Les accords d’Oslo de 1993 constituaient ce qu’il est convenu d’appeler une feuille de route pour la paix. Ils étaient censés déboucher sur la création d’un État palestinien. Mais il n’a jamais été question que les États-Unis ou Israël créent un État palestinien. Le plan consistait plutôt à liquider le mouvement de résistance palestinien et à le remplacer par une entité pseudo-étatique, l’Autorité palestinienne (AP).

Aujourd’hui, 30 ans plus tard, l’AP est plus impopulaire que jamais. Cela est principalement dû à l’accord dit de coordination sécuritaire entre l’AP et Israël. Les accords d’Oslo ont été signés par le président de l’OLP, Yasser Arafat, et le Premier ministre israélien, Yitzhak Rabin, sur la pelouse de la Maison Blanche à Washington, le 12 septembre 1993, en présence du président Clinton. En récompense des accords d’Oslo, Arafat, Rabin et le ministre israélien des Affaires étrangères Simon Peres ont reçu le prix Nobel de la paix l’année suivante.

 

Les accords d’Oslo — un désastre

Avec les accords d’Oslo, l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) a abandonné sa demande initiale de libération de toute la Palestine historique et s’est contentée de la perspective d’un mini-État sur 23 % de la Palestine. Un État qui ne s’est jamais matérialisé.

Avec les accords d’Oslo, l’OLP a perdu sa position de représentant des Palestiniens du monde entier et a été « remplacée » par l’AP, qui ne représentait que les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza. Les Palestiniens de la diaspora (exil) et d’Israël ont été laissés à l’écart. Selon Khaled Barakat, écrivain et militant palestinien, les accords d’Oslo ont été un désastre ! Il précise : « Oslo a détruit le mouvement de résistance palestinien et l’a remplacé par des ONG contrôlées par les donateurs occidentaux ».

 

L’AP et l’accord de coordination sécuritaire avec Israël

L’AP a été créée en 1994 sous la direction de Yasser Arafat et de son parti bourgeois, le Fatah. Alors que la plus grande organisation de gauche, le FPLP, a refusé de rejoindre l’AP, de plus petits groupes de gauche tels que le FDLP, le PPP et le Fida ont rejoint l’AP et y ont pris des positions (pour en savoir plus sur ces groupes, voir : « Le FPLP et la Palestine »). L’accord de coordination sécuritaire était — selon plusieurs analystes — la raison d’être de l’autonomie, c’est-à-dire la raison de la création de l’AP. Avec l’accord de coordination sécuritaire, l’AP s’est engagée à protéger les Juifs israéliens et les intérêts sionistes contre les « terroristes » palestiniens, c’est-à-dire les combattants de la liberté, mais pas à protéger les Palestiniens contre l’oppression sioniste.

Le successeur de Yasser Arafat à la présidence de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a récemment déclaré qu’il considérait la mission de sécurité « comme un devoir sacré ». Le parallèle avec l’Afrique du Sud est évident. Dans ce pays, le régime blanc de l’apartheid a demandé à des policiers noirs de capturer et de tuer des combattants de la liberté noirs, sauvant ainsi la vie de Blancs ! En 2002, ce sont les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne qui ont tendu une embuscade au chef du FPLP, Ahmad Sa’adat, ce qui a conduit à son arrestation dans la prison autonome de Jéricho (où cette autrice lui a rendu visite), d’où il a ensuite été enlevé pour être emmené dans une prison israélienne. En 2021, Nizar Banat, militant bien connu et critique de l’AP, a été capturé et battu à mort par les forces de sécurité de l’AP, ce qui a déclenché des protestations sauvages et conduit à de furieuses manifestations contre l’AP.

 

Le soulèvement en Cisjordanie révèle le rôle de collaborateur de l’Autorité palestinienne

Pendant de nombreuses années, Israël s’est attaché à vaincre le mouvement de résistance à Gaza, dont la population est majoritairement composée de réfugiés et historiquement la plus militante. Mais lorsque des brigades de résistance armée sont apparues en Cisjordanie, telles que la Fosse aux Lions et la Brigade de Jénine, composées à la fois de forces laïques du FPLP et des Brigades des martyrs d’Al Aqsa (groupe critique du Fatah) et d’islamistes du Hamas et du Jihad islamique, Israël a tourné son regard de colonisateur vers les camps de Cisjordanie et a lancé une tempête d’attaques sous le nom de « Breaking the Waves » (Briser les vagues). Ces attaques ont été menées en étroite collaboration avec les colons fascistes, alliés indispensables de l’occupation, qui ont perpétré plusieurs pogroms en Cisjordanie.

 

Quand le camp de Jénine devait être liquidé

Lorsque les forces d’occupation ont envahi le camp de Jénine le 2 juillet, l’intention était de détruire une fois pour toutes le camp, historiquement le plus fort bastion de la résistance en Cisjordanie. Malgré l’utilisation de drones et de 3 000 soldats, les forces d’occupation n’ont pas réussi à anéantir la résistance de Jénine. Cependant, de nombreux bâtiments ont été détruits, 12 Palestiniens ont été tués et 4 000 ont été déplacés. Deux jours plus tard, les troupes d’occupation se sont retirées. Israël poursuit ses attaques dans toute la Cisjordanie, mais à mesure que la terreur sioniste s’intensifie, de nouvelles brigades de résistance palestinienne se forment. Jusqu’à la fin du mois d’août, 216 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie cette année.

C’est surtout dans le contexte du massacre de Jénine que le rôle de l’Autorité palestinienne en tant qu’homme de main d’Israël a été mis en évidence. Au lieu de se joindre à la lutte contre les forces d’occupation, les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne ont cherché à pacifier la résistance palestinienne et ont jusqu’à présent arrêté une cinquantaine de personnes, dont des chefs de brigade, des activistes, des journalistes et des étudiants. Cette situation a donné lieu à plusieurs manifestations directement dirigées contre l’Autorité palestinienne et Mahmoud Abbas.

Comme le dit le texte d’une affiche : Où étiez-vous pendant Jénine, Abbas ? Au début de l’année, en mars, un sondage de pcpsr.org (n° 87) a montré qu’un nombre croissant de Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza étaient favorables à la lutte armée. Que 63 % d’entre eux souhaitent l’annulation de l’accord de coordination sécuritaire avec Israël et qu’ils sont de plus en plus nombreux à vouloir qu’Abbas soit démis de ses fonctions.

 

Dissoudre l’autonomie !

Masar Badil, le Mouvement de la Voie Alternative Révolutionnaire Palestinienne, prône la libération de toute la Palestine historique — de la mer au Jourdain — et estime qu’une étape sur cette voie consiste à lutter contre l’AP et les « partisans d’Oslo ». Masar Badil a récemment écrit : « L’AP craint pour son existence en raison de la croissance rapide du milieu révolutionnaire palestinien et de la résistance armée dans des villes telles que Jénine, Naplouse, Jéricho, Tulkarem et Jérusalem ».

 

Article d’Irene Clausen, militante dans la campagne danoise Boykot Israel et l’organisation anti-impérialiste Internationalt Forum

 

Source : arbejderen.dk – Traduction : Collectif Palestine Vaincra