Alors que le génocide à Gaza est dénoncé par un nombre croissant d’institutions internationales et d’ONG, les autorités françaises continuent de criminaliser très durement le mouvement de solidarité avec la Palestine. Cette politique est l’expression de leur soutien à l’occupation israélienne qui joue le rôle de proxy pour les intérêts de l’impérialisme occidental dans la région.
Illustration de cette alliance criminelle, le procès en appel du militant décolonial Abdel se tenait à Montpellier le 2 décembre dernier. Condamné à un an de sursis et inscription au Fichier des auteurs d’infractions terroristes (Fijait), l’audience au sein de la Cour d’Appel a duré plus de six heures. Comme le rapporte le média montpelliérain Le Poing, Abdel « n’a cessé de marteler que son propos est d’inscrire la situation actuelle de la Palestine dans une large compréhension politique de sa situation de sujétions coloniale ». Parallèlement, des dizaines de personnes s’étaient rassemblées en soutien devant le tribunal, parmi lesquels des membres du Collectif Palestine Vaincra, Urgence Palestine, BDS France, AFPS, UJFP, PCF ou encore la LJR. Le verdict sera rendu le 3 février prochain.
Tout comme des centaines de personnes en , Abdel, membre de Décolonial News et militant antiraciste fait face à de violentes répressions d’Etat pour avoir osé apporter son soutien au peuple palestinien et à son droit LÉGITIME à résister à la colonisation de ses terres. pic.twitter.com/k0qlbUMhqA
— Decolonial News (@DecolonialNews) December 18, 2024
Le lendemain, dans la même ville, un nouveau procès se tenait contre deux militants de BDS France. Ils étaient poursuivis pour avoir versé de la gouache rouge sur un drapeau états-unien pour dénoncer le soutien criminel de l’administration Biden au génocide en cours lors d’une action en juin dernier. Finalement, l’un d’entre eux sera relaxé et le deuxième, José-Luis Moraguès, sera condamné à une amende avec sursis de 150 euros. « Au final, la Mairie est la grande perdante et par voie de conséquence ses ami·es : Préfet, Sénateur et l’inséparable présidente du CRIF Régional. Criminaliser le BDSF/UP-Montpellier avec la construction d’un narratif qui le diabolise tel était l’objectif de cette opération. La baudruche se dégonfle et les mensonges remontent en surface dévoilant l’opération sournoise de soutien à politique génocidaire d’ Israël » souligne l’organisation anticolonialiste incriminée.
Le même jour, un militant basque recevait une amende de plusieurs centaines d’euros au tribunal de Tarbes pour avoir grimpé la grille de la prison de Lannemezan lors d’une manifestation pour Georges Abdallah en octobre 2023. Un rassemblement solidaire se tenait au même moment avec des membres du Collectif Palestine Vaincra, du Collectif 65 pour la libération de Georges Abdallah et de Iparraldea Palestinarekin.
[Thread] En direct de Tarbes, une délégation se réunit devant le Palais de Justice en soutien à un militant accusé d’avoir escaladé le grillage contournant la prison de Lannemezan lors d’une manifestation de soutien à Georges Abdallah le 21 octobre 2023. pic.twitter.com/paDdjPkd3N
— Collectif Palestine Vaincra (@Collectif_PV) December 3, 2024
Mercredi 18 décembre à Blois, la porte-parole de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) était convoquée au commissariat pour une soi-disant affaire « d’apologie du terrorisme ». Entrée à 9H, elle est sortie vers 11H30 dans l’attente de la décision du parquet. Témoignant leur solidarité avec la militante pro-palestinienne, une cinquantaine de personnes s’étaient rassemblées devant le bâtiment au même moment.
Au même moment, l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri devait participer à une conférence à Lyon organisée par Urgence Palestine. Déjà interdite en novembre dernier en raison d’un soi-disant « risque de trouble à l’ordre public », la préfecture du Rhône a réitéré une nouvelle fois cette censure d’une voix palestinienne engagée en soutien à son peuple qui fait face à un terrible génocide. Une décision vivement dénoncée par le Collectif 69 de soutien au peuple palestinien qui exige que la liberté d’expression de Salah Hamouri soit garantie et la fin de la chasse aux sorcières.
À quelques heures de la conférence, nous venons d’apprendre que la préfecture a une nouvelle fois décidé d’interdire sa tenue.
