Alors qu’Israël poursuit son génocide à Gaza, la Coordination universitaire contre la colonisation en Palestine (CUCCP) a appelé à faire du mardi 12 mars une journée de mobilisation sur les campus, notamment pour promouvoir le boycott académique d’Israël. Il faut rappeler que depuis le 7 octobre 2023, toutes les universités de Gaza ont été partiellement ou intégralement détruites et l’armée israélienne a tué au moins 94 professeurs d’université, 231 enseignants et plus de 4 300 étudiants.

Regroupant des chercheurs, des enseignants, des BIATSS et des étudiants, cette initiative a reçu un écho favorable dans plusieurs universités françaises. À Toulouse, le Collectif Palestine Vaincra a tenu un stand durant plusieurs heures sur le site de l’Université Toulouse Jean Jaurès en distribuant des centaines de flyers soulignant que « le système universitaire israélien collabore étroitement avec le système militaire (programmes financés par l’armée, développement de technologies militaires…), [c’est pourquoi] nous devons développer le boycott universitaire sur nos campus pour dénoncer les liens entre les facs françaises et israéliennes ! » De la même manière, un travailleur de la fac a fait un message vidéo pour appeler à développer le boycott d’Israël qui a été vu des dizaines de milliers de fois sur les différents réseaux sociaux.

De son côté, le Comité Palestine Lille a organisé une campagne d’affichage sur le campus PDB où on pouvait lire « A Gaza, cette université serait sous les bombes » ou encore « Étudiants avec la Palestine ».

Sur le site universitaire de Rennes 2, les étudiants ont organisé un lâcher de banderole puis un rassemblement pour interpeller leur présidence sur ses contrats avec la firme états-unienne Hewlett Packard. . En effet, cette entreprise a fourni des services et des technologies à l’armée et à la police israéliennes tout en participant au maintien du système central d’identification d’Israël et à la base de données de la police israélienne. Aux cris de « HP complice, Rennes 2 doit boycotter », les manifestants ont souligné leur engagement en faveur du boycott des entreprises internationales complices d’un État génocidaire.

À l’appel de nombreuses organisations étudiantes et de personnels, un rassemblement était également organisé à l’Université Paul Valery de Montpellier regroupant 150 personnes. “Ses militants dénoncent également la censure dont ils sont victimes quand ils essaient d’organiser des réunions d’informations ou d’évènements sur les campus. Une censure facilitée selon certains militants par la circulaire Rotailleau (du nom de Sylvie Rotailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche), prise le 9 octobre, qui demande aux présidents d’universités “prendre toutes les mesures nécessaires” pour “veiller au respect de la loi et des principes républicains” face à des “dérives”, après les attaques du Hamas sur Israël » comme le rapporte le média Le Poing. De la même manière, le Comité Étudiant-Palestine d’Aix-en-Provence s’est mobilisé en soutien à la grève des professeurs contre la détérioration des conditions de travail, mais aussi pour dénoncer « le déclin de la liberté d’expression et de la liberté politique dans notre fac […] dans laquelle les idées doivent pouvoir s’exprimer librement sans entrave » en particulier en soutien à la Palestine.

Rassemblement sur le campus de Montpellier (crédit photo : « Le Poing »)

En Région parisienne, la mobilisation universitaire en soutien au peuple palestinien s’est également exprimée sur plusieurs campus. Par exemple, une enseignante de Paris Dauphine a pris la parole lors d’un rassemblement appelant à développer le boycott universitaire d’Israël. À la fac de Tolbiac, une projection ainsi qu’une exposition ont été organisées par le comité Palestine de Paris 1.

À Sciences Po Paris, c’est plus d’une centaine d’étudiants qui ont rejoint cette journée de mobilisation en organisant une action d’occupation d’un amphithéâtre pour tenir une conférence sur la Palestine. Déployant drapeaux palestiniens et rebaptisant l’amphi au nom de Gaza, les étudiants anticolonialistes ont aussi organisé une minute de silence en hommage aux plus de 31 000 victimes civiles palestiniennes du génocide.

Très largement relayées sur les réseaux sociaux, ces actions ont suscité une vague d’attaques des soutiens de la politique génocidaire d’Israël. De la direction de Sciences Po Paris jusqu’au plus haut sommet de l’État, tous ont condamné cette action l’associant de manière scandaleuse à de l’antisémitisme suite à une campagne médiatique diffamatoire de la très pro-israélienne UEJF. Dans un communiqué, le Comité Palestine de Sciences Po a réagi affirmant que « suite à notre récente action collective, nous nous retrouvons une fois de plus injustement visés par des allégations infondées d’antisémitisme de la part de l’extrême droite, qui nous a faussement accusés d’être groupe antisémite. Soyons clair.e.s : aucun incident de ce type ne s’est produit, aucun.e étudiant.e n’a été empêché.e d’entrer dans l’amphithéâtre en raison de son appartenance religieuse. II est inacceptable que l’administration, au lieu de prendre position face à la situation urgente du génocide à Gaza, choisisse de jeter la faute sur notre organisation sans aucune enquête ne soit menée, et bien qu’elle ait été présente lorsque les événements se sont produits. Tous les étudiant.e.s, y compris de nombreux.ses étudiant.e.s de l’UEJF, ont été autorisés à entrer. Ils ont également pu poster des images de l’événement qui a duré quatre heures et qui a permis un dialogue mettant à l’honneur des voix palestiniennes et pro-palestiniennes. Les personnes à qui l’accès a été refusé étaient des individus ayant harcelé et intimidé par le passé d’autres étudiant.e.s quant à leurs positions politiques. Ces personnes sont connues pour avoir photographié et filmé des étudiant.e.s pro-palestinien.e.s à leur insu, pour ensuite les poster sur les réseaux sociaux, les exposant ainsi à un risque élevé de harcèlement en ligne. Bien que le problème ait été signalé à l’administration par plusieurs étudiant.e.s, ces actes graves se sont poursuivis et persistent encore aujourd’hui. »

Afin de dénoncer cette campagne de criminalisation de la solidarité avec la Palestine sur les campus français, un rassemblement unitaire est organisé ce jeudi 14 mars à 18H devant les locaux de Sciences Po Paris. Face à la répression anti-palestinienne et au génocide en cours à Gaza, nous devons plus que jamais faire front ensemble pour développer la nécessaire solidarité avec la résistance du peuple palestinien sur nos campus, nos lieux de travail et dans nos quartiers !