Quatre jours seulement après le massacre de 11 Palestinien·nes à Naplouse par l’armée israélienne, le plus meurtrier depuis 20 ans, des colons sionistes ont organisé une série d’attaques ce dimanche 26 février dans le village de Huwarra en Cisjordanie occupée. Cette attaque survient après que deux colons vivant dans une colonie illégale ont été tués au sud de Naplouse. Ce déchaînement de violences a provoqué la mort d’un Palestinien âgé de 37 ans, Mahmoud Aqtash, et fait au moins 390 blessé·es. Par ailleurs, 35 maisons ont été totalement détruites et 40 partiellement incendiées. La Société du Croissant-Rouge palestinien a également déclaré que trois ambulances avaient été attaquées, empêchant les secours de se déployer.

Mahmoud Aqtash

Cette opération a été réalisée par plusieurs centaines de colons escortés par l’armée d’occupation comme l’ont souligné de nombreux témoins. Dans des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, on peut voir les colons célébrer leurs attaques ou partager leur repas avec des soldats israéliens. Par ailleurs, cette opération avait été annoncée plusieurs heures auparavant par différents groupes suprémacistes présents en Cisjordanie occupée.

Cette vague de violences coloniales intervient le même jour que la tenue du sommet d’Aqaba en Jordanie. Celui-ci visait à développer la coopération sécuritaire entre l’Autorité Palestinienne et l’occupation israélienne avec la participation des régimes réactionnaires égyptien et jordanien sous les auspices de l’impérialisme américain. Cette rencontre a été très largement dénoncée par la majorité des factions palestiniennes comme une nouvelle trahison de la part de Mahmoud Abbas et sa clique. Dans le camp de Jabalia dans la bande de Gaza, des manifestant·es ont scandé leur soutien à la résistance palestinienne et dénoncé ce récent sommet. De la même manière, de nombreux·ses Palestinien·nes sont descendu·es dans les rues à Jérusalem, dans toute la Cisjordanie et au Liban pour soutenir les Palestinien·nes d’Huwarra pendant que l’Autorité Palestinienne discutait avec l’occupation israélienne de la méthode pour réprimer la résistance.

Rappelons que la Cisjordanie est occupée militairement par Israël depuis 1967. Aujourd’hui, elle abrite environ 2,9 millions de Palestinien·nes, dont beaucoup de réfugié·es, ainsi qu’environ 475 000 colons sionistes qui vivent dans des colonies considérées comme illégales par le droit international. Récemment, le gouvernement d’extrême droite israélien a indiqué la construction de 7000 nouvelles habitations et la légalisation de neuf colonies qui se trouvent dans les secteurs d’Al Khalil, de Naplouse ou encore dans la Vallée du Jourdain. Plus grave encore, le fasciste Smotrich s’est vu confier des pouvoirs étendus concernant les « affaires civiles » en Cisjordanie (routes, infrastructures, etc.), ce qui lui permettra de renforcer la présence de colons. Ce transfert de compétences de l’armée à un pouvoir civil est une étape vers l’annexion pure et simple du territoire palestinien. Déjà en 2020, Netanyahu avait menacé d’annexer une partie de la Cisjordanie, mais avait été contraint de reculer face aux vives réactions d’opposition dans le monde.

 

Comme à son habitude, la France a appelé timidement « toutes les parties » à éviter « d’attiser ces violences et contribu[er] à la désescalade ». Alors que le projet de colonisation de peuplement et de nettoyage ethnique se poursuit depuis 75 ans en Palestine, ces appels à la « désescalade » ne sont rien d’autres qu’une manière de mettre dos à dos les forces coloniales et le peuple colonisé. C’est une tentative qui vise à dénaturer la situation politique actuelle afin de garantir la stabilité du statu quo, celui de l’occupation et de l’apartheid. Face à cette situation, le Collectif Palestine Vaincra renouvelle son appel à soutenir le peuple palestinien et sa résistance légitime, dénoncer la complicité des puissances occidentales (et en particulier la France) et développer la campagne internationale de boycott d’Israël jusqu’à la libération de la Palestine de la mer au Jourdain.