Dans le cadre de la campagne #Palestine2022, nous interpellons les différent·e·s candidat·e·s à l’élection présidentielle autour de 5 questions : le droit au boycott d’Israël et la circulaire Dupond-Moretti, la libération de Georges Abdallah, la définition de l’IHRA sur l’antisémitisme, les mesures face à l’apartheid et la question d’un embargo militaire.
Nous publions ci-dessous la réponse de Nathalie Arthaud, candidate Lutte Ouvrière à la présidentielle.

 

Palestine 2022 : Réponse de Nathalie Arthaud

 

En tant que communiste, je suis inconditionnellement solidaire de la lutte du peuple palestinien pour revendiquer un Etat et pour obtenir la reconnaissance de tous ses droits nationaux. Je condamne totalement la politique de colonisation menée en Cisjordanie depuis des années par les dirigeants israéliens. Cette politique s’inscrit dans la continuité de celle qui a conduit à la spoliation de centaines de milliers de Palestiniens en 1948, dès la naissance d’Israël, et qui condamne encore aujourd’hui leurs descendants à vivre dans des camps de réfugiés. Cette situation est inacceptable et injustifiable, de même qu’est inadmissible le terrorisme d’État pratiqué par les dirigeants israéliens vis-à-vis des habitants de Gaza soumis régulièrement à des bombardements et à un blocus criminel depuis plus de dix ans.

J’affirme donc aussi, comme l’a toujours fait Lutte ouvrière, qu’il est légitime et indispensable de s’opposer à la politique des dirigeants israéliens, et cela dans l’intérêt même de l’ensemble de la population israélienne. Un peuple qui en opprime un autre ne saurait être un peuple libre, telle est ma conviction de militante communiste, et toute l’évolution de la vie politique israélienne ne fait que le confirmer : la majorité des Israéliens payent eux-aussi la politique de leurs dirigeants qui les condamne à vivre en état de guerre permanent et sous la pression de plus en plus forte de mouvement politiques d’extrême-droite. Je tiens donc aussi à affirmer ma solidarité avec tous ceux qui, parmi les Juifs israéliens, s’opposent à la colonisation et à la politique de leurs dirigeants qui se résume à nier les droits des Palestiniens.

Je défends donc la liberté d’expression et de critique sur cette question, comme sur toutes les autres. Et je dénonce fermement les tentatives pour assimiler systématiquement les critiques de la politique israélienne et l’opposition au sionisme à de l’antisémitisme. Cet amalgame est mensonger et scandaleux. Ainsi, j’en profite pour rappeler que bien des Juifs dans le passé combattait le sionisme et son idéologie nationaliste, se revendiquant au contraire des idées communistes et internationalistes, dans lesquelles ils voyaient la seule perspective d’émancipation, y compris pour eux-mêmes.

Quant à Georges Ibrahim Abdallah, il paie depuis bientôt 38 ans le fait de ne pas avoir renié ses engagements et de rester un anti-impérialiste qui dénonce le sort indigne imposé au peuple palestinien et à tous les peuples opprimés du monde. Il lui est reproché sa solidarité militante avec les actes de résistance lors de l’invasion du Liban en 1982 par les troupes israéliennes. Il est libérable depuis vingt ans et à deux reprises un tribunal d’application des peines lui a accordé la libération. Mais l’État français ne l’a pas libéré, cédant aux injonctions des États-Unis, et accessoirement d’Israël.

Je dénonce cet emprisonnement arbitraire et avec Lutte ouvrière je soutiens le collectif pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah qui organise chaque année une manifestation pour l’exiger.

Pour conclure, je tiens à vous préciser que je suis solidaire de votre combat tout en ne partageant pas vos illusions sur ce que vous appelez le « droit international ». L’organisation du monde actuel n’est nullement régie par des prétendues règles de droit mais par des rapports de force entre une poignée de grandes puissances impérialistes. Ce sont ces grandes puissances qui sont responsables de la plupart des conflits qui ensanglantent bien des régions du monde. Et c’est notamment le cas au Moyen-Orient où ces grandes puissances ont amené les peuples à s’entre-déchirer pour mieux préserver leurs intérêts dans cette zone du monde ô combien stratégique à leurs yeux.

Ma solidarité avec la lutte du peuple palestinien s’inscrit tout naturellement dans le combat que je mène en tant que communiste révolutionnaire, celui des travailleurs et de tous les exploités contre l’impérialisme et pour renverser cette organisation économique et sociale fondée sur le pillage et l’exploitation au profit exclusif d’une minorité de privilégiés.