Alors que l’occupation israélienne poursuit son opération génocidaire à Gaza depuis plus de 80 jours, de nombreux pays européens poursuivent leur politique de criminalisation de la solidarité avec la résistance du peuple palestinien. Cette répression est l’expression de l’alliance stratégique entre l’impérialisme occidental et l’État sioniste dont plusieurs pays refusent de plus en plus toute possibilité de contestation de cette politique.
Par exemple, deux éminents activistes britanniques pour les droits du peuple palestinien, Mick Napier et Tony Greenstein, ont été arrêtés la semaine dernière. Cofondateur de la Campagne écossaise de solidarité avec la Palestine (SPSC), Mick Napier a été arrêté lors d’une manifestation pro-palestinienne à Glasgow en Écosse le 16 décembre dernier et inculpé pour « soutien à une organisation interdite » en vertu de la loi sur le terrorisme. Il avait prononcé un discours dans lequel il disait : « Je suis d’accord avec le droit des Palestiniens à résister par les moyens qu’ils choisissent. » Dans un communiqué, SPSC nous informe que « les conditions de libération sous caution imposées à Mick Napier incluent l’interdiction du centre-ville de Glasgow. […] Il lui est également interdit d’assister à toute protestation de quelque nature que ce soit en Écosse. » Face à cette attaque, SPSC rappelle que « la défense de nos droits fait partie intégrante d’une solidarité effective avec les Palestiniens » et conclu en affirmant que « la réponse la plus appropriée à cet harcèlement est de maintenir et d’intensifier votre activité pour la liberté palestinienne. » De son côté, le militant juif antisioniste Tony Greenstein a été arrêté à son domicile de Brighton le 20 décembre dernier à l’aube. Il a expliqué à The Electronic Intifada que la police l’avait interrogé à propos d’un message qu’il avait publié sur X contre le génocide à Gaza. Par ailleurs, il a affirmé qu’il s’agissait « très clairement d’une attaque contre la liberté d’expression ». Ces différents cas de répression en Grande-Bretagne ne nous feront cependant pas oublier que la mobilisation extrêmement massive contre les criminels sionistes connait de nombreux succès dans ce pays. En particulier, « huit militants de Palestine Action qui ont eu recours à des mesures directes pour fermer le commerce israélien des armes ont été acquittés d’un total de 12 chefs d’accusation » nous apprend un communiqué du mouvement. Cofondatrice de cette organisation, Huda Ammori a fait remarquer que : « Après avoir repoussé nos arguments pendant deux ans, l’État n’a pas réussi à dissuader à nouveau un mouvement mondial d’action directe sans cesse croissant. […] Le devoir du peuple est clair — de prendre toutes les mesures directes possibles pour fermer Elbit Systems où que vous soyez. La justice sera complète lorsque la Palestine sera libre. »
De la même manière, l’Allemagne est le théâtre d’une vague de criminalisation sans précédent contre les défenseurs du droit du peuple palestinien à résister à une offensive génocidaire qui a déjà fait plus de 20 000 victimes civiles à Gaza. Après l’interdiction de la branche allemande du réseau international Samidoun et des perquisitions contre ses militants en novembre dernier, c’est l’organisation de femmes antifascistes et anti-impérialistes ZORA qui a été prise pour cible à Berlin. Mercredi 20 décembre aux premières heures du jour, 170 policiers ont perquisitionné six appartements et deux locaux dans différents quartiers de Berlin. La rafle visait quatre femmes et un homme âgés de 18 à 23 ans, qui auraient distribué des tracts intitulés « Pas de libération des femmes sans libération de la Palestine » qui affirmaient qu’il était important de « renforcer les forces progressistes » en Palestine. Parallèlement, les autorités allemandes tendent d’imposer l’interdiction de certains slogans qui remettent en cause la légitimité du projet de colonisation de peuplement sioniste en Palestine occupée en procédant à des interpellations et des confiscations de matériels durant plusieurs manifestations. Pire encore, la Saxe-Anhalt veut demander aux migrants de reconnaître le droit d’Israël à exister et de ne pas remettre en cause sa légitimité comme conditions à leur naturalisation. Ces législations racistes et ces vagues de perquisitions et d’arrestations sont parti intégrante d’une stratégie qui vise à intimider et silencier les communautés palestiniennes et arabes, mais aussi les organisations progressistes antisionistes qui se mobilisent massivement en Allemagne. Mais force est de contester que cette stratégie est mise en échec, y compris dans le domaine judiciaire. Récemment, le tribunal administratif de Münster a déclaré que les slogans « Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre » et « Israël, assassin d’enfants » ne sont pas illégaux et sont protégés par la liberté d’expression. Il en va de même pour « Arrêtez le génocide à Gaza », comme le rappelle le tribunal administratif de Cologne.
En France, la vague de criminalisation contre le mouvement de solidarité avec la Palestine se poursuit. Dans la région de l’Isère, la préfecture interdit encore plusieurs réunions publiques en faveur du peuple palestinien à Grenoble. Par exemple, une réunion publique du NPA intitulée « Israël assassin, impérialistes complices » a été interdite à deux reprises en novembre puis début décembre. Dans un communiqué, le collectif Libérons Georges Abdallah 38 souligne que « cette interdiction témoigne encore une fois de la complicité coloniale et impériale de l’État français avec l’État sioniste ». Plus récemment, une rencontre avec le chercheur Yannis Arab organisée par le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires a également été interdite par un arrêté préfectoral liberticide ce vendredi 22 décembre. Finalement, celle-ci a pu avoir lieu le lendemain dans une salle bondée. Ces interdictions ne sont malheureusement pas des cas isolés. Dans les Alpes-Maritimes, le préfet prend des arrêtés pour interdire les manifestations pro-palestiniennes depuis le 27 octobre malgré le désaveu systématique du tribunal administratif. En Région parisienne, une conférence a été interdite le 21 décembre dernier sur le campus ENS-Jourdan sur des motifs fallacieux, sous la pression de l’extrême droite israélienne. Plus préoccupant encore, six personnes ont été brutalement arrêtées dans la rue, car elles se seraient mobilisées pacifiquement contre le salon de l’Alyah qui se tenait le mardi 19 décembre à Lyon. Comme l’affirme un article de Rebellyon, ce salon « a pour objectif d’aiguiller les candidat-es à la colonisation de la Palestine dans leur démarche pour s’installer là où vivent déjà d’autres gens, dans la perspective assumée de les y remplacer. » L’article nous informe qu’un « petit groupe d’une douzaine de sympathisant-es de la cause Palestinienne […] a choisi de ne pas manifester avec bruit et de se contenter de tenir des pancartes et des drapeaux palestiniens sur le trottoir en face de l’événement. » Ces personnes ont été brutalement arrêtées par la police tandis que des nervis de l’extrême droite israélienne les menaçaient. Six personnes ont été placées en garde à vue et leurs téléphones ont été confisqués. Cela vient en écho avec une attaque d’un groupe fasciste contre une réunion publique du Collectif 69 de soutien au peuple palestinien en novembre dernier où la police avait mis plus de 40 minutes à intervenir et en appréhendant une seule personne. À cela s’ajoute plusieurs procédures pour « apologie du terrorisme » contre de nombreuses organisations, militants mais aussi anonymes à l’image de celles contre le directeur de publication du NPA ou contre un militant de Révolution Permanente.
Alors que le génocide à Gaza se poursuit avec toujours plus de violences et de massacres, nous devons plus que jamais faire front face à la criminalisation de la solidarité avec la Palestine. Cette politique est partie intégrante de la radicalisation autoritaire du gouvernement français qui touche de nombreux secteurs de la société et s’exprime également à travers plusieurs réformes réactionnaires, notamment la loi immigration ou celle sur le « séparatisme ». L’ensemble de ces attaques concerne toutes les personnes et les organisations attachées aux libertés fondamentales et nous devons y répondre collectivement !