Nous relayons ci-dessous la prise de position de cinq collectifs contre les CRA (Centre de rétention administrative) et les frontières qui lie la politique de l’impérialisme français, intérieure comme extérieure, et la situation en Palestine occupée.
En tant que collectifs impliqués dans la lutte contre les centres de rétention administrative (CRA) et les frontières, nous affirmons notre solidarité avec le peuple palestinien et alertons sur la récupération et l’instrumentalisation de la situation actuelle par le gouvernement français. Pour rappel, les CRA sont un produit direct de la colonisation. En France, c’est dans le contexte de la répression des personnes originaires de ses ex-colonies (à commencer par l’Algérie) qu’ils ont été créés dans leur forme actuelle.
Fidèle à sa politique colonialiste et impérialiste l’État français exprime son soutien sans faille à l’occupant israélien en Palestine, légitimant ainsi les massacres et déshumanisant les Palestinien·nes, et réprime toute forme de soutien à la résistance palestinienne en France. Dans le même temps, ilaccentue sa politique de répression et de criminalisation de toutes les personnes qu’il considère comme « illégales » sur son territoire, notamment via la loi Darmanin qui est votée en ce moment-même à l’assemblée nationale, et par tous les discours et mesures racistes, répressives, sécuritaires et islamophobes qui l’accompagnent.
Ainsi le gouvernement français, avec la complicité des médias, attise encore une fois la haine et la suspicion envers les personnes sans papiers, les personnes racisées et les personnes musulmanes, toutes désignées comme des menaces potentielles. Dans sa fabrique de la figure raciste de « l’ennemi intérieur », il prétexte l’apologie du terrorisme pour justifier ses mesures de répression, d’enfermement et d’expulsion.
La situation actuelle en Palestine lui permet de renforcer encore ces pratiques habituelles, tout en utilisant son arsenal législatif et sécuritaire pour réprimer tout soutien au peuple palestinien. Le gouvernement français a ainsi empêché Mariam Abu Daqqa, figure féministe membre du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP), de se rendre en Occitanie le 16 octobre pour son cycle de conférences entamé en France sous prétexte que ces rencontres étaient « susceptibles de susciter de graves troubles à l’ordre public ». Elle a ensuite a été violemment arrêtée avant d’être expulsée au Caire. Toujours dans le cadre de sa collaboration avec l’occupant israélien l’État français maintient enfermé depuis 40 ans George Ibrahim Abdallah, militant révolutionnaire de la résistance palestinienne alors même qu’il est libérable depuis 1999. Il est le plus ancien prisonnier politique d’Europe, et continue de lutter depuis sa cellule pour la libération du peuple palestinien et contre l’impérialisme.
Plus généralement, si beaucoup de manifestations en soutien à la Palestine ont été interdites et réprimées, ce sont les personnes considérées comme étrangères qui subissent le plus violemment cette criminalisation notamment sous prétexte « d’apologie du terrorisme ». La semaine du 20 octobre, 3 personnes ont été arrêtées car elles se prenaient en photo devant la tour Eiffel avec un drapeau palestinien. N’ayant pas de papiers français, elles ont été directement envoyées au CRA de Vincennes et l’une d’entre elles a été expulsée à peine quelques jours après. Le 14 novembre, un étudiant s’est vu retirer son droit de séjour pour une inscription contre les bombardements de Gaza sur des panneaux municipaux. Il a reçu obligation de quitter le territoire (OQTF) et une interdiction de retour sur le territoire français de 3 ans, il a été enfermé au CRA de Rennes en vue de son expulsion.
Plus largement, le durcissement des dispositifs législatifs et policiers qui visent l’immigration en France, et notamment la politique mortifère et raciste de fermeture des frontières sous prétexte de « lutte contre le terrorisme », a des conséquences concrètes et dramatiques pour les personnes illégalisées qui vivent ou arrivent en France. Ces mesures ne cessent de tuer, la plupart du temps passant ces morts sous silence, à la frontière, dans les CRA, au travail, dans la rue. Encore ces dernières semaines, deux personnes ont été tuées à la frontière franco-italienne, après avoir été traquées par la police pendant plusieurs heures dans les montagnes du Briançonnais et au moins 8 personnes sont mortes à la frontière franco-britannique.
Tout cela va être renforcé par la loi Darmanin sur l’immigration. Elle permettra à l’État d’utiliser encore plus délibérément les personnes dont il ne reconnaît pas les papiers comme une main d’œuvre jetable et expulsable à merci, tout en les réduisant à vivre dans la peur, sans droits, sans accès à la santé, sans possibilité de logement décent. Darmanin a également affirmé de nombreuses fois sa volonté d’enfermer toujours plus, et d’expulser toujours plus vite. Pour cela, en plus de la simplification des procédures d’expulsion que permet la loi Darmanin, l’État prévoit le doublement du nombre de places en CRA, et donc de nombreuses nouvelles constructions.
Il est nécessaire et urgent de combattre cette politique raciste, coloniale, et islamophobe aux conséquences mortelles.
Face au génocide en cours à Gaza mené par l’occupant israélien avec la complicité de l’État français et des entreprises françaises, nous apportons notre solidarité à la résistance palestinienne et soutenons le peuple palestinien pour la fin des bombardements sur Gaza, la fin du blocus de Gaza, la fin de la politique de colonisation, d’apartheid et de nettoyage ethnique qui dure depuis 75 ans. Vive la Palestine libre !
Face à l’impérialisme, au racisme et à l’islamophobie d’État, vive les luttes internationalistes, décoloniales et antiracistes !
Calais Anti CRA, Lyon Anti CRA, Marseille Anti CRA, Progetto 20K (Vintimille), Toulouse Anti CRA