Mercredi 15 février à Toulouse, une centaine de personnes ont participé à la soirée-débat de présentation du rapport d’Amnesty International sur l’apartheid israélien, fruit d’un travail de 4 ans. Celle-ci était co-organisée par Solidarité Palestine Toulouse et Amnesty International avec le soutien de nombreuses organisations, dont le Collectif Palestine Vaincra ou encore la Ligue des Droits de l’Homme et l’Union Juive Française pour la Paix. Cette réussite est d’autant plus importante que la mairie avait imposé un changement de salle à la dernière minute suite à la pression du CRIF, du FSJU et consorts.

En effet, les organisations de défense de l’occupation israélienne ont multiplié pendant plusieurs jours les attaques sur les réseaux sociaux et dans la presse afin de tenter de censurer cette initiative. Comme à l’accoutumée, ils ont utilisé les pires procédés pour essayer d’imposer leur censure : insultes et diffamations contre les organisateurs/trices et leurs soutiens, instrumentalisation de la mémoire des victimes de l’attentat contre l’école Ozar Hatorah en 2012, etc. Franck Touboul, président du CRIF Midi Pyrénées, et la chaîne d’extrême droite israélienne I24 ont poussé la surenchère en nommant Toulouse « QG des antisionistes français » après avoir sous-entendu qu’Amnesty soutiendrait le « terrorisme ». En guise d’aveu de faiblesse, l’ambassade d’Israël en France a même publié son courrier adressé au Préfet de la Haute-Garonne en qualifiant le Collectif Palestine Vaincra « d’association dangereuse ».


Ainsi, la tenue et la réussite de cette soirée viennent mettre un coup d’arrêt aux multiples entraves à la liberté d’expression contre le travail d’Amnesty International dans plusieurs villes. A Lyon, Montpellier ou encore Versailles, des conférences du même type ont été annulées à cause de procédés similaires d’intimidations. Si cette conférence a eu lieu à Toulouse malgré son maire Jean-Luc Moudenc qui a co-signé une tribune pour condamner le rapport d’Amnesty International et qui est coutumier des prises de position anti-palestiniennes, c’est grâce aux capacités collectives des organisations de la solidarité avec la Palestine qui ont su faire face à ces intimidations. Déjà en 2016, la même majorité municipale avait essayé de censurer une réunion publique contre la criminalisation de la campagne BDS en présence de Mohammed Khatib de Samidoun et de l’éditeur Eric Hazan en interdisant le prêt d’une salle municipale. Cette décision avait été condamnée par le tribunal administratif comme « une atteinte grave, manifestement illégale au droit fondamental à la liberté de réunion » et avait ordonné au maire de fournir la salle. Sans nul doute, le souvenir de cette décision juridique a dû être l’une des raisons de la position municipale. Abandonnant l’annulation pure et simple, elle a imposé un changement de salle à la dernière minute mais qui n’a pas eu raison de l’affluence.

Finalement, la soirée a permis de présenter en détail le travail de recherche d’Amnesty International sur l’apartheid israélien notamment à travers la projection d’une vidéo de l’ONG et une présentation de Jean-Claude Samouiller, président de l’antenne française. Ainsi, il a rappelé que « le régime d’apartheid est caractérisé en l’espèce par un système de contrôle de la population palestinienne par les autorités israéliennes, découlant de lois, politiques et pratiques discriminatoires. Ce système a pour conséquence une fragmentation géographique et politique de la population palestinienne, souvent paupérisée et vivant constamment dans la peur et l’insécurité. Il s’illustre en particulier par la restriction draconienne de la liberté de circulation, la dépossession de terres et les déplacements forcés de population ». La rencontre s’est poursuivie par un échange avec la salle où la récente décision de la mairie de Barcelone de suspendre ses relations institutionnelles avec Israël a été saluée. Par ailleurs, un membre du Collectif Palestine Vaincra est intervenu pour souligner que l’apartheid est intrinsèquement lié au projet de colonisation de peuplement et de nettoyage ethnique qui a vu la création de l’État d’Israël. Et qu’ainsi on ne peut pas réduire la lutte contre l’apartheid à une question « d’égalité des droits » mais que c’est bien l’ensemble du projet de colonisation sioniste qu’il faut remettre en cause. C’est d’ailleurs le sens du rapport de l’ONG palestinienne Al Haq sur cette question.

Le succès de cette soirée témoigne de l’importance de développer la solidarité avec la Palestine dans la diversité de nos engagements. Ni la censure, ni les intimidations nous feront oublier la réalité : Israël est une colonisation de peuplement qui pratique une politique d’apartheid.