Mardi 14 mars, le Comité de lutte du Mirail a invité le Collectif Palestine Vaincra à animer une conférence débat sur la solidarité avec la Palestine dans le cadre de la mobilisation à l’Université Toulouse Jean Jaurès. Annoncée quelques heures auparavant, celle-ci a réuni une quarantaine d’étudiant·es pour une soirée consacrée à l’anticolonialisme en dépit des minables tentatives de censure organisées par les amis d’Israël et d’Eric Zemmour. Soulignant, une fois de plus, l’alliance stratégique entre l’extrême droite française et l’apartheid israélien.

Nous avons commencé la conférence en revenant sur l’histoire de la colonisation de la Palestine qui a été permise par la convergence d’intérêts entre l’impérialisme et le sionisme, une idéologie coloniale et raciste née au XIXᵉ siècle. Cette alliance fera de la Palestine une terre colonisée, d’abord sous mandat britannique en 1923 puis par la création de l’État sioniste en 1948. Celui-ci voit le jour par un nettoyage ethnique, c’est-à-dire l’expulsion méthodique de plus de 800.000 Palestinien·nes. Cet épisode connu sous le nom de la Nakba (la Catastrophe) perdure encore aujourd’hui, comme on peut le voir à Jérusalem, dans le Naqab ou à Masafer Yatta. Dès sa fondation, l’État sioniste est donc une colonisation de peuplement, au même titre que le Canada ou l’Australie. Elle joue le rôle de poste avancé de l’impérialisme occidental dans le Monde Arabe, son prolongement organique.

Face à cette situation, nous avons rappelé que le peuple palestinien n’a cessé de résister pour défendre son droit à l’autodétermination, de la grande révolte de 1936-1939 à l’Intifada de 1987 jusqu’à aujourd’hui. Cette résistance est un droit inaliénable et il est important de le défendre comme un principe anticolonialiste intangible. L’échec des Accords d’Oslo et du soi-disant « processus de paix » a montré, une nouvelle fois, que le peuple palestinien ne peut compter que sur ses propres capacités à s’auto-organiser et à résister pour faire face à l’occupation israélienne et défendre son projet historique : la libération la Palestine de la mer au Jourdain. Dans ce combat, il doit pouvoir compter sur l’importance de la solidarité internationale et de la mobilisation arabe et palestinienne dans le monde. C’est la leçon tirée par les grandes luttes anticolonialistes et anti-impérialistes victorieuses du XXe siècle, à l’image de l’Algérie et du Vietnam.

La conférence s’est poursuivie en dénonçant l’intensification de la violence coloniale organisée par la coalition d’extrême droite au pouvoir, rappelant qu’elle n’était que le prolongement de 75 ans de nettoyage ethnique, de massacres et de crimes de guerre. Depuis le début de l’année 2023, plus de 80 Palestinien·nes ont été assassiné·es par l’armée d’occupation tandis que les attaques se multiplient contre les 4780 prisonnier·es palestinien·nes qui se mobilisent collectivement depuis 30 jours pour y faire face. Dans ce cadre, nous avons souligné l’importance de la Campagne internationale pour libérer les corps des martyrs palestiniens soutenue par plus de 170 organisations, dont le Collectif Palestine Vaincra. Pratique méconnue et particulièrement abjecte, l’occupation israélienne conserve les corps de 256 Palestinien·nes dans les « cimetières des nombres », où les Palestinien·nes sont enterré·es avec des numéros plutôt qu’avec leurs noms, et détient 131 autres Palestinien·nes dans des morgues. « Ces crimes doivent être dénoncés. Il est temps de dégeler et de réchauffer le cœur des mères et des pères des martyrs. Mettez fin à l’emprisonnement et à l’apartheid dans la mort ! », comme le souligne l’appel de la campagne.

Les crimes perpétrés contre le peuple palestinien sont permis grâce au soutien sans faille des puissances occidentales, comme la France. Par exemple, c’est la France qui fournit le nucléaire à l’État sioniste dans les années 1960. Aujourd’hui, elle développe des accords importants (notamment commerciaux à travers EUROMED) tout en faisant la promotion du « processus de paix », de « la solution à deux États » et autres outils servant en définitive à protéger les intérêts et l’existence de l’État sioniste. Parallèlement, le gouvernement français accentue sa politique de criminalisation du mouvement de solidarité, dont notre dissolution l’année dernière en est un des exemples les plus graves. Sans oublier, évidemment, l’acharnement politico-judiciaire contre le communiste arabe et combattant de la résistance palestinienne Georges Abdallah qui est emprisonné dans les geôles de la République française depuis 1984 alors qu’il est libérable depuis 1999.

Face à ce constat, il est important de développer une mobilisation autour de principes anticolonialistes clairs. C’est tout le sens des campagnes menées par le Collectif Palestine Vaincra depuis sa fondation, en particulier pour la libération de la Palestine de la mer au Jourdain et de l’ensemble des prisonnier·es palestinien·nes (dont Georges Abdallah). Dans ce cadre, nous sommes intervenus pour souligner l’importance du boycott d’Israël et des entreprises internationales complices comme un outil collectif en soutien à la résistance palestinienne. En particulier, nous avons mentionné les campagnes pour le boycott de PUMA et des dattes israéliennes ainsi que celle contre le jumelage de Toulouse avec Tel Aviv, la capitale de l’apartheid israélien.

Enfin, la soirée s’est terminée par une discussion sur ce que l’on peut développer localement comme actions, quels arguments utiliser pour lutter contre la propagande israélienne, mais aussi en soulignant que la répression et les intimidations contre le mouvement de solidarité avec la Palestine ne nous feront pas taire. Rendez-vous est d’ors et déjà donné samedi 18 mars pour la marche contre les violences d’État, le racisme systémique et les frontières ainsi qu’au rassemblement du 30 mars pour exiger la fin du jumelage entre Toulouse et Tel Aviv ! Merci encore au Comité de lutte du Mirail pour l’invitation !