien humaines lorsqu’elles sont israéliennes, on nous parle d’un adolescent de 14 ans, d’un vieillard de 70 ans, soit… mais pourquoi ne pas avoir fait la même chose avec les victimes palestiniennes de Jénine ? Un adolescent aussi y a été tué.

Enfin, cerise sur le gâteau, après avoir détaillé la version israélienne, mettant l’accent sur l’horreur des méthodes utilisées par les Palestiniens, on nous montre la liesse qui s’est emparée des Palestiniens de Gaza et de Ramallah lorsqu’ils ont appris la nouvelle, sous-entendant qu’ils seraient de dangereux terroristes qui se réjouissent de la mort d’innocents sans jamais effleurer l’idée que l’acte commis à Jérusalem puisse être un acte de résistance face à la colonisation, parfaitement légitime selon la résolution 3246 de l’ONU. En fait, à travers le prisme de la majorité des médias occidentaux tout est délégitimé chez les Palestiniens, leur humanité, leurs sentiments, leur droit de résister et, au fond, leur droit d’exister.