Nous contestons cette décision honteuse et illégitime. Nous vous tiendrons rapidement https://t.co/jkptG42N3o de l’évolution de la situation. pic.twitter.com/QVJKGp638D
— Urgence Palestine Lyon (@urgencepallyon) December 18, 2024
Mercredi 18 décembre dans la soirée, un match de basketball se tenait entre l’équipe de Nanterre 92 et celle d’Israël Hapoel Holon dans le chef-lieu des Hauts-de-Seine. Alors que de nombreuses associations exigeaient l’annulation de cet événement visant à promouvoir un État génocidaire, la préfecture du département a préféré utiliser une répression scandaleuse. Celle-ci a interdit une manifestation pro-palestinienne, refusé le huis clos du match qui avait été décidé par la mairie et pire encore, elle a mobilisé plus de 500 policiers et gendarmes pour protéger l’équipe ambassadrice du génocide. En dépit de toute cette escalade liberticide, de courageuses personnes ont déployé des drapeaux palestiniens et envahi le parquet, interrompant le match quelques minutes. Suite à cela, 7 militants pro-palestiniens, dont les dirigeants de CAPJPO-Europalestine Olivia Zémor et Nicolas Shahshahani, ont été mis en garde à vue pendant plus de 40 heures et deux d’entre eux ont un procès fin janvier autour de motifs ubuesques.
Des militants pro-palestiniens interrompent le match de ligue des champions entre Nanterre et l’équipe israélienne de l’Hapoël-Holon pour dénoncer le génocide à Gaza.
En réponse des supporters du club israélien attaquent les supporters de Nanterre. pic.twitter.com/zUP0sq6uuX
— Enzo Rabouy (@enzorabouyy) December 18, 2024
Mais cette escalade répressive ne s’est pas arrêtée là. Le Tribunal correctionnel de Paris a condamné le 19 décembre un militant de Perspectives Musulmanes et d’Urgence Palestine, Elias d’Imzalène, à 5 mois de prison avec sursis pour avoir prononcé le mot « intifada » lors d’un rassemblement parisien en septembre dernier. Une peine très lourde qui a été prise en utilisant des amalgames abjects. Comme le souligne son avocat, maître Rafik Chekkat, « le tribunal a considéré que le terme « intifada » signifiait révolte prenant pour « cible » les Israéliens. Je cite : « En Israël, les Intifadas ont eu pour cible les Israéliens ». […] La rédaction de l’arrêt laisse accroire que ce sont les Palestiniens qui oppriment les Israéliens à travers les Intifadas. » Il a poursuivi son analyse de la décision en dénonçant le fait que « la cour a ensuite considéré qu’un appel à l’intifada à Paris signifiait prendre pour cible « la communauté juive dans son ensemble », posant ainsi une équivalence entre Israéliens et français juifs, équivalence que la cour qualifie elle-même d’inappropriée et réductrice, mais sans laquelle tout son raisonnement s’écroule. Ce n’est donc qu’en amalgamant tous les français juifs à Israël que la cour a pu condamner M. Elias d’Imzalène, qui n’a pourtant jamais prononcé les mots « Israël », « juifs » ou même « sionistes », mais a plutôt visé nommément Macron et Biden. »
Beaucoup de choses fausses circulent à propos de l’arrêt rendu par la 17e chambre à Paris condamnant @imzalene à une peine de 5 mois de prison avec sursis.
Voici ce qu’il contient :
Le tribunal a considéré que le terme « intifada » signifiait révolte prenant pour « cible » les… pic.twitter.com/CBzrlSY7VI
— Rafik Chekkat (@r_chekkat) December 19, 2024
Alors que le génocide en cours en Palestine se poursuit depuis plus d’un an grâce au soutien politique, économique et militaire des puissances impérialités occidentales, cette politique répressive et liberticide doit être fermement dénoncée et combattue. Aucun désaccord secondaire ou esprit de chapelle doit justifier une absence de soutien à l’ensemble de ces cas. Plus que jamais, l’urgence est à construire un front de résistance face à la criminalisation de la solidarité avec la Palestine et cela passe par soutenir l’ensemble des personnes qui en sont les victimes. La prochaine échéance importante est bien sûr le rassemblement de soutien à Timothée Esprit. Celui-ci est organisé le 8 janvier prochain devant le tribunal de Pau lors d’une nouvelle audience du syndicaliste CGT pour contester son licenciement pour un post Facebook de soutien à la Palestine. Nous devons y être et faire bloc !