Alors que le génocide à Gaza se poursuit depuis six mois, la criminalisation de la solidarité avec la Palestine se développe avec une extrême brutalité. Selon le Ministère de la Justice, il y a plus de 600 procédures en cours pour « apologie du terrorisme » ou « incitation à la haine » suite à des expressions en lien avec la situation politique en Palestine. Cela fait suite à la publication d’une circulaire le 10 octobre dernier par Éric Dupond-Moretti qui rappelle que « la tenue publique de propos vantant les attaques [du 7 octobre], en les présentant comme une légitime résistance à Israël, ou la diffusion publique de message incitant à porter un jugement favorable sur le Hamas ou le Djihad islamique, en raison des attaques qu’ils ont organisées, devront ainsi faire l’objet de poursuites du chef précité. »

Récemment, le procureur de la République a requis un an de prison avec sursis contre Jean-Paul Delescaut, secrétaire général de l’UD CGT du Nord, dont la décision a été mise en délibéré au 18 avril. Quelques mois auparavant, un militant décolonial de Montpellier était condamné à douze mois de prison avec sursis et inscription au Fichier des auteurs d’infractions terroristes (Fijait). Ce ne sont que deux exemples de très nombreux cas qui touchent essentiellement des personnes isolées et anonymes, mais aussi des responsables politiques et associatifs comme le directeur de publication du NPA.

Le 8 avril dernier, Révolution Permanente nous apprend que deux de ses militants, dont son porte-parole Anasse Kazib, sont convoqués par les services anti-terroristes de la police judiciaire suite à des prises de position en faveur du peuple palestinien. Déjà, un militant de RP de Toulouse, Gaëtan Gracia, avait été convoqué au commissariat pour des motifs similaires en novembre dernier. « Alors que les procédures s’enchaînent depuis des mois, défendre le droit à la solidarité et à porter des discours anti-impérialistes doit être l’affaire de toutes celles et ceux qui sont préoccupés par le durcissement autoritaire du régime » souligne l’organisation politique sur son site internet. L’annonce de ces convocations a suscité une vague d’indignation salutaire qui doit pouvoir s’exprimer le plus largement possible contre toutes les personnes réprimées.

De la même manière, Politis a publié une tribune co-signée par de nombreuses organisations et personnalités afin de dénoncer la récente convocation de militants de Solidaires Etudiant-es EHESS par les services de lutte contre le terrorisme pour leur soutien au peuple palestinien. Dans celle-ci, les signataires affirment que « si c’est ici le soutien à la Palestine qui est visé, c’est plus largement la possibilité de l’expression de toute parole politique qui est attaquée. L’accélération que marquent ces convocations s’inscrit dans un contexte répressif global du mouvement social, qui est toujours plus criminalisé, illégitimé et étouffé et vise à faire taire toute forme de contestation. »

Derrière les déclarations hypocrites d’Emmanuel Macron à un « cessez-le-feu », cette politique de criminalisation tout comme sa poursuite de son commerce des armes avec Israël témoignent de l’alliance stratégique entre l’impérialisme français et l’État sioniste. Et c’est bien face à cela que nous devons nous mobiliser pour mettre un terme au génocide en cours à Gaza. Dans ce cadre, construire un front commun face à la répression de la solidarité avec la Palestine est d’une urgence impérieuse !