Timothée Esprit est un syndicaliste de classe qui milite depuis près de quinze ans au sein de la Fédération nationale des industries chimiques CGT en tant que délégué syndical à l’usine Toray-CFE dans la région Paloise. Le 21 mai dernier, il s’est vu notifier une procédure de licenciement par son employeur en raison de la publication d’une photo du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP) sur son compte Facebook personnel. Mercredi 8 janvier à 12h devant la Cour d’appel de Pau, près de 500 personnes se sont réunies pour exiger sa réintégration. Dans la foule aux couleurs des chasubles et des drapeaux de la centrale syndicale, de nombreuses délégations de la CGT venues des quatre coins de la France (en particulier Lille, Marseille, Toulouse et de l’Indre) mais aussi des membres de différentes organisations syndicales (FSU, Solidaires), politiques (PCF, LJR, RP, PCOF, URC, Libertat…) ainsi que pro-palestiniennes (Urgence Palestine, CUPLGIA, Collectif 65 de soutien à Georges Abdallah, AFPS et le Collectif Palestine Vaincra) sont présents en nombre. Au début du rassemblement, celui-ci s’ouvre par les prises de parole de ses collègues du syndicat CGT Toray ou encore du secrétaire général de la FNIC-CGT Serge Allègre sous une salve d’applaudissements. Au micro, tout le monde souligne que ce licenciement est une attaque gravissime qui articule répression anti-syndicale et criminalisation de la solidarité avec la Palestine. Chauffée à blanc par un militant de l’UD CGT 59 à la sono, la foule scande « C’est pas que Timothée, c’est toute la CGT » lors de son entrée au tribunal afin de souligner que cette attaque concerne l’ensemble des syndicalistes de ce pays.

Secrétaire de l’UD CGT 59 condamné à un an de prison avec sursis pour un tract sur la Palestine, Jean-Paul Delescaut témoigne auprès du Collectif Palestine Vaincra des raisons de sa présence. Avec la solidarité chevillée au corps, il a fait le déplacement jusqu’à Pau pour souligner « qu’on a la responsabilité d’exiger la fin du génocide à Gaza […] comme Timothée le porte tous les jours ».

De la même manière, le responsable syndical Olivier Mateu nous rappelle « qu’au regard des raisons qui ont amené au licenciement [de Timothée], qui sont iniques et abjectes, c’est une façon pour nous de marquer encore une fois notre engagement au côté du peuple palestinien et de Georges Abdallah ».

À sa sortie du tribunal, Timothée Esprit prend la parole pour souligner que son licenciement s’inscrit dans une vague de répression anti-syndicale qui vise plus de 1000 syndicalistes CGT, comme l’illustre le licenciement de plusieurs syndicalistes dans son usine. Enfin, il conclut son intervention par réaffirmer sa pleine et entière solidarité avec le peuple palestinien et son engagement en faveur de la libération de Georges Abdallah.

Prise de parole de Timothée Esprit lors du rassemblement de soutien le 8 janvier 2025 à Pau – Crédit photo : Unité CGT

Présents au rassemblement, le Collectif Palestine Vaincra a tenu un stand et distribué des centaines de tracts affirmant que « cette attaque contre un militant anti-impérialiste, fervent défenseur de la cause palestinienne et de Georges Abdallah, n’est malheureusement pas un cas isolé. Des centaines de personnes, militantes ou non, ont été poursuivies, diffamées, condamnées et même parfois suspendues ou licenciées depuis octobre 2023. » Face à cela, nous avons défendu lors de la prise de parole d’un de nos militants, ou lors d’une interview, l’importance de faire front dans la défense des libertés syndicales et contre la criminalisation de la solidarité avec la Palestine.

Alors que des initiatives solidaires se tenaient le même jour dans différentes villes, comme à Lyon ou Paris, le combat pour la réintégration de Timothée Esprit est venu souligner le rôle que doit jouer le mouvement ouvrier et syndical au côté du mouvement de solidarité avec la Palestine afin de lutter contre le génocide à Gaza et ceux qui le soutiennent. Un engagement qui s’est illustré le lendemain avec l’organisation d’une conférence de presse devant la prison de Lannemezan où est détenu Georges Abdallah depuis 40 ans pour son engagement au sein de la résistance palestinienne. Aux côtés de représentants de la FNIC-CGT, de l’UD CGT 59, de l’URC et du Collectif 65 pour la libération de Georges Abdallah, Timothée Esprit a expliqué le sens de sa présence en affirmant que « c’est par le mouvement social et solidaire que nous pourrons obtenir la libération de Georges Abdallah, il a besoin de nous et on ne peut que répondre présent ».

Crédit photo de couverture : Unité CGT