Organisée par la CGT, l’AFPS et Solidarité Palestine Toulouse, une conférence « Liberté pour la Palestine » a eu lieu ce mardi 16 mai à la Bourse du Travail. Soutenue par une vingtaine d’organisations, dont le Collectif Palestine Vaincra, cette initiative avait comme invité l’avocat franco-palestinien et ancien prisonnier politique Salah Hamouri.

Dans une salle comble, Salah Hamouri a put longuement témoigner de son parcours, expliquer en quoi  l’emprisonnement est une arme coloniale et décrire la réalité vécue par plus de 4900 hommes, femmes et enfants injustement détenus par l’occupation israélienne. En particulier, il a dénoncé la politique de « détention administrative » qui permet d’emprisonner sans charge ni procès des personnes pour une durée de 6 mois maximum et renouvelable indéfiniment. Une pratique dont Salah Hamouri a fait l’objet à plusieurs reprises.

Tout d’abord, il a rappelé plus de vingt années d’acharnement politique contre lui par les autorités israéliennes, de son emprisonnement à plusieurs reprises jusqu’à sa récente expulsion. Déporté de sa ville natale Jérusalem en décembre dernier, il est devenu un réfugié palestinien à l’âge de 38 ans qui se bat aujourd’hui pour son droit au retour sur sa terre aux côtés de millions d’autres réfugiés palestiniens.

Il a rappelé que l’emprisonnement était une arme utilisée par l’occupation israélienne, et avant durant le mandat britannique, pour réprimer la résistance du peuple indigène. En particulier, l’arrestation et l’emprisonnement des enfants est une tentative d’empêcher l’émergence de nouvelles générations qui embrassent la résistance. Selon la loi militaire israélienne, l’âge de responsabilité criminelle des Palestiniens est de 12 ans. Chaque année, 500 à 700 enfants sont poursuivis devant les tribunaux militaires israéliens et 155 sont actuellement emprisonnés. Les violences lors des arrestations et l’emprisonnement ont de graves conséquences sur leur développement.

Par ailleurs, il a également souligné les conditions particulièrement humiliantes qui sont imposées aux femmes prisonnières, allant même jusqu’à les garder menottées durant les accouchements. Au nombre de 32, elles représentent toutes les facettes de la société palestinienne : étudiantes, militantes, parlementaires, journalistes, travailleuses de la santé, mères, sœurs, filles, tantes, combattantes de la liberté.

Il est aussi revenu sur la politique de négligence médicale des autorités pénitentiaires israéliennes qui ne fournissent pas de traitements médicaux adaptés pour les plus de 600 prisonniers malades, dont 60 atteints de maladies graves de différents types. Un des symboles de l’inhumanité de cette politique est l’écrivain et révolutionnaire palestinien Walid Daqqah. Emprisonné depuis 1986, il est atteint d’une maladie rare et ne reçoit pas de soins adaptés en dépit d’une situation sanitaire très préoccupante.

Salah Hamouri est également intervenu pour souligner que les prisonniers sont aussi des résistants en dépit des conditions de détention. Il est revenu sur sa participation à plusieurs grèves de la faim collectives qui sont des outils de mobilisation fondamentaux pour les Palestiniens détenus qui n’ont que leur corps comme arme. A cette occasion, il a souligné le combat de Khader Adnan qui est mort après 86 jours de grève de la faim.

Ne supportant pas d’entendre la réalité des pratiques de l’occupation contre les Palestiniens, plusieurs dizaines de partisans de l’apartheid israélien ont interrompu la soirée à 6 reprises. Dans cette délégation de censeurs, plusieurs membres du CRIF étaient présents ainsi que Thierry Sentous et l’ancienne présidente du CRIF Nicole Yardeni, élus tous les deux de la majorité municipale. Aux côtés de cette dernière dans la salle, on a put voir l’ancien élu Aviv Zonabend qui avait été démis de ses fonctions après avoir déclaré qu’il y avait « trop d’Arabes » à Toulouse. Des personnes de l’extrême droite (pro)israélienne étaient aussi présentes, en particulier des hommes qui avaient déjà agressé des militants de la Campagne BDS en 2015. Tentant de censurer la voix d’un défenseur des droits humains franco-palestinien, ils ont été raccompagnés vers la sortie par un service d’ordre soucieux de permettre un échange serein sans menace ni invective. Cette opération était faite en coopération avec un journaliste de La Dépêche qui s’est empressé de publier des vidéos et articles sensationnalistes allant même jusqu’à déformer la réalité. Par exemple, il ne fait pas mention que sur une des vidéos on voit un membre de ces provocateurs jeter une chaise sur un public calme ni qu’une autre personne a tenté d’agresser physiquement Salah Hamouri. Moins d’une heure après, le maire Jean-Luc Moudenc relayait cette campagne sur les réseaux sociaux.

Cette opération coordonnée entre des membres du CRIF et de la majorité municipale soulignent leur fébrilité face à un soutien grandissant avec la cause palestinienne dont Salah Hamouri est devenu un symbole de premier plan en France. Pour autant, celle-ci fut un échec retentissant : la soirée s’est déroulée jusqu’à son terme permettant à l’avocat franco-palestinien de décrire la réalité de l’occupation devant un auditoire de 200 personnes.

Enfin, le Collectif Palestine Vaincra remercie l’ensemble des organisateurs, et en particulier la CGT, d’avoir permis la réussite de cette soirée et de nous avoir invités à tenir un stand de soutien à la libération de Georges Abdallah. Plus que jamais, nous devons développer et intensifier la solidarité avec le peuple palestinien, ses prisonniers et sa légitime résistance jusqu’au retour et la libération de la Palestine de la mer au Jourdain !