Le 21 juillet dernier, de nombreuses personnes défilaient dans les rues de Ramallah pour exprimer leur solidarité avec les plus de 9700 prisonniers palestiniens détenus dans des conditions inhumaines dans les prisons sionistes, mais aussi pour affirmer leur solidarité avec la résistance du peuple palestinien qui fait face à une terrible opération génocidaire à Gaza. Dans les mains des manifestants, les portraits de prisonniers, certains célèbres et d’autres moins connus, côtoyaient les photos des prisonniers tombés martyrs.

Plusieurs personnes arboraient les portraits de leaders politiques emprisonnés de premier plan comme le secrétaire général du FPLP Ahmad Sa’adat, le leader du Fatah Marwan Barghouti ou encore Ahed Abu Ghoulmeh, responsable de la branche pénitentiaire du FPLP. Dans la foule, on pouvait voir également les visages de prisonniers blessés qui subissent la politique de négligence médicale et dont la situation est critique, comme Mustasim Raddad ou Mansour Mawqada, mais aussi les portraits des prisonniers tombés martyrs depuis le 07 octobre, assassinés sous la torture ou par manque de soins. Au coeur de la manifestation, on pouvait observer de nombreux visages de symboles du mouvement des prisonniers palestiniens assassinés par l’occupant, tels que celui du combattant de la liberté et écrivain Walid Daqqah, ainsi que celui de Khader Adnan, qui a été martyrisé après 86 jours de grève de la faim pour demander sa liberté.

Une attention toute particulière a été mise sur les prisonnières palestiniennes. Parmi les prisonnières visibles, des étudiantes de l’université polytechnique d’Al Khalil, incarcérées en décembre dernier, dont plusieurs ont vu leur détention administrative être renouvelée pour la 3ᵉ fois, totalisant ainsi 11 mois d’incarcération. Un poster réclamant la libération de plusieurs étudiantes et universitaires de la plus grande université palestinienne était également brandi avec les photos de Layan Kayed (militante étudiante de gauche, incarcérée en 2021 pendant 16 mois puis en 2023 durant 1 mois avant d’être arrêtée une nouvelle fois le 07 avril dernier), Shahad Owaida (militante étudiante de gauche, arrêtée le 27 mars dernier après qu’elle ait participé à un rassemblement dans son université) ou encore Hadeel Shatara. Universitaire palestinienne et administratrice du programme d’études supérieures à l’université de Birzeit, elle a été arrêtée le 30 juin par les forces d’occupation alors qu’elle rentrait en Palestine depuis la Jordanie au point de passage de Karameh puis elle a été transférée en détention administrative pour une durée de 5 mois. Plusieurs portraits de Diala Ayesh étaient aussi portés par les manifestants. Avocate palestinienne engagée auprès de l’ONG Addameer, Diala Ayesh est incarcérée en détention administrative depuis le 17 janvier 2024.

Parallèlement, les étudiants du Pôle étudiant démocratique progressiste (affilié au Front Populaire pour la Libération de la Palestine et troisième plus grande organisation étudiante dans les universités Palestiniennes) ont rendu hommage à leur camarade Aysar Safi, tombé martyr en mai dernier, assassiné par les soldats de l’armée coloniale alors qu’il participait à une marche pour la commémoration du début de la Nakba. Son frère, Anan, dont la photo était également présente dans la marche, est toujours détenu dans les prisons sionistes.

Depuis le 07 octobre dernier, la situation s’est fortement dégradée dans les prisons coloniales. Le niveau de violence des gardiens est beaucoup plus important qu’il y a 10 mois. Les prisonniers palestiniens sont entassés à 10/12 personnes dans des cellules prévues pour la moitié. Une politique de famine est mise en place et les prisonniers libérés sortent très amaigris et affaiblis. Les prisons sont dans un état d’isolement quasi complet : les journaux, radio, télé et appareils électroniques sont confisqués, les avocats parviennent à faire leurs visites, avec difficulté, dans certaines prisons mais dans d’autres les gardiens menacent les prisonniers et font pression sur ces derniers pour les dissuader de demander la visite d’un avocat. Les visites familiales sont interdites depuis octobre et certaines familles sont sans nouvelles de leurs proches.

Pour les prisonniers de Gaza arrêtés par l’armée israélienne lors de son offensive génocidaire sur l’enclave palestinienne, la situation est encore plus horrible. Des milliers de personnes sont incarcérés dans des bases militaires transformées en camp de détention. Entravés et menottés 24h/24, les yeux bandés la majorité de la journée, les prisonniers sont tabassés au moindre geste, à la moindre demande. Ils sont forcés de rester immobiles, agenouillés à même le sol. Plusieurs témoignages de journalistes et de prisonniers libérés parlent de viols et d’autres agressions sexuelles, dont au moins un viol qui aurait causé la mort d’un prisonnier. Dans ces camps, les prisonniers malades ou blessés ne reçoivent aucun soin adapté. Ils sont entassés dans des hangars, attachés à leurs brancards, nus, équipés de couches pour ne pas avoir à les déplacer. On estime que 18 prisonniers seraient tombés martyrs dans les prisons coloniales et 35 dans les camps de détentions militaires, assassinés par la torture et le manque de soin. Ces chiffres ne comprennent pas les personnes retrouvées dans des fosses communes ou dans des immeubles de Gaza, exécutées par l’armée coloniale alors que leurs membres étaient entravés et leurs yeux bandés.

Face à cette situation dramatique, les prisonniers palestiniens doivent pouvoir compter sur la résistance du peuple palestinien et son mouvement international de soutien qui continuent d’exiger leur libération depuis les rues de Ramallah jusqu’aux capitales européennes. Plus que jamais, nous devons porter cette exigence dans toutes nos mobilisations anticolonialistes contre la poursuite du génocide à Gaza et en soutien à la libération de la Palestine de la mer au Jourdain !