Samedi 18 mai à Toulouse, plus d’un millier de personnes étaient présentes à la manifestation organisée par de nombreuses organisations politiques, syndicales et associatives à l’occasion du 76ᵉ anniversaire de la Nakba. Alors que Gaza fait face à plus de 220 jours de génocide, le cortège du Comité de soutien à la Palestine réunissait des centaines de personnes et affirmait son soutien à la résistance du peuple palestinien contre plus de 76 ans de colonisation de peuplement sioniste sur la terre de Palestine.

Dans la manifestation, plusieurs slogans et interventions soulignaient l’importance de se mobiliser ici et maintenant pour apporter un soutien significatif au peuple palestinien qui ne fait pas seulement face à l’État sioniste, mais également à l’impérialisme occidental qui poursuit son soutien politique, économique et militaire à cet État génocidaire. En ce sens, des appels à développer la campagne internationale de boycott d’Israël, en particulier contre le groupe Carrefour, étaient relayés. De la même manière, la solidarité avec le communiste libanais Georges Abdallah a été une nouvelle fois exprimée, dénonçant son emprisonnement en France depuis près de 40 ans en raison de son engagement au sein de la résistance palestinienne.

Avec le soutien du Collectif Solidarité Kanaky et de l’association Survie, des centaines de Kanak ont rejoint la marche afin de dénoncer la récente adoption de la loi constitutionnelle de dégel du corps électoral calédonien à l’Assemblée nationale le 14 mai dernier. Avant cette modification, les membres des assemblées des trois Provinces de l’archipel ne pouvaient être élus que par les inscrits sur les listes électorales avant 1998 et leurs descendants, à la suite des accords de Nouméa de 1988 imposés par la lutte Kanak. Comme le rappelle le militant et journaliste Benoit Godin, « pouvoir macroniste et droite coloniale avancent à marche forcée pour liquider le processus de décolonisation. La remise en cause du gel du corps électoral, qui permet d’atténuer les effets démographiques de 170 ans de colonisation, menace les aspirations du peuple kanak à sa pleine émancipation. » Suite à l’adoption de cette loi, une vague de révoltes s’est emparée de l’île faisant face à la violence et aux assassinats racistes des milices coloniales d’extrême droite ainsi qu’à une importante répression de la France qui a ordonné l’état d’urgence et des mesures exceptionnelles, comme l’interdiction du réseau social TikTok. Une situation largement condamnée dans la manifestation toulousaine où slogans et banderoles réaffirmaient leur soutien au droit à l’autodétermination de la Kanaky qui subit une colonisation de peuplement française depuis plus de 170 ans.

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Défilant côte à côte, la foule chantait « Enfants de Gaza, enfants de Kanaky, c’est l’humanité qu’on assassine » ou encore « Palestine vivra, Palestine vaincra ! Kanaky vivra, Kanaky vaincra » exprimant la volonté de lier ces luttes dans un combat commun contre le colonialisme et l’impérialisme.

En arrivant sur la place Arnaud Bernard, différentes organisations à l’initiative de cet événement ont pris la parole. Deux militantes du Collectif Palestine Vaincra sont intervenues en français et en arabe pour rappeler que « ces plus de 220 jours de génocide sont l’expression de la Nakba continu du peuple palestinien qui a débuté le 15 mai 1948 avec l’expulsion de plus de 800 000 Palestiniens et l’établissement d’une colonisation de peuplement sioniste sur la terre de Palestine. Depuis 76 ans, cette Nakba se poursuit avec son lot de violences coloniales et comme seul objectif d’effacer le peuple palestinien. Mais en dépit de 76 ans de Nakba, la résistance palestinienne ne faiblit pas ! Elle se poursuit inlassablement partout où se trouve le peuple palestinien : à Gaza, en Cisjordanie, Al Qods, en Palestine de 48, dans les camps de réfugiés comme en exil et dans la diaspora. Au prix d’immenses sacrifices, celui-ci poursuit son combat jusqu’au retour de tous les réfugiés palestiniens et la libération de la Palestine, de toute la Palestine, de la mer au Jourdain. » Par ailleurs, elles ont salué « la lutte héroïque du peuple Kanak qui se bat contre le colonialisme de peuplement français et pour son droit à l’indépendance. Face à lui, il fait face à une violente répression du gouvernement français. »

Ensuite, plusieurs personnes ont pris la parole pour témoigner de la situation coloniale à laquelle ils font face en Kanaky, mais aussi dans d’autres colonies françaises comme en Guyane. En particulier, un jeune homme a livré un vibrant témoignage pour dénoncer les assassinats de la jeunesse Kanak par les milices d’extrême droite qui sévissent dans l’archipel. De la même manière, un membre de Survie est intervenu pour souligner que le colonialisme « ce n’est pas juste des morts, ce sont des terres volées, des cultures niées et écrasées, c’est la pauvreté, c’est plus de 95% des personnes en prison qui sont Kanak alors qu’ils représentent 40% de la population totale, c’est dire le racisme de cette société coloniale ».

Le succès de cette marche témoigne une nouvelle fois la nécessité de poursuivre et intensifier la mobilisation toulousaine en soutien aux luttes des peuples contre le colonialisme. Dans ce combat, le soutien le plus significatif que nous pouvons apporter est de dénoncer et combattre l’impérialisme français qui d’un côté reste un partenaire stratégique de l’Etat sioniste et continue d’opprimer, coloniser et exploiter de nombreux peuples dans le monde.