Samedi 16 janvier, le réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens Samidoun a organisé un webinaire dans le cadre de la Semaine internationale d’actions pour la libération d’Ahmad Sa’adat. Le webinaire s’est concentré sur l’emprisonnement du dirigeant palestinien Ahmad Sa’adat et l’héritage révolutionnaire et la lutte continue du mouvement des prisonniers palestiniens.
Charlotte Kates, coordinatrice internationale de Samidoun, a présenté le programme et a fait une brève introduction du cas d’Ahmad Sa’adat. Le secrétaire général du Front populaire pour la libération de la Palestine purge actuellement une peine de 30 ans dans les prisons israéliennes. Il a été kidnappé lors d’une violente attaque des forces d’occupation contre la prison de l’Autorité palestinienne où il était détenu dans le cadre de la «coordination sécuritaire » avec l’occupation israélienne, avec la participation de gardes américains, britanniques, canadiens et turcs. Son cas reflète le rôle dévastateur de l’Autorité palestinienne et du processus d’Oslo pour la cause palestinienne, ainsi que l’implication directe de l’impérialisme dans l’assujettissement et la répression du peuple palestinien.
Hadeel Shatara, la coordinatrice du réseau Samidoun en Palestine occupée, a parlé en première et a abordé la réalité actuelle de la coordination sécuritaire entre l’Autorité palestinienne et Israël. Elle a souligné comment cela se reflète dans la répression politique et l’emprisonnement dirigés contre les résistants et militants palestiniens, y compris les militants étudiants, les femmes militantes et leaders communautaires. Elle a évoqué les types d’accusations portées par l’Autorité palestinienne dans les affaires politiques, y compris les fausses allégations de «pratiques sectaires » ou la diffamation de responsables politiques. Elle a souligné que ces pratiques répressives étaient directement liées au rôle de l’AP en tant qu’intercesseur du colonialisme israélien et de la domination sioniste.
Elle a été suivie par Lena Meari, éminente spécialiste palestinienne de la décolonisation, de la résistance et de l’emprisonnement politique. Elle est l’auteure de « Soumoud: Une philosophie palestinienne de la confrontation dans les prisons israéliennes ». Professeure adjointe d’anthropologie au Département des sciences sociales et comportementales et à l’Institut d’études des femmes de l’Université de Birzeit, elle est née à Haïfa dans une famille de réfugiés du village d’Al-Birweh. Dans sa présentation incisive, Lena Meari a abordé la résistance, l’auto-organisation et la lutte anticoloniale des prisonniers politiques et des détenus palestiniens. Elle a mis en lumière l’histoire, le développement et la situation actuelle des grèves de la faim, la résistance aux interrogatoires et le refus d’avouer dans le cadre de la pratique du Soumoud. Elle a souligné le leadership politique et anticolonial des prisonniers palestiniens, soulignant que les campagnes de solidarité ne doivent pas représenter ces militants comme des victimes ayant besoin d’aide, mais comme des combattants de la liberté dans un mouvement de libération.
Le dernier orateur était Mohammed Khatib, coordinateur de Samidoun en Europe, qui a parlé de l’importance de soutenir la résistance palestinienne et de défendre le droit des Palestiniens de résister, de retourner chez eux et de libérer leur terre. Il a lu une déclaration publiée par Ahmad Sa’adat sur le cas d’Omar Nayef Zayed, soulignant une fois de plus les liens entre Israël, l’Autorité palestinienne et les puissances impérialistes dans la répression de la lutte palestinienne. Il a souligné l’importance de l’organisation palestinienne et de la poursuite d’une voie alternative de résistance pour la libération, appelant au boycott des élections de l’AP réclamées plus tôt par le président de l’AP Mahmoud Abbas.
La discussion qui a suivi était d’une grande qualité. Elle a abordé un certain nombre de sujets, y compris l’appel croissant à revenir au boycott complet des élections à la Knesset prévues pour mars 2021. Mais aussi la nécessité de centrer les revendications sur le droit au retour et le droit de résister. La discussion a également souligné que l’histoire du mouvement révolutionnaire palestinien était partie intégrante des mouvements anti-coloniaux et anti-impérialistes, en particulier ceux d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. Lena Meari a conclu l’événement par un appel à la « solidarité radicale » qui englobe la résistance et la politique révolutionnaire, soulignant que « la solidarité avec la cause palestinienne est aussi la solidarité avec soi-même », contre toutes les formes d’exploitation et d’oppression.