Mercredi 17 avril, des centaines de personnes se sont rassemblées à Toulouse pour réaffirmer leur ferme volonté de dénoncer le génocide en cours à Gaza, mais aussi pour exiger la libération des 9 500 hommes, femmes et enfants détenus dans les geôles sionistes. À l’initiative de cette manifestation au départ du quartier de Bagatelle, une membre du Comité de soutien à la Palestine a lu la déclaration cosignée par de nombreuses organisations soulignant leur engagement collectif en faveur des prisonniers palestiniens.

Cette date de manifestation n’était pas choisie au hasard. Comme chaque année depuis 1974, le 17 avril célèbre la Journée des prisonniers palestiniens pour honorer les milliers de Palestiniens détenus dans les prisons de l’occupation israélienne et pour soutenir leur droit légitime à la liberté. Cette année, trois groupes de défense des droits des prisonniers palestiniens en Palestine soulignent que « la date du 7 octobre [2023] a marqué un tournant important qui a imposé des transformations radicales sur la réalité des prisonniers et des détenus dans les prisons d’occupation israéliennes. Cela s’est traduit dans toutes les dimensions liées à cette question, à la lumière de l’agression globale contre notre peuple et leurs détenus, et du génocide en cours contre notre peuple à Gaza pendant plus de six mois consécutifs. […] Aujourd’hui, le nombre de prisonniers dans les prisons d’occupation israéliennes dépasse 9 500 détenus. Ce chiffre n’inclut pas tous les détenus de Gaza qui sont victimes de disparition forcée ». Parmi ces milliers de personnes, au moins 80 femmes et 200 mineurs ainsi que 3 660 personnes sous le régime de la détention administrative, un emprisonnement sans inculpation ni jugement.

Après les slogans de solidarité avec le peuple palestinien scandés par la foule, un membre du Collectif Palestine Vaincra a pris la parole pour lire l’intervention de Georges Abdallah écrite pour cette occasion. Communiste libanais emprisonné en France depuis 1984, il souligne dans un texte puissant que « les milliers de prisonnières et de prisonniers embastillés depuis tant d’années, pour certains depuis plusieurs décennies, incarnent aujourd’hui plus que jamais la résistance du peuple palestinien dans la pluralité de ses expressions. Et ce gouvernement sioniste, plus que tout autre auparavant, ne peut qu’intensifier la répression et tenter d’élargir toujours plus le champ de destruction de tout ce qui est Palestinien et plus particulièrement de tous ceux et celles qui agrègent la volonté collective de résistance globale. C’est pourquoi, entre autres, la solidarité internationale est appelée plus que jamais à tenir compte de cette réalité. » Par ailleurs, il a tenu à rendre hommage au révolutionnaire palestinien Walid Daqqah qui a été assassiné le 7 avril dernier suite à une politique de négligence médicale et 38 ans d’emprisonnement dans les prisons coloniales. Depuis 1967, 252 prisonniers palestiniens sont morts dans les geôles sionistes, dont 16 depuis le 7 octobre 2023.

À la suite de cette intervention, la manifestation s’est élancée derrière une banderole « Liberté pour tous les prisonniers palestiniens » tout en arborant de nombreux drapeaux et pancartes de solidarité. Parmi les nombreux slogans, la foule a lié le soutien au peuple palestinien avec la nécessité de dénoncer la complicité du gouvernement et des entreprises françaises avec la colonisation, l’occupation et l’apartheid en Palestine occupée.

Sur le parcours, des affiches apparaissent sur les murs affirmant « Stop Arming Israel » ou exigeant la libération de prisonniers tels que Marwan Barghouti, Ahmad Sa’adat ou encore Georges Abdallah. Au passage devant un magasin Carrefour, la foule chante des appels au boycott tandis que des affiches sont visibles sur la vitrine arguant « Israël assassin – Carrefour complice » suite au soutien de la multinationale française à l’opération génocidaire en cours à Gaza. Au passage de la manifestation, plusieurs habitants déploient drapeaux et keffieh sur leur balcon pour témoigner de leur soutien à cette initiative.

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Parallèlement, plusieurs personnes distribuaient un tract commun du Comité de soutien à la Palestine de Toulouse et de l’Ireland-Palestine Solidarity Campaign de Lurgan. Soucieuses de construire des liens de solidarité internationale, les deux organisations anticolonialistes ont lu une intervention simultanément dans les deux villes. Celle-ci a témoigné leur ferme volonté de se tenir aux côtés de la résistance du peuple palestinien dont les prisonniers palestiniens sont la boussole.

Lors du rassemblement du 17 avril 2024 à Lurgan en Irlande.

La manifestation s’est terminée dans le quartier Saint-Cyprien en partageant la nécessité de rappeler que les prisonniers palestiniens, comme l’ensemble de leur peuple, ne sont pas des victimes, mais des résistants à une entreprise de colonisation de peuplement. Scandant « L’Algérie a vaincu, Palestine vaincra », les manifestants se sont engagés à soutenir cette perspective : la victoire contre le colonialisme. 

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