Jeudi 29 septembre, une cinquantaine de personnes ont assisté à la soirée-débat organisée par le Collectif Palestine Vaincra à la Maison de Quartier de Bagatelle avec Liliana Córdova Kaczerginski, membre fondatrice du Réseau International Juif Antisioniste (IJAN). Celle-ci avait pour objectif de dénoncer l’amalgame qui est fait par les partisans de l’occupation israélienne entre antisionisme et antisémitisme.

Un membre du Collectif Palestine Vaincra a introduit la rencontre en rappelant que l’engagement de notre collectif en soutien à la résistance palestinienne contre l’une des dernières colonisations de peuplement de la planète est un engagement fondamentalement anticolonialiste et antiraciste. Dans ce sens, il a rappelé l’importance de dénoncer les antisémites qui instrumentalisent l’antisionisme pour tenter de masquer leur racisme, tout comme de combattre la stratégie politicienne utilisée par les soutiens d’Israël, comme Emmanuel Macron et Jean-Luc Moudenc, qui assimile l’antisionisme à de l’antisémitisme. Un amalgame abject qui a notamment été utilisé pour justifier la dissolution de notre collectif, décision qui a été suspendue par le Conseil d’Etat.

La soirée s’est poursuivie par une discussion avec Liliana Córdova Kaczerginski sur son parcours et le sens de son engagement juif antisioniste. Fille de survivants lituaniens du génocide nazi, elle a grandi en Argentine puis a vécu en Palestine occupée durant plusieurs années. C’est en voyant la réalité de l’occupation sioniste de la Palestine que celle-ci s’est engagée en soutien au peuple palestinien, pour ses droits nationaux et sociaux.

Ensuite, elle est intervenue pour rappeler l’histoire et les spécificités de l’antisémitisme en Europe et la naissance du sionisme au XIXᵉ siècle comme une idéologie héritière des nationalismes européens. Elle a longuement dénoncé les stratégies des partisans d’Israël d’instrumentaliser l’antisémitisme et la mémoire du génocide des juifs par les nazis pour faire taire toute contestation du projet sioniste et de sa politique de colonisation, de nettoyage ethnique et d’apartheid contre le peuple palestinien. Un des derniers exemples de cette stratégie est l’enjeu autour de l’adoption de la définition de l’antisémitisme de l’IHRA qui assimile dans ses exemples l’antisionisme à de l’antisémitisme. Une définition adoptée par l’Assemblée Nationale ou les villes de Paris et de Nice, mais également rejetée par de nombreuses institutions comme la ville de Strasbourg.

Liliana Córdova Kaczerginski a prolongé l’échange en soulignant l’importance de la fondation du Réseau International Juif Antisioniste – IJAN comme réponse à celles et ceux qui entretiennent la fausse idée qu’associer « juif » et « antisioniste » serait un oxymore. Par ailleurs, elle a souligné que l’IJAN se revendiquait antisioniste, mais aussi comme une composante du mouvement de solidarité avec la Palestine dont l’acte fondateur a été la participation à une manifestation pour le boycott d’Israël à San Francisco en 2008.

Enfin, elle est revenue sur le fait qu’Israël était un projet colonial illégitime et qu’il était important de soutenir le peuple palestinien qui lutte pour une Palestine libre et démocratique de la mer au Jourdain. Elle a souligné que porter cette revendication n’était en rien nier le droit aux juifs d’exister et de vivre dignement en Palestine comme ailleurs mais que c’était la seule perspective internationaliste et anticolonialiste conséquente. Puis, il y a eu un échange avec la salle sur de nombreuses questions, notamment sur le rôle des kibboutz dans la propagande coloniale ou encore sur les travailleurs israéliens et leur place dans la lutte de libération nationale palestinienne. 

Merci à toutes les personnes venues à cette soirée-débat et à la Maison de Quartier de Bagatelle pour l’accueil ! Pour les personnes qui souhaitent approfondir le sujet, nous vous proposons de (re)découvrir l’entretien que nous avions réalisé avec Liliana Córdova Kaczerginski en mars 2021. Et nous vous invitons à notre prochaine soirée le 11 octobre, toujours à la Maison de Quartier, à l’occasion d’une projection du documentaire « Fedayin, le combat de Georges Abdallah ».