Depuis plusieurs années, le Collectif Palestine Vaincra mène une campagne contre le jumelage de Toulouse avec Tel Aviv et dénonce les accords de coopération avec les institutions d’un État colonial, raciste et d’apartheid qui opprime le peuple palestinien depuis 75 ans.

Le 13 mars dernier, trente organisations toulousaines ont adressé une lettre ouverte à la municipalité dirigée par Jean-Luc Moudenc afin de rappeler que ce jumelage existe depuis 1962 et que « mettre fin à cette coopération, c’est dénoncer la politique du gouvernement d’extrême droite israélien ainsi que le régime d’apartheid israélien. » En outre, nous l’invitions à suivre la voie courageuse empruntée par Barcelone qui a suspendu ses relations avec Israël et Tel Aviv.

Suite à nos différentes interpellations par courrier et par affichage public, le maire-adjoint en charge des questions internationales, Jean-Claude Dardelet, nous a adressé un courrier afin d’expliciter les positions de la mairie à ce sujet. Nous le publions intégralement afin d’y apporter plusieurs remarques et précisions.

Tout d’abord, l’élu nous rapporte que le conseil municipal de Barcelone a désavoué la maire de la ville dans son choix de suspendre son jumelage avec Tel Aviv. Mais ce qu’il omet de signaler, c’est que cette décision ne pouvant être prise que par un arrêté municipal signé par la maire (comme décidé lors de la mise en place du jumelage), la maire Ada Colau a confirmé qu’elle maintenait le décret qui suspend les relations avec Israël et donc le partenariat avec sa capitale, tant que les droits des Palestinien·nes seront bafoués.

Non sans cynisme, Monsieur Dardelet ajoute : « s’il est vrai que depuis plusieurs années, il a été constaté un mouvement contestataire contre le gouvernement d’Israël, participant à un climat particulièrement complexe, les échanges culturels que nous partageons à travers notre jumelage sont, eux, vecteurs de paix et de tolérance. C’est à ceux-là que nous nous associons et attachons. » De quoi parle-t-il ? Le seul « climat complexe » que connait le peuple palestinien est l’instauration d’une colonisation de peuplement depuis 75 ans permise grâce à un nettoyage ethnique qui a provoqué l’expulsion de près de 800 000 Palestinien·nes durant ce que l’on appelle la Nakba (la catastrophe) en 1947-1948. Le « mouvement contestataire » qui en découle n’est rien d’autres qu’une lutte anticolonialiste, comme nous en avons connu et en connaissons de nombreuses à travers la planète.

Il souligne ensuite que les « échanges culturels » seraient « vecteurs de paix et de tolérance ». Depuis l’instauration du jumelage en 1962, Israël a occupé la Cisjordanie, Gaza, le Liban, le Golan syrien et le Sinaï égyptien. Elle a également perpétré de nombreux crimes de guerre et massacres contre des populations civiles, en particulier lors des nombreuses offensives à Gaza, qui ont été documentés par de nombreuses organisations internationales. Quelles réactions et quelles condamnations de la part de la ville ? Aucune. Pourtant, elle a pris des positions explicites dans d’autres conflits ou guerres, comme récemment vis-à-vis de l’agression russe en Ukraine.

Aujourd’hui, la situation s’est encore détériorée avec l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement israélien d’extrême droite composé d’éléments ouvertement fascistes. Face à cette situation, la mairie de Toulouse n’a fait que normaliser et entretenir des relations avec un État criminel et ses représentant·es. Dans leur soi-disant volonté d’être « vecteur de paix et de tolérance », le bilan est sans appel : c’est un échec retentissant.

L’adjoint au maire poursuit son argumentaire avec une esquive en invoquant le partenariat avec Ramallah. Rappelons une nouvelle fois que la situation en Palestine résulte d’un rapport entre un dominant et un dominé, un colonisateur et un colonisé. Il ne s’agit en aucun cas d’un « conflit » et encore moins d’une guerre symétrique. Par ailleurs, force est de constater que cet accord de coopération (et non jumelage) est au point mort et sert avant tout de vernis à une politique municipale qui s’inscrit ouvertement du côté de l’oppresseur israélien. Le maire Jean-Luc Moudenc a multiplié les prises de position de soutien aux gouvernements israéliens allant même jusqu’à signer une tribune pour condamner le rapport d’Amnesty International sur l’apartheid israélien.

À travers ce courrier, cette nouvelle déclaration en faveur du jumelage avec Tel Aviv ne nous surprend pas de la part de cette majorité municipale de droite. Pour autant, force est de constater que la campagne contre ce jumelage se développe significativement. Avec les nombreuses organisations qui se sont engagées à nos côtés, nous continuerons de nous mobiliser pour exiger la fin de ce jumelage de Toulouse avec Tel Aviv et pour soutenir le peuple palestinien et son droit légitime à la résistance contre le colonialisme, l’occupation et l’apartheid.

 

Le Collectif Palestine Vaincra, 11 avril 2023