Dans le magma de films et séries proposés en ces temps de confinement, nous avions, nous aussi, envie de vous soumettre quelques bobines cinématographiques pour occuper vos soirées. Alors chaque dimanche, jusqu’à la fin du confinement, nous vous proposons un film palestinien ou lié à la Palestine et à son histoire.

Ce troisième numéro des Bobines palestiniennes, est consacré à la question des réfugié·e·s palestininen·ne·s qui sont près de 6 millions principalement en Jordanie, en Syrie et au Liban mais également les « déplacé.e.s de l’intérieur » qui fait référence aux réfugié.e.s à l’intérieur même de la Palestine (Cisjordanie et Bande de Gaza). Le droit au retour des réfugié.e.s palestinien.ne.s est une lutte centrale dans la résistance palestinienne. Il y a plus de 70 ans, avait lieu la Nakba (« la catastrophe » en arabe). Entre la fin de l’année 1947 et mai 1948, plus de la moitié de la population palestinienne de l’époque a été expulsée de ses terres. Ce nettoyage ethnique a été accompagné de pillages, massacres et autres destructions de villages entiers (531 au total) par les milices sionistes qui servaient la création de l’Etat d’Israël. Pour compléter le tableau, une nouvelle vague d’expulsions sera provoquée en 1967 suite à la Guerre des six jours. Aujourd’hui, près d’un·e réfugié·e sur trois vit dans un des 58 camps que compte les Moyen-Orient. La situation et la quotidien des réfugié.e.s sont sensiblement différents d’un pays à l’autre. A titre d’exemple, citons le cas de la Jordanie où les Palestinien·ne·s représentent près de 60% de la population mais où toute expression politique palestinienne est interdite et réprimée. Au Liban, les réfugié·e·s palestinien·ne·s sont considérés comme des étrangers depuis leur arrivée en 1947-48 et sont privé·e·s de beaucoup de droits, notamment celui de travailler dans de nombreux domaines.

Le film qui nous intéresse aujourd’hui se déroule en Syrie, dans le camp de Yarmouk, le plus grands des camps de réfugié·e·s palestinien·ne·s. En Syrie, la situation de ces réfugié·e·s est évidemment particulière, la guerre ayant provoqué le déplacement de près de 400 000 d’entre eux à l’intérieur de la Syrie et dans les pays voisins. La situation humanitaire des réfugié·e·s est catastrophique en Syrie et le camp de Yarmouk aujourd’hui disparu.

« Les Chebabs de Yarmouk » a été tourné avant la guerre. Ce film est donc témoin de la vie d’avant dans le camp. Celle de l’activité politique, culturelle, celle d’un camp tiraillé entre quotidien et aspirations au retour en Palestine. Celle qui a fait de ce camp, la « capitale » de la diaspora palestinienne. C’est le film que nous vous proposons cette semaine. N’étant pas en accès libre, vous pouvez le louer pour 2 euros sur la plate-forme de diffusion de films documentaires Tënk. En voici le synopsis :

Les « chebabs » de Yarmouk, c’est avant tout une bande de potes, qui se connaissent depuis l’adolescence… Dans le plus grand camp de réfugiés palestiniens du MoyenOrient, créé en Syrie en 1957, ils partagent leur quotidien, se cherchent un avenir. Troisième génération d’exilés, ils ne rêvent plus du retour en Palestine. Mais leur soif de vivre, leur désir de révolte se heurtent aux murs du camp. Au seuil de choix existentiels, l’Histoire les rattrape à nouveau. En mars 2011, éclate la Révolution en Syrie. Le camp sera en grande partie détruit, leur vie bouleversée. Le film, tourné juste avant, cristallise leurs derniers moments, ensemble, à Yarmouk.

Les Chebabs de Yarmouk, un film de Axel Salvatori-Sinz, France, 2012, 77 minutes