Le 10 octobre dernier, le Ministre de la Justice publie une circulaire. Dans celle-ci, il affirme que « la tenue publique de propos vantant les attaques [du 7 octobre], en les présentant comme une légitime résistance à Israël, ou la diffusion publique de message incitant à porter un jugement favorable sur le Hamas ou le Djihad islamique, en raison des attaques qu’ils ont organisées, devront ainsi faire l’objet de poursuites du chef précité [d’apologie du terrrorisme]. » Depuis sa parution, au moins 626 procédures ont été lancées au 31 janvier 2024 contre des militants et des anonymes sans compter la multitude de manifestations et conférences interdites ainsi que des menaces de dissolution contre des organisations.

Hier, le tribunal correctionnel de Lille a condamné Jean-Paul Delescaut, secrétaire départemental de l’UD CGT 59, à un an de prison avec sursis suite à la publication d’un tract de soutien au peuple palestinien le 12 octobre. Connu pour son engagement en soutien à la Palestine ou encore pour la libération de Georges Abdallah, la condamnation du responsable syndical témoigne d’un climat liberticide inquiétant. « Il s’agit d’un cap gravissime franchi dans la répression des libertés » a vivement réagi la secrétaire confédérale Sophie Binet sur Twitter. Cette décision inique fait suite à de multiples condamnations pour des motifs identiques, à l’image d’un militant décolonial montpelliérain condamné en février dernier à une peine similaire. 

Jean-Paul Delescaut en soutien à la Palestine et Georges Abdallah

Symbole de cette ambiance délétère pour nos libertés fondamentales, la préfecture du Nord décide d’interdire le même jour une conférence de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan dans une salle privée à Lille après qu’elle soit interdite dans une université. Cela fait suite à une scandaleuse campagne menée de concert par Renaissance, la droite et l’extrême droite qui ont multiplié les insultes et propos diffamatoires contre les responsables politiques insoumis. Déjà, des conférences similaires avaient été interdites dans des campus à Rennes et Bordeaux. Ne cédant pas à la censure, près d’un millier de personnes se sont rassemblées place Vanhoenacker dans le chef-lieu des Hauts-de-France. Finalement, on apprend le 19 avril que Rima Hassan est également convoquée par la police pour « apologie du terrorisme ».

Comme si cela ne suffisait pas, les organisatrices de la marche parisienne du 21 avril « contre le racisme, l’islamophobie et pour la protection de tous les enfants » annoncent également l’interdiction de l’initiative par la préfecture de Paris. « En cause : les mots d’ordre et « les fondements » de la manifestation. C’est d’abord le fait de dénoncer des crimes policiers qui pose problème, notamment parce que cela serait de nature à attirer des éléments violents. C’est ensuite le souhait de « porter attention aux enfants de Gaza » qui serait susceptible de provoquer l’expression de slogans antisémites, en dépit du fait que pas incident n’ait émaillé le juste mouvement de solidarité avec la Palestine qui a lieu depuis octobre dernier » soulignent les militantes Amal Bentounsi et Yessa Belkhodja dans leur communiqué.

Cette pluie d’interdictions n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein. Depuis plusieurs mois, des initiatives pro-palestiniennes sont régulièrement interdites, notamment à Aix-en-Provence ou encore Montpellier. Récemment, c’est la projection d’un documentaire qui a été interdite. « Au dernier moment, la mairie et la police de Hérouville-Saint-Clair ont fait pression sur la maison des associations pour faire annuler notre projection du film Fedayin, le combat de Georges Abdallah. Ce faisant, ils n’ont fait que montrer une énième fois leur vrai visage : le harcèlement contre les militants qui osent dénoncer le génocide en cours du peuple Palestinien » dénonce le Comité Palestine HertrouvilleParallèlement, les convocations pour « apologie du terrorisme » ou « incitation à la haine » se multiplient à l’image des militants de Révolution Permanente auditionnés cette semaine, dont leur porte-parole Anasse Kazib, ou encore les militants de Solidaires Etudiant-es EHESS.

Face à cette offensive sans précédent contre le mouvement de solidarité avec la Palestine, l’ensemble des personnes soucieuses de défendre les libertés démocratiques doivent comprendre que cette radicalisation autoritaire nous concerne tous ! En ce sens, l’appel d’Olivier Besancenot et de nombreuses organisations à faire front commun doit être un point d’appui à construire une riposte nécessaire !