Depuis plusieurs jours, l’ambassade d’Israël et plusieurs organisations sionistes mènent une campagne contre le réseau de solidarité avec les prisonnier·es palestinien·nes Samidoun en Allemagne. En particulier, le principal lobby pro-israélien German-Israeli Society a annoncé qu’il avait déposé une plainte auprès de la police berlinoise contre Samidoun afin de le classer comme organisation terroriste en Allemagne et de l’interdire sur la base de la Loi 129b qui criminalise les organisations accusées de soutenir de soi-disant “organisations terroristes étrangères”. Dans la foulée, l’ambassadeur sioniste Ron Prosor a condamné la présence d’affiches de soutien à la résistance palestinienne et aux prisonnier·es palestinien·nes (dont certaines de Samidoun) “sur les arbres” et dans les rues de Berlin, qui “sont devenues comme les rues de Gaza” comme il l’a écrit dans un tweet. Par ailleurs, il a déclaré explicitement que « l’Europe doit clairement œuvrer à la mise hors-la-loi de Samidoun”.
Cette attaque contre l’organisation palestinienne et le mouvement de solidarité avec la Palestine en Allemagne n’est pas un cas isolé. En s’appuyant sur le même type de campagnes médiatiques qui mêlent calomnies et intimidations, la police de Berlin a déjà interdit plusieurs manifestations comme les commémorations de la Nakba en 2022 et 2023 ainsi que pour la Journée des prisonnier·es palestinien·nes en avril 2023. Parallèlement, une conférence des ministres de l’Intérieur des seize États allemands étaient récemment organisée afin de traiter de la « nécessité d’agir en raison de l’augmentation de l’agitation antisémite et anti-israélienne dans le contexte du conflit au Moyen-Orient ». À cette occasion, plusieurs recommandations ont été formulées dans le but de lutter contre “l’antisémitisme lié à Israël” qui s’appuie sur la définition de l’IHRA adoptée par l’Allemagne en 2017 :
- Mise en place d’un cadre juridique pour poursuivre les partisans de la lutte palestinienne
- Criminalisation des slogans tels que “la Palestine sera libre du fleuve à la mer” sous prétexte que ce slogan nie le droit à l’existence de l’occupation sioniste, ce qui est considéré comme antisémite et donc punissable par la loi.
- Interdire les organisations qui soutiennent la Palestine sous prétexte de lutter contre “l’antisémitisme lié à Israël”, entre autres recommandations.
Dans de nombreux pays, les attaques contre les sections et les organisations membres de Samidoun sont coordonnées par de nombreux groupes pro-israéliens avec l’implication officielle et assumée d’ambassades de l’occupation israélienne. Par exemple, la tentative de dissolution du Collectif Palestine Vaincra menée par le gouvernement français a été applaudie par le président israélien Isaac Herzog et soutenue par l’ambassade d’Israël. Des attaques ont aussi eu lieu récemment en Suisse, dans l’État espagnol ou encore au Parlement européen lors d’une conférence d’extrême droite qui exigeait que Samidoun soit qualifié de “terroriste”. Cette offensive fait évidemment suite à la désignation comme « organisation terroriste » du réseau Samidoun par Israël en février 2021.
La campagne qui vise à réduire au silence ce réseau international doit être comprise comme une attaque contre l’ensemble du mouvement de solidarité avec la Palestine et une vaine tentative de réduire au silence un porte-voix essentiel du mouvement des prisonnier·es palestinien·nes. Ce que l’occupation israélienne vise à interdire, c’est l’émergence et le développement d’une organisation et de sa ligne politique radicalement anti-impérialiste et antisioniste qui tourne le dos à plus de 30 ans de trahisons et de compromissions. Comme le souligne Samidoun Deutschland dans une déclaration, « ces attaques ne font que souligner le lien entre les puissances impérialistes occidentales et la colonisation de la Palestine, ainsi que la volonté impérialiste de maintenir le projet sioniste en Palestine occupée. »
Membre du réseau Samidoun, le Collectif Palestine Vaincra réaffirme son entière solidarité avec Samidoun Deutschland et dénonce cette politique de criminalisation contre l’organisation palestinienne et la solidarité avec le peuple palestinien en Europe. Face à ces défis, nous n’avons pas d’autre alternative que de développer le soutien à la résistance palestinienne jusqu’au retour et la libération de la Palestine de la mer au Jourdain !