Vendredi 25 octobre à Toulouse, plus de 200 personnes ont participé au meeting pour la libération de Georges Abdallah et en soutien aux peuples palestinien et libanais organisé par le Collectif Palestine Vaincra dans les locaux de la Bourse du Travail. Aux côtés de nombreuses interventions, dont celle de son frère Robert Abdallah et de son avocat Jean-Louis Chalanset, nous avons souligné l’importance cruciale de s’engager pour la libération de ce militant communiste libanais emprisonné en France depuis 40 ans. Au début du meeting, une minute d’applaudissements a été faite pour réaffirmer notre solidarité avec la résistance des peuples palestinien et libanais dans une salle bondée et déterminée à poursuivre leur engagement solidaire en dépit des atrocités commises par l’Etat sioniste.
Ce soir dans une Bourse de Travail pleine à craquer à Toulouse, +200 personnes rendent hommage à la résistance des peuples palestinien et libanais lors du meeting pour la libération de Georges Abdallah organisé par le Collectif Palestine Vaincra.#FreeGeorgesAbdallah pic.twitter.com/Tp9VuOmZAy
— Collectif Palestine Vaincra (@Collectif_PV) October 25, 2024
Nous retranscrivons ci-dessous l’intervention faite par le Collectif Palestine Vaincra :
Merci à tous et toutes d’être présent.es en nombre ici ce soir pour rappeler ô combien la mobilisation pour la libération de Georges Abdallah revêt une importance plus que jamais capitale, en particulier cette année.
Aujourd’hui, Georges Abdallah est entré dans sa 41ème année de détention. 40 ans passés derrière les barreaux, un engagement révolutionnaire toujours intact et une présence toujours plus forte au cœur des luttes ici et ailleurs. Cette année, comme vous le savez est aussi celle qui voit se dérouler sous nos yeux, le génocide du peuple palestinien à Gaza avec l’ignoble complicité des puissances occidentales impérialistes, en particulier la France. C’est aussi celle qui voit s’étendre la guerre menée par l’occupation sioniste, en toute impunité, contre le peuple libanais et bien au-delà. Cette année est enfin celle qui a vu se radicaliser la répression et la criminalisation du mouvement international de soutien à la résistance du peuple palestinien et qui a ciblé des centaines de personnes en France. Notre présence à tous et toutes à ce meeting ce soir et à la manifestation de Lannemezan demain, est donc la preuve, s’il en fallait, que la mobilisation se poursuivra tant qu’il le faudra et qu’elle n’a jamais été aussi forte en dépit de tous ces obstacles.
Si le Collectif Palestine Vaincra, depuis sa création, se mobilise autant pour la libération de Georges Abdallah, c’est parce que nous pensons que le soutenir ce n’est pas seulement soutenir un homme debout et fidèle à ses idéaux en dépit de 40 années de prison. Pour nous, le soutenir c’est d’abord et avant tout soutenir le droit à la résistance des peuples contre l’impérialisme et le colonialisme. C’est soutenir le peuple palestinien qui fait face depuis un an à une terrible opération génocidaire qui s’inscrit elle-même dans une colonisation de peuplement sioniste qui a débuté il y a plus de 76 ans avec la Nakba. Soutenir Georges Abdallah, c’est aussi et surtout soutenir la résistance légitime du peuple palestinien qui se bat pour la libération de la Palestine de la mer au Jourdain, mais aussi celle du peuple libanais qui fait face actuellement à l’extension de la guerre et qui lutte pour pouvoir vivre libre sur ses terres du nord au sud du pays.
Georges Abdallah est un prisonnier de la cause palestinienne au même titre que plus de 10 000 Palestiniens et Palestiniennes, de tous les âges, détenus dans les geôles de l’occupation israélienne et qui font face à d’horribles conditions de détentions qui se sont brutalement détériorées depuis le 7 octobre 2023. Pour les peuples qui font face au colonialisme, l’emprisonnement est l’arme des colons, comme l’a récemment montré la déportation en France de prisonniers politiques Kanak dont un, Iriné, est actuellement à Lannemezan. En Palestine, plus d’un million de personnes ont été emprisonnées depuis 1948, date de l’instauration officielle de l’État sioniste. L’emprisonnement est une réalité qui touche quasiment toutes les familles palestiniennes. A ce titre, 40% des Palestiniens et Palestiniennes vivant en Cisjordanie et à Jérusalem sont passé.es par les prisons israéliennes, chaque famille est donc impactée de près ou de loin par l’enfermement et la torture du colonisateur.
Malgré cela, même si le combat est dur, même si l’avenir est particulièrement sombre, quand on voit notamment les massacres perpétrés à Jabaliya à Jénine ou encore à Beyrouth, Georges et tous les prisonniers et prisonnières palestiniennes sont les fils et les filles de ce peuple qui rejettent toute forme de reddition et continueront de résister quoiqu’il arrive. Parce que l’erreur fondamentale de l’occupation sioniste est de penser que le rapport de force se joue entièrement grâce à sa force de frappe militaire et l’élimination de cadres politiques de tel ou tel parti. C’est nier l’évidence que le peuple palestinien, tout le peuple, luttera contre l’occupation de ses terres quoi qu’il en coûte, et ce, jusqu’à sa libération, comme le font tous les peuples opprimés dans le monde.
Quand on soutient Georges Abdallah, il est évidemment essentiel de parler de la responsabilité de la France dans son maintien en détention. L’acharnement opéré contre lui témoigne en réalité du vrai visage de la France, celle d’une puissance impérialiste et coloniale qui défend coûte que coûte ses intérêts et ceux de ses alliés comme Israël et les États-Unis. C’est pour cette raison que Georges Abdallah est maintenu en prison, alors qu’il est libérable depuis 25 ans, alors qu’il a été libéré par la justice, mais maintenu en détention par décision gouvernementale. En définitive, depuis le 24 octobre 1984, Georges Abdallah est un prisonnier politique en France et c’est un pur scandale !
Mais le sort réservé au militant libanais n’est que la partie la plus caricaturale de la politique française à propos de la Palestine et au Liban. Depuis le 7 octobre 2023, le rôle et la politique de la France au sujet de la situation au Proche-Orient est devenu plus évident que jamais auparavant : elle est un soutien inconditionnel à Israël parce qu’Israël défend ses intérêts dans la région. Cela passe bien évidemment par le soutien diplomatique et politique : aucune sanction contre Israël et des critiques plus que nuancées face aux pires exactions. Ce soutien se matérialise également par le soutien et la coopération militaire : la France fournit toujours du matériel impliqué dans les massacres en Palestine et au Liban. Ce soutien passe également par une répression féroce du mouvement de soutien à la Palestine : interdiction de manifestations, garde à vue, procès pour apologie du terrorisme, des personnes licenciées ou suspendues de leur travail, etc. Cette criminalisation s’intensifie, car en définitive soutenir la Palestine, c’est s’opposer aux intérêts de l’impérialisme occidental. C’est en ce sens que nous pensons que soutenir le peuple palestinien, c’est aussi lutter ici contre l’État français.
Ce meeting est également l’occasion de dire qui si aujourd’hui à Toulouse, 70 organisations se sont unies autour d’un appel pour libération de Georges Abdallah, si de plus en plus de personnes le connaissent, si le mouvement pro-palestinien le soutient plus que jamais, c’est aussi grâce à Georges Abdallah lui-même. Beaucoup de personnes se politisent à travers son histoire, son combat et l’injustice qui lui est faite. L’émergence de militants et militantes nées dans les années 80 lors de son arrestation ou encore durant les années 2000 quand il est devenu libérable, soulignent que les soutiens à Georges Abdallah ne faiblissent pas, mais au contraire se renouvellent et se forment à ses côtés. On peut le voir à Toulouse où des drapeaux pour sa libération sont brandis lors du blocage de lycées comme aux Arènes au printemps dernier, lors de l’organisation de projections du documentaire sur son histoire dans plusieurs universités de la ville ou dans plusieurs quartiers populaires de la ville où son nom est devenu connu au fil des années. L’émergence de cette jeunesse anti-impérialiste est sans nul doute la plus grande victoire politique de Georges Abdallah en plus de celle d’affirmer depuis plus de 40 ans la légitimité de sa cause face à ses geôliers.
Pour conclure cette intervention, nous souhaitons enfin rappeler qu’il y a 15 ans, une poignée de militants et militantes décidaient de s’engager dans la campagne pour la libération de Georges Abdallah à Toulouse. Cela a été permis grâce à un petit nombre de militants qui nous avaient ouvert la voie, à Bruxelles, Paris ou Bordeaux. Aujourd’hui, nous voudrions saluer ces hommes et ces femmes, celles récemment disparues comme Catherine et Suzanne qui nous ont tant transmis, mais aussi saluer celles et ceux qui continuent inlassablement ce combat dont certains sont dans la salle. Merci à vous !
Évidemment, le meilleur hommage est sans nul doute de poursuivre le combat qu’ils et elles ont initié pour la libération de Georges. Et nous souhaitons souligner ici qu’elle est à notre portée. Elle ne dépend que de l’élargissement de notre mobilisation. Lors de la première manifestation de Lannemezan en 2010, nous étions une centaine. Demain, nous serons des milliers et la mobilisation ne cesse de grandir. Il faut donc redoubler d’efforts ici, maintenant et dans les années à venir. Bien sûr, nous attendons le rendu de sa demande de libération le 15 novembre prochain. Mais quoi qu’il arrive, il faudra continuer !
Merci à toutes et tous de m’avoir écouté et nous ne devons jamais oublier : l’Algérie a vaincu, Palestine vaincra, libérons Georges Abdallah !