Mercredi 8 février, des étudiants et des militants pour la justice en Palestine se sont rassemblés à l’Université Complutense de Madrid pour protester contre la présence de l’ambassadrice d’Israël en Espagne, Rodica Radian-Gordon, à un événement organisé pour « commémorer » les tristement célèbres Accords d’Oslo visant à liquider la cause palestinienne. Les organisations étudiantes et personnes solidaires se sont unis autour du mot d’ordre « Les sionistes hors de l’université ! » exigeant que l’université n’invite pas la représentante d’un État engagé dans des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité visant le peuple palestinien. Après le refus de l’université d’annuler l’invitation, les groupes pro-palestiniens ont appelé à une manifestation devant l’université. Les manifestants à l’extérieur du bâtiment ont été tenus à l’écart de l’entrée de l’université et les détenteurs de billets qui ont essayé d’entrer ont constaté que ceux qui avaient des noms arabes ou des personnes connues comme des militants politiques avaient leurs noms marqués en rouge sur la feuille de présence et se voyaient refuser l’entrée.

Les organisateurs ont souligné le dangereux précédent créé par cette action, car les universités publiques en Espagne (comme la Complutense) sont censées être ouvertes à tous sans discrimination. L’invitation de l’ambassadrice sioniste s’accompagnait également d’une invitation à imposer des pratiques racistes, d’apartheid et des politiques de censure politique à l’université et à ses étudiants. Cela signifie que l’université Complutense accepte les politiques racistes et d’apartheid de l’État sioniste pour sa propre politique, ce qui est d’autant plus troublant que des crédits académiques étaient disponibles pour les étudiants participant au séminaire, dont un certain nombre ont été bloqués en raison de leur nom et de leur origine ethnique.

Les manifestants ont décidé d’entrer dans l’université à 10h50, au moment où l’ambassadrice devait prendre la parole. Ils ont été attaqués par la police ainsi que par un homme – un agent de sécurité israélien – pointant une arme à feu vers les étudiants manifestants avant de pénétrer dans le hall de l’Assemblée. Cette arme était marquée d’une bande adhésive jaune sur le côté qui est un standard pour les agents israéliens sous couverture. Rapidement, cet agent a été exfiltré par la police espagnole.

La presse sioniste a confirmé tout cela : l’homme armé était un agent israélien, le discours de l’ambassadrice a été interrompu pendant la manifestation et elle a été temporairement confinée dans une pièce sécurisée.

La police anti-émeute et la sécurité privée de l’université sont intervenues, portant et trainant un militant et frappant un autre au visage. Ils ont exigé l’identification de tous les manifestants tout en arrêtant deux femmes qui participaient à la manifestation. Elles ont été accusées de rébellion puis finalement d’avoir causées des « blessures légères » aux policiers lourdement armés et protégés qui les ont arrêtées.

Les médias espagnols ont ensuite rapporté que les responsables de l’université ont justifié la présence de l’important dispositif de sécurité et de la police anti-émeute auprès des étudiants qui se sont plaints, parce qu’un homme avait été signalé comme portant une arme – c’est-à-dire l’agent de sécurité israélien. Cependant, la police a attaqué les manifestants et les a forcés à quitter l’université, alors que rien n’indique que l’agent sioniste ait jamais été détenu ou même interrogé.

Cette violence exercée contre les étudiants et les organisateurs pour la justice en Palestine a provoqué une vague d’indignations et de condamnations. Malgré la répression, les manifestants ont montré que l’action directe pour le boycott de l’occupation fonctionne : le discours de l’ambassadrice sioniste a été interrompu, et elle a fui face à la contestation. Pendant ce temps, le régime qu’elle représente poursuit son assaut quotidien contre le peuple palestinien, y compris les exécutions extrajudiciaires, l’incarcération de masse, les démolitions de maisons, le vol de terres, le déni du droit au retour et la poursuite de la Nakba depuis 75 ans. Plutôt que d’arrêter le mouvement croissant pour la justice en Palestine, l’action à Madrid ne fera qu’inspirer davantage d’organisation et d’activité.

En ce sens, cette action directe a consolidé le mouvement antifasciste, antisioniste et anti-impérialiste à l’université et dans les rues de Madrid. L’université sait maintenant que la prochaine fois qu’elle voudra inviter l’ambassadrice sioniste ou d’autres criminels impérialistes, elle devra déployer beaucoup plus de sécurité et de ressources, et même avec cela, elle rencontrera une résistance parmi les étudiants. L’action de mercredi a marqué le deuxième coup significatif porté à l’occupation israélienne dans l’État espagnol ce 8 février, puisque cette date a également marqué la décision de la maire de la capitale catalane de suspendre ses relations avec Israël et le jumelage « Barcelone-Tel Aviv ».

Elle a été suivie d’une autre mobilisation le samedi 11 février, dans le cadre des Jours de colère et de résistance appelées par le Masar Badil, le mouvement palestinien de la voie alternative révolutionnaire. A l’initiative de Masar Badil, Samidoun, Alkarama, Al Yudur et Unadikum, les manifestants se sont réunis sur une place de Madrid pour se tenir aux côtés du peuple palestinien et dénoncer les massacres et les crimes en cours, déclarant que la lutte se poursuivra jusqu’au retour et la libération de la Palestine de la mer au Jourdain.

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Source : Samidoun – Traduction : Collectif Palestine Vaincra