Suite au deuxième tour des élections législatives du 7 juillet dernier, le député de la 8ᵉ circonscription des français de l’étranger Meyer Habib a été battu. Cela a été reçu comme une bonne nouvelle parmi de nombreux soutiens à la cause palestinienne tant celui-ci incarnait la brutalité des soutiens inconditionnels à Israël et à son opération génocidaire à Gaza au sein même de l’Assemblée Nationale. Néanmoins, la nouvelle parlementaire élue Caroline Yadan n’a rien à lui envier. Issue du camp macroniste et ancienne députée de Paris, celle-ci s’est illustrée ces dernières années par ses outrances dans sa volonté de criminaliser toute expression de solidarité avec le peuple palestinien. Les appels à la dissolution de LFI en passant par les diffamations contre le Collectif Palestine Vaincra ou encore les campagnes ineptes (comme affirmer que le slogan Fuck Antisemitism serait… antisémite) sont coutumiers de cette proche du lobby NGO Monitor allié du gouvernement d’extrême droite israélien comme en témoignent leurs réseaux sociaux respectifs.
Au lendemain de son élection, Caroline Yadan a multiplié les interventions dans plusieurs médias (pro) israéliens, en particulier Radio J et Radio Qualita, pour présenter la feuille de route de son mandat à venir. Aux côtés d’Aurore Bergé, la députée a annoncé finaliser une proposition qui vise à « l’intégration dans la loi de la définition de l’IHRA de l’antisémitisme et notamment l’appel à la destruction d’Israël » et qui devrait être proposée à la rentrée. En d’autres termes, sa volonté de criminaliser une fois encore l’antisionisme en instrumentalisant scandaleusement la nécessaire lutte contre l’antisémitisme, en particulier les appels à la libération de la Palestine de la mer au Jourdain ou même pour un État binational.
La députée Caroline Yadan (celle qui a battu Meyer Habib aux dernières législatives) annonce sa volonté de présenter à la rentrée une loi pour criminaliser l’antisionisme. Il va falloir faire bloc contre cette attaque liberticide ! pic.twitter.com/lsd2mIBrnK
— Tom Martin (@TomMartin1948) July 11, 2024
En effet, sept des onze exemples associés à la définition de l’IHRA de l’antisémitisme mentionnent Israël et soulignent les objectifs politiques d’un tel outil qui se révèle être un instrument de la criminalisation des voix pro-palestiniennes comme le révèle le rapport de l’European Legal Support Center paru en juin 2023. Ainsi, il serait antisémite de refuser « le droit à l’autodétermination des Juifs, en affirmant par exemple que l’existence de l’État d’Israël est le fruit d’une entreprise raciste ». Cette définition a été adoptée par différentes institutions nationales et internationales, mais elle a aussi été l’objet de fermes oppositions (à l’image de la municipalité de Strasbourg qui l’a rejetée). En France, le Sénat et l’Assemblée Nationale ont adopté une résolution sur ce sujet mais qui n’était pas contraignante d’un point de vue juridique jusqu’à présent.
Les annonces de Caroline Yadan soulignent une fois encore la volonté d’Emmanuel Macron et de son camp de criminaliser la solidarité avec la Palestine, en particulier les voix antisionistes conséquentes qui appellent au démantèlement d’Israël en tant que projet de colonisation de peuplement illégitime. Cette orientation politique du président de la République a été confirmée durant ces sept dernières années en affirmant scandaleusement à de nombreuses reprises que « l’antisionisme est un antisémitisme ». Face à cette nouvelle attaque contre le mouvement anticolonialiste et antiraciste, nous devons plus que jamais faire bloc et souligner que ces annonces liberticides sont des tentatives désespérées de nous réduire au silence. Alors que le génocide se poursuit à Gaza et pourrait faire plus de 180 000 victimes palestiniennes, nous leur disons fermement que cet objectif restera un échec cuisant et que nous devons plus que jamais soutenir la perspective de la victoire de la résistance du peuple palestinien contre le colonialisme, l’occupation et l’apartheid